Magazine Le Mensuel

Nº 2927 du vendredi 13 décembre 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Elections très contestées
Le président mauritanien, Mohammad Ould Abdel-Aziz, n’a jamais caché ses dérives autoritaires. D’ailleurs, personne ne s’attendait à des élections parlementaires transparentes et démocratiques dans son pays. Pour apaiser les tensions après les nombreuses plaintes présentées contre le comité électoral, accusé d’avoir falsifié les résultats, il semble que le régime de Nouakchott ait décidé d’offrir un bouc émissaire aux opposants: le ministre du Transport Yahya Ould Haddemine. Ce dernier est accusé, ainsi que son frère, d’avoir distribué d’énormes sommes d’argent pour acheter des voix. Pire encore, ils auraient confisqué les cartes électorales de plusieurs centaines d’électeurs, pour que ces derniers ne votent pas pour le candidat rival. Cette mascarade n’a cependant pas apaisé les esprits puisque l’opposition demande l’annulation pure et simple des résultats du scrutin. 

 

Des cousins bien encombrants
Le président syrien Bachar el-Assad est confronté à un nouveau casse-tête depuis la rixe armée qui a opposé ses deux cousins Sleiman el-Assad et Ali Sakr Kheir-Beik. Les deux jeunes gens, connus pour leur train de vie extravagant, se sont tirés dessus à l’intérieur de l’Académie des sciences maritimes dans la ville portuaire de Lattaquié. Cause de la dispute: une charmante jeune étudiante que les deux cousins du président convoitent. Résultat, Ali Sakr ayant pris une balle au pied a été conduit en urgence à l’hôpital. Ces dérapages rappellent ceux d’Oday Saddam Hussein, le fils du président irakien disparu.

L’émir koweïtien intouchable
La Cour constitutionnelle koweïtienne a rejeté une demande présentée par un grand nombre d’avocats et d’activistes politiques exigeant que la Constitution du pays soit révisée pour permettre aux citoyens de critiquer l’émir. Or, la loi actuelle prévoit une peine de cinq ans de prison contre toute personne qui oserait porter atteinte à la personne de l’émir Jaber el-Ahmad el-Jaber el-Sabah. Selon les juges désignés par le souverain, cet article ne touche nullement à la liberté d’expression comme le prétendent les opposants. Pire encore, selon la cour, l’unité et la stabilité du pays seraient en danger si la protection de l’émir n’est pas assurée. Des dizaines de personnes ont donc été jetées derrière les barreaux, accusées d’avoir critiqué l’émir Jaber sur les réseaux sociaux. Dire que le petit émirat du Golfe était considéré comme une oasis de démocratie dans la région.

 

Nouri el-Maliki Premier ministre irakien, espérait obtenir lors de sa visite à Téhéran un soutien public du Guide de la révolution, Ali Khamenei, lui permettant de briguer un troisième mandat à la tête de l’Exécutif. Cause perdue, puisque l’ayatollah Khamenei s’est non seulement abstenu de lui offrir un tel soutien, mais a en plus adressé des critiques sévères à son visiteur lui conseillant plus de diplomatie et de tact dans ses relations avec ses adversaires politiques. Maliki aurait bien pu se passer de ce voyage.     

En pointillé…
Figure emblématique de l’opposition syrienne, Souhair el-Atassi avait réussi lors des premiers mois de la révolte à se présenter comme la porte-parole du clan anti-Assad. Une période de grâce qui n’a pas duré, puisque la dame en question, connue pour ses positions intransigeantes et son caractère cassant, s’est vite mis à dos un grand nombre de leaders de l’opposition. Elle a dû abandonner son poste de numéro deux de la Coalition nationale syrienne car les fonctionnaires du principal groupe d’opposition sont entrés en grève et ont exigé son départ. Fidèle à elle-même, elle a refusé de se justifier devant ses collègues, qui l’avaient accusée d’être impliquée dans un scandale financier, leur annonçant son départ via e-mail. Et pour enfoncer le clou, elle a déclaré par la suite qu’elle abandonnait la politique. Il était temps.        

Abdelmalek Selal Premier ministre algérien, a été récompensé pour sa fidélité envers le président Abdel-Aziz Bouteflika pendant qu’il suivait un long traitement médical en France, au moment où les compagnons les plus anciens du président agissaient comme si ce dernier était déjà hors jeu. Ainsi, Selal s’est vu attribuer par son patron de nouvelles responsabilités sécuritaires, faisant de lui le véritable homme fort du pays. C’est ce qui explique la décision de Bouteflika de créer un comité chargé de la sécurité de l’Etat, dirigé par le Premier ministre, auquel il a accordé tous les pouvoirs sur l’armée, les services de renseignement et la police. Des analystes à Alger en ont déduit que le président, qui brigue un quatrième mandat consécutif, jouera dans les cinq années à venir un rôle honorifique, laissant les affaires d’Etat aux mains de Selal.

Peretz en Turquie
Pour la première fois, depuis trois ans, un ministre du gouvernement israélien s’est rendu à Istanbul pour participer à une conférence internationale. Amir Peretz, actuel ministre israélien de l’Environnement et ancien ministre de la Défense pendant la guerre de 2006 contre le Liban, a tenu à adresser des messages d’amitié et de réconciliation à l’actuel gouvernement turc. Mais ce langage très diplomatique n’a pas suffi à adoucir la position du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a refusé de le rencontrer. Depuis l’attaque menée contre le navire turc Mavi Marmara par les Israéliens, en mai 2010, rien ne va plus entre Tel-Aviv et Ankara, et les excuses publiques de Benyamin Netanyahu n’ont rien fait pour arranger les relations entre les deux anciens alliés.    

