Magazine Le Mensuel

Nº 2950 du vendredi 23 mai 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Tripoli: après la sécurité, le social
Après l’application du plan de sécurité et la stabilisation de la ville, Tripoli a besoin de consolider sa situation sécuritaire pour prévenir toute dégradation à l’avenir, estime le ministre Achraf Rifi, cela à travers l’application de mesures à caractère social par les forces sécuritaires et militaires, le but étant de renforcer leurs relations avec les citoyens. Le général Rifi révèle l’existence de pourparlers avec un nombre de capitales arabes pour obtenir des aides financières aux habitants afin de leur assurer les besoins vitaux et leur permettre de relever les défis de la vie quotidienne. Le retour à la normale à Tripoli doit être accompagné de mesures sociales, insiste le ministre de la Justice qui écarte cependant la possibilité d’un retour en arrière. Les parties externes qui ont favorisé la décrispation ont la volonté de maintenir le calme.

 

Nominations militaires ajournées
Le général Michel Aoun s’est opposé aux nominations militaires destinées à combler les vacances au sein du Conseil militaire, révèle un ministre. Les milieux de Rabié estiment que les mandats du commandant en chef de l’armée et du chef d’état-major ne sont pas conformes à la loi, ayant été prorogés par le ministre de la Défense par décret ambulant, et non par le Conseil des ministres. Il est nécessaire, d’après le chef du Courant patriotique libre (CPL), de désigner deux nouvelles personnes à ces postes avant d’aborder le cas du Conseil militaire. Pour ne pas frustrer le général, ses alliés ont préféré ajourner les nominations jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République.

Présidentielle: sortie des faucons
Les médiateurs et amis communs du général Michel Aoun et du Dr Samir Geagea ont renoncé à leur mission, convaincus qu’elle ne mènera à aucun résultat. Ces ambassadeurs de bonne volonté tentaient d’amener les deux leaders maronites à renoncer à leur candidature laissant la voie libre à un candidat de consensus et éviter la vacance du pouvoir. Mais ils se seraient heurtés à l’entêtement du général qui estime que les médiateurs devraient lui transmettre l’appui de Maarab à sa candidature vu ses grandes chances de réussite. Les démarches ont ainsi été suspendues, l’idée au départ consistait à élire un président accepté de tous, en éloignant les faucons de cette échéance.

Plumbly à Chébaa
Le délégué permanent du secrétaire général des Nations unies au Liban, Derek Plumbly, s’est rendu à Chébaa pour y évaluer la situation sociale. Le nombre d’habitants a en fait doublé dans le village avec l’afflux continu des réfugiés syriens. Le président de la municipalité, Mohammad Saab, a remis un mémo au diplomate indiquant les besoins primaires et vitaux de la population en matière d’alimentation, de santé… Plumbly a affirmé que les organisations internationales œuvrent en faveur du Liban et de sa stabilité, la paix étant le premier des objectifs. Il a confirmé aussi que la communauté internationale cherche à remédier à la situation des réfugiés syriens et l’idée de créer des camps supervisés par l’Onu à leur intention à l’intérieur du territoire syrien pourrait se concrétiser bientôt.

 

L’après-25 mai, en cas de vacance
Les experts constitutionnels ne partagent pas une même lecture des textes constitutionnels qui régissent l’après-25 mai au cas où nul n’accède à la première magistrature. Alors que certains pensent que le Parlement perd son pouvoir législatif dans ce cas puisqu’il se transforme illico en collège électoral conformément aux clauses 74 et 75 de la Constitution, d’autres estiment que la réunion de l’Assemblée en tant que collège électoral concerne uniquement la séance consacrée au scrutin présidentiel et non l’ensemble de la période. Des députés chrétiens ont fait savoir au président Nabih Berry qu’ils boycotteront les séances législatives, et peut-être même les réunions du Conseil des ministres, dans une démarche ayant pour but d’intensifier les pressions sur les blocs parlementaires afin qu’ils accélèrent l’élection présidentielle.

