Magazine Le Mensuel

Nº 2978 du vendredi 5 décembre 2014

Livre

Le chant des possibles de Marc-Alexandre OhoBambe. L’envie d’être

«J’écris de la poésie comme d’autres plantent des arbres, comme d’autres tentent l’impossible, comme d’autres chantent les possibles, comme d’autres vivent afin que l’humain rallume enfin la lumière de ce siècle obscur en souvenir du futur», écrit Marc-Alexandre OhoBambe, de son nom de plume Capitaine Alexandre. Qui est ce capitaine et que chante-t-il ?

Chanter le possible. Cela est plausible. Le chant des possibles, ce livre «live» mis en musique, en images et en vidéos, n’est pas uniquement un projet artistique, mais aussi un projet «citoyen». Les ateliers, inspirés de ce livre et animés dans les établissements scolaires par le Capitaine Alexandre, servent à faire comprendre aux jeunes qu’il faut qu’ils croient en eux. «Ecoute toujours la prose de ton âme et fais ton chemin», écrit l’auteur. «Je cherche toujours à transmettre aux jeunes une foi que j’ai en l’avenir et en l’homme malgré toutes les horreurs et atrocités du monde qui nous entoure», affirme le capitaine. Selon lui, ne pas baisser les bras et aller toujours à la recherche de ce chemin de beauté permet de résister aux tragédies humaines. Prendre le temps de ralentir le cours de la vie, de se poser les bonnes questions, de plonger en soi et de découvrir qui on a vraiment envie d’être, des initiatives possibles grâce à la poésie.
 

Qui est Marc-Alexandre OhoBambe?
«Mon nom Capitaine Alexandre est un hommage à un poète qui m’a beaucoup inspiré: René Char. Lorsqu’il est entré dans la Résistance, lorsqu’il a déposé sa plume pour prendre les armes, son nom de guerre, qui est aujourd’hui mon nom de plume, a été Capitaine Alexandre». C’est une phrase de René Char qui accompagne jusqu’aujourd’hui l’auteur du Chant des possibles depuis l’âge de quinze ans: «Tu es pressé d’écrire comme si tu étais en retard sur la vie. S’il en est ainsi, fais cortège à tes sources. A toi de transmettre ta part de merveilleux, de rébellion et de bienfaisance». Des phrases qui s’impriment en nous, qui nous marquent à vie. C’est de là qu’on essaie de vivre en étant à la hauteur d’une phrase qu’on a trouvé forte, belle et nourricière d’espoir. «La phrase de René Char a pris pour moi tout son sens au fil des années. Entre l’adolescent que j’étais et qui avais vu dans cette phrase une force incroyable et l’adulte que je suis presque devenu, quelques années se sont écoulées avec des épreuves, des tragédies personnelles, et ce n’est que de cette phrase que j’ai puisé ma force». Les «trésors de dignité» desquels la citation de Char est nourrie font en sorte, qu’à un moment donné, on se rend compte que la poésie ne sert pas uniquement à rendre beau, mais aussi à renforcer les esprits. «Endurcis-toi, mais jamais ne perds la tendresse», disait Che Guevara. C’est en effet grâce à ces «professeurs d’espérance», comme les qualifie le Capitaine Alexandre, que celui-ci réussit à transmettre encore et toujours sa part de merveilleux, de rébellion et de bienfaisance. Même si parfois agressé par la vulgarité du monde, Marc-Alexandre OhoBambe continue à s’accrocher à la poésie et à l’amour, deux «instances» qui élèvent l’âme. Révolutionnaire sans frontières, le Capitaine Alexandre croit en ce vers de Paul Eluard: «Liberté, j’écris ton nom».

Natasha Metni
 

Résister par les armes miraculeuses de la poésie
«Créer, créer, sans cesse créer. C’est le seul moyen d’interpeller l’avenir», déclare le Capitaine Alexandre. «Il ne faut pas se laisser imposer la vulgarité du monde, les guerres et les violences. Il ne faut pas laisser le monde aux gens cyniques et le devenir aussi sous prétexte qu’on n’a pas le choix», ajoute-t-il. Selon lui, on se sauve les uns les autres de l’absurdité du monde grâce à la poésie. Nous sommes tous, de son point de vue, exactement les mêmes. Nous avons tous les mêmes rêves et nos différences s’effacent devant ce que nous avons de commun et d’essentiel dans la vie, à savoir nos désirs, nos espoirs, nos déceptions, nos luttes. «L’humanité partage en effet ces utopies qui peuvent devenir réalités pour peu qu’on prenne le temps d’essayer de les construire et de les fabriquer. Les utopies deviennent dès lors possibles du moment où la poésie est considérée comme un moment d’humanité partagé», pense l’auteur du Chant des possibles. «Vivre, vivre libre, vivre ivre, habiter le monde et notre imaginaire du monde», écrit-il dans son œuvre faisant de la résistance poétique un refus des frontières que nous impose le monde.

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