Magazine Le Mensuel

Nº 2981 du vendredi 26 décembre 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Bogdanov, le facteur
L’objectif principal de la visite au Liban de l’émissaire personnel du président russe, Mikhaïl Bogdanov, était sa réunion avec le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah… Quant aux autres rencontres, elles étaient plutôt d’ordre protocolaire ou informatif, sans plus. Des sources bien introduites croient savoir que Bogdanov était chargé de transmettre un message de la plus haute importance du président Vladimir Poutine au chef du parti chiite.

 

Non à la mohafaza chrétienne!
Face aux réserves émises par le ministère de l’Intérieur sur la mise sur pied d’une mohafaza réunissant Jbeil et le Kesrouan, sous prétexte de l’inexistence d’une variété démographique dans cette région, les députés et les chefs des conseils municipaux des deux régions ont tenu à rappeler que celles-ci abritent un éventail de communautés dont un grand nombre de chiites et un petit nombre de sunnites. Est-ce qu’il existe une pluralité communautaire plus importante à Nabatié devenue une mohafaza? se sont-ils interrogés. Le député Samir Jisr avait enregistré une réserve de principe sur ce projet dans le cadre de la Commission de l’Administration et de la Justice.

Le découpage selon Joumblatt
Entre le projet de loi électorale présenté par les Forces libanaises, le Moustaqbal et le Parti socialiste progressiste et celui proposé par le président Nabih Berry, la divergence porte sur le découpage du Mont-Liban. Le premier projet regroupe le Chouf et Aley dans une seule circonscription et relie Baabda au Metn, Kesrouan et Jbeil, alors que le deuxième rattache Baabda au Chouf et à Aley. En fait, le député Walid Joumblatt souhaite que la région du Chouf-Aley soit indépendante de Baabda où des bulletins maronites et chiites viendraient s’ajouter à la minorité druze existante. Mais il n’est pas impossible de trouver une issue à cette équation, comme le dit le député Georges Adwan, «parce que tout le monde tient