Vers Doha II?
La tendance dans les coulisses serait à l’organisation d’un «Congrès de Doha II» dont le lieu et le timing n’ont pas encore été fixés. On cite notamment Paris où avait eu lieu le congrès de la Celle-Saint-Cloud, mais les milieux français écartent cette possibilité. Du côté de la Suisse, qui a accueilli par le passé les congrès de Genève et de Lausanne et invité récemment les différents leaders et partis politiques à un dialogue portant sur la décentralisation et la formule de confédération suisse, elle serait disposée à accueillir des assises interlibanaises si les Libanais la sollicitent dans ce sens, comme l’a dit l’ambassadeur de Suisse au Liban, Ruth Flint, en réponse à une question. Elle a cependant ajouté qu’aucun pays occidental ne prendra l’initiative d’une telle démarche, il faudrait que les Libanais en fassent la demande.

Les diplomates prêts à aider
Une fois passé le délai constitutionnel de la présidentielle, les diplomates occidentaux s’activeront et intensifieront les contacts avec les pôles politiques pour accélérer le processus, à l’instar de ce qui s’était passé au moment de la formation du gouvernement Salam. C’est ce que prévoit l’un d’entre eux, ajoutant qu’ils pourraient proposer une liste de noms parmi lesquels figurera le futur heureux élu. La source parle d’une liste de quatre noms à débattre, contrairement à certains milieux extérieurs qui avancent le nombre de dix. Les contacts s’intensifient autour de cette initiative qui ne devrait pas être perçue comme une ingérence dans les affaires internes du pays, mais comme une initiative de bonne volonté pour aider le Liban à régler sa crise.

Nasrallah prêchera la concorde
Le discours prévu du secrétaire général du Hezbollah, le 24 mai, veille de la commémoration de la libération du Sud, véhiculera, de l’avis des milieux du 14 mars, des positions en harmonie avec le climat de détente à l’intérieur et à l’extérieur, et avec le rapprochement irano-saoudien. Les mêmes sources n’excluent pas l’annonce par sayyed Hassan Nasrallah du retrait de ses combattants de Syrie, après avoir préparé la voie à ce repli dans sa dernière allocution quand il a déclaré que le régime syrien se maintiendra ayant franchi l’étape la plus difficile. Par conséquent, le régime n’étant plus menacé, il n’aurait plus besoin d’aide.

 

Les Ikhwan du Liban avancent leurs pions
A quelques mois de l’élection d’un nouveau mufti de la République, les Frères musulmans du Liban (représentés par la Jamaa islamia dirigée par Ibrahim Masri) ont réussi à étendre leur emprise sur le Comité des ulémas musulmans en élisant le cheikh Malek Jadida, directeur du cercle des Awkaf du Akkar, à la tête du comité. Ce développement d’ordre structurel, comme le dévoile un militant islamiste, signifie le recul au sein du comité de l’influence des salafistes wahhabites à l’instar de Salem Rafeï, Hassan Katergi et Adnan Imama, qui ont dirigé le comité de façon alternative et mené des actions jihadistes contre les «hérétiques» (!) jusqu’à la chute du Qalamoun, du crack des Chevaliers et de Homs aux mains de l’armée syrienne. Mais les deux mouvements (Ikhwan et salafistes) sont sous la tutelle du Qatar et du gouvernement turc de Recep Tayyip Erdogan, tout en ayant des lignes arrière avec l’Arabie saoudite qui aspire à assimiler certains courants des Ikhwan au Liban, en Jordanie et dans le Maghreb arabe. Le Comité des ulémas veut jouer le rôle de grand électeur sunnite dans les élections de Dar el-Fatwa, prévues en septembre d’après de sérieux indices fournis par le président Saad Hariri et le mufti Mohammad Rachid Kabbani.