Ahmadinejad ne se laisse pas faire
Depuis l’élection de Hassan Rohani à la présidence de la République islamique d’Iran, en juin 2013, pas un jour ne passe sans que des critiques sévères ne soient adressées par le camp du nouveau chef de l’Etat à l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Si ce dernier avait choisi de garder le silence, il semble avoir changé d’avis. Désormais, il promet de répondre à chaque accusation «fausse et mensongère». Dans une lettre à Rohani, il lui demande même de participer à un débat télévisé pour prouver son innocence. Selon l’ancien chef de l’Etat, ce ne sont pas des considérations personnelles qui l’ont poussé à réagir, mais plutôt son devoir religieux et patriotique. Le camp Rohani, quant à lui, a répliqué en assurant qu’il ne craignait nullement de s’engager dans un débat en direct avec Ahmadinejad, notant néanmoins qu’une telle proposition était déplacée car, selon Akbar Turkan, conseiller spécial du président, les deux hommes n’étaient pas à pied d’égalité. Des propos qui ont été très mal accueillis dans certains milieux conservateurs.       

La guerre, un suicide!
La scène politique marocaine très divisée trouve cependant un terrain d’entente: le dossier du Sahara occidental. Les leaders du parti d’opposition l’Union socialiste sont montés au créneau pour défendre la position du gouvernement sur cette question, tout en mettant en garde l’Algérie et le Front Polisario contre toute tentative de renverser la situation en utilisant la force. Mohammad Elyazghi, ancien ministre et figure importante du mouvement, a conseillé aux Sahraouis d’abandonner à jamais l’idée d’organiser un référendum. Il n’a pas mâché ses mots en considérant que le vrai adversaire de Rabat était Alger, qui se cachait derrière le Polisario, poussant la région vers un scénario catastrophe. Il a même ajouté qu’«un conflit armé entre le Maroc et l’Algérie serait suicidaire, puisqu’il mènerait à la destruction totale des deux pays». C’est la première fois qu’un dirigeant maghrébin traite de ce sujet très sensible publiquement.    

Médiation malaisienne entre le Hamas et le Fateh?
Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, a effectué une visite surprise dans la capitale malaisienne Kuala Lumpur, où il s’est entretenu avec un grand nombre de dirigeants du parti au pouvoir, dont le Premier ministre et le secrétaire général du parti Umno. Le Hamas, isolé après les différends qui l’opposent à Téhéran, au Caire et à Damas, chercherait-il un nouvel allié? C’est du moins la question posée par les observateurs, surpris de voir les islamistes palestiniens demander l’aide de la Malaisie au sujet de la réconciliation avec le Fateh, un dossier jusqu’alors tenu par les dirigeants égyptiens. Mais les rapports entre le Hamas et les nouvelles autorités au Caire sont au plus bas et le ministre de la Défense Abdel-Fattah el-Sissi ne semble nullement prêt à dialoguer.

150 millions de dollars est le coût de l’autoroute reliant la capitale soudanaise Khartoum à la ville égyptienne d’Alexandrie. S’étalant sur 362 kilomètres, elle devait permettre au Soudan d’effectuer ses échanges commerciaux avec le continent européen sans devoir passer par le canal de Suez. Mais pour des raisons politiques, le président Omar Hassan el-Bachir invente des prétextes pour ajourner, voire annuler l’inauguration du projet. Des experts au Caire ont noté que le gouvernement égyptien avait déployé tous les moyens pour que l’autoroute soit ouverte à temps, accusant le voisin du sud de refuser d’en faire de même depuis un coup d’Etat qui avait écarté du pouvoir le président Mohammad Morsi. Un développement qui a fortement déplu au régime de Bachir, connu pour son affinité avec l’organisation internationale des Frères musulmans. La grogne égyptienne est due au désir du Caire d’exporter ses produits vers les pays voisins tels le Tchad, l’Ethiopie et le Soudan du Sud par la voie de cette autoroute tant attendue, après avoir énormément investi dans ce projet.        

63 millions de dollars est le montant remboursé par les banques suisses au gouvernement tunisien sur des comptes appartenant à la famille de l’ancien président Zein el-Abidine Ben Ali. Selon les dirigeants tunisiens, cette somme ne représente qu’une goutte d’eau dans la mare, puisqu’ils estiment que la famille du président déchu et de sa femme Leila Traboulsi possèderait en réalité plusieurs milliards de dollars. D’ailleurs, Ahmad Khodr, en charge de ce dossier à Tunis, a révélé que plus de 500 millions de dollars avaient déjà été remboursés à l’Etat sur des comptes appartenant à des membres de l’ancien régime. A la surprise générale, l’ancienne régente de Carthage a présenté une plainte devant les tribunaux suisses, exigeant que le gel imposé sur ses avoirs soit levé, une demande rejetée par la justice helvétique. Leila Traboulsi devra donc se contenter du budget qui lui est attribué par les autorités saoudiennes.     

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