Magazine Le Mensuel

Nº 2977 du vendredi 28 novembre 2014

Musique

La pizzica. La musique qui guérit

Sous le patronage et en présence de l’ambassadeur d’Italie, Giuseppe Morabito, le groupe Sule, qui s’est déjà produit partout au monde, a présenté, pour la troisième année consécutive au Liban, un concert de pizzica, musique particulière du sud de l’Italie, à l’Unesco, le vendredi 21 novembre. Review.
 

C’est avec un «Ahlan wa sahlan» que Giuseppe Morabito a accueilli les présents, déclarant que ce concert est un témoignage d’amour et d’amitié envers le Liban. «Nous avons le désir de célébrer avec vous les valeurs de dialogue, de pluralisme et la preuve que différentes communautés peuvent vivre ensemble en parfaite harmonie».
La pizzica est une danse et une musique traditionnelles qui nous viennent du Salento, une région située dans Les Pouilles, dans le sud de l’Italie. Dérivée de la tarentelle, la pizzica est née pour guérir. Elle est directement liée au tarentisme, un rituel de guérison mêlant danse, musique, transe, possession et dévotion. Ce rituel était censé guérir les personnes, des femmes pour la plupart, qui avaient été piquées par la tarentule, une araignée très répandue dans la région. Les victimes étaient alors frappées d’hystérie, secouées de convulsions ou, au contraire, plongées dans une profonde léthargie.
Pour se libérer de l’emprise de l’araignée qui vivait en elle, la tarantata n’avait d’autre choix que de danser jusqu’à épuisement sur le rythme effréné de la pizzica, exécutée par des chanteurs à la voix nasillarde et haut perchée et des joueurs de tambourins, de violons et d’accordéons. La croyance voulait que, pendant que se consumait la propre énergie dans la danse, la tarentule, elle aussi, se consumait et souffrait jusqu’à être anéantie. Cependant, dans le rite d’exorcisme, d’autres musiques au rythme lent et à la mélodie mélancolique étaient employées. Le malade s’abandonne à des convulsions et adopte des postures particulières, dans lesquelles il s’isole de l’environnement et peut adopter des attitudes avec lesquelles il s’identifie avec la tarentule elle-même. Le rituel finit quand le tarentulé piétine symboliquement la tarentule pour souligner la guérison de sa maladie.
Pendant deux heures, le groupe Sule, comprendre le soleil qui représente parfaitement le sud de l’Italie selon le chanteur, a emporté les présents tantôt sur des rythmes langoureux tantôt endiablés, ponctués de la fameuse danse, exécutée avec un grand talent. Un décor sobre, une lumière faible, toute l’attention repose sur la voix des chanteurs et les instruments qu’ils manient à merveille. A un moment, ils partagent même la scène avec le talentueux joueur de «derbaké» libanais, Rony Barrak. Un moment de pur plaisir où les sons de la derbaké s’allient à la musique des tambourins utilisés dans la pizzica.
Entraînant toute la salle par leurs rythmes endiablés, les présents, à leur tête l’ambassadeur Giuseppe Morabito et son épouse Sheeba, auxquels s’est joint l’ambassadeur de l’Union européenne, Angelina Eichhorst, n’ont pas hésité à quitter leurs sièges pour danser sur les notes de la pizzica.

Joëlle Seif 

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