L’opposition syrienne coopère avec Israël
Des informations, véhiculées par un rapport diplomatique non arabe, révèlent que la violation de la souveraineté libanaise dans la région frontalière sud-est, notamment dans la région de Chébaa, est le résultat de la coordination militaro-sécuritaire entre les forces de la «Coalition nationale des forces de l’opposition syrienne» et Tsahal, dans le Golan occupé. Dans le cadre des tentatives menées par Tel-Aviv pour installer une bande frontalière israélienne dans l’espace Undof (United Nation Disengagement Observer Force) lié au triangle frontalier avec le Liban et la Syrie, Mandi Safadi, le conseiller du Premier ministre Benyamin Netanyahu pour les affaires de l’opposition syrienne, a rencontré des personnalités syriennes et libanaises dans des capitales européennes et arabes au cours des mois passés. Le rapport dévoile, par ailleurs, que le druze israélien Safadi prépare la visite à Tel-Aviv du porte-parole de la coalition de l’opposition, Kamal Labouani, visite qui sera couronnée par deux annonces: la garantie de la sécurité d’Israël dans la bande programmée et dans les régions alentours. Deuxièmement, l’extension de la coopération entre l’opposition syrienne et Israël à l’intérieur des territoires syrien et libanais. Il faut rappeler que les Renseignements de l’armée ont saboté les tentatives d’infiltration au Liban d’éléments fidèles à Labouani, avant qu’ils ne se replient sur l’espace contrôlé par l’Undof.

Violations israéliennes: quel objectif?
Les violations israéliennes ininterrompues à la frontière libanaise pourraient torpiller le calme qui règne sur le front du Sud. Une source parlementaire souligne que l’armée israélienne continue de violer la souveraineté nationale en des points sensibles qui touchent les intérêts vitaux libanais, portant atteinte aux lignes frontalières terrestres, et maritimes, ainsi qu’aux ressources énergétiques. Sans oublier les actes d’espionnage aérien, cybernétique, photographique… Citant des experts militaires, elle poursuit que le nombre cumulatif d’agressions sur le Liban sur le long et le moyen termes pourrait avoir des retombées stratégiques négatives sur l’Etat libanais. Le commandement de la Finul, comme le rapporte cette source, pourrait être de connivence rythmique avec ces agressions dans le cadre d’une évaluation israélo – atlantique des capacités du Hezbollah -après la participation du parti aux combats en Syrie – et de ses aptitudes militaires sur le front avec Israël. Si le président Nabih Berry, conclut la source, s’est abstenu de recevoir le général Paolo Sierra, commandant de la Finul, c’est bien parce qu’il doute de l’existence d’une telle connivence.

Le bazar du dialogue libano-palestinien
L’intégration au bazar local de la commission du dialogue libano-palestinien, a affaibli son rôle auprès des réfugiés depuis qu’elle est paralysée, incapable de trouver des solutions. Les Palestiniens du Liban estiment même qu’elle est inutile. L’action de la commission est dépendante du Moustaqbal à qui elle doit référer, comme l’avait dit l’ex-président Fouad Siniora qui a demandé à certaines instances palestiniennes de comprendre les contraintes du courant qui doit ménager les appréhensions de certains de ses alliés au chapitre des problèmes vitaux et juridiques des habitants des camps. Les milieux qui suivent ce dossier révèlent que la Commission était dans un état d’impotence totale durant l’étape précédente, en raison des excellentes relations qui liaient le Moustaqbal aux Frères musulmans du Hamas. Après la naissance du gouvernement Salam, c’est l’ex-ministre Hassan Mneimné (pro Hariri) qui s’est retrouvé à la tête de cette commission. Le statu quo est demeuré le même, parce que ce dernier n’a pas la possibilité d’exécuter un quelconque projet sans consulter sa haute autorité de référence. La commission de dialogue libano-palestinien est un comité gouvernemental consultatif regroupant des représentants de plusieurs ministères dont la Justice, les Affaires étrangères, l’Intérieur et la Défense, qui a pour mission d’appliquer la politique gouvernementale relative aux Palestiniens et de coordonner l’action du gouvernement avec l’Unrwa, l’OLP et des organisations locales et internationales.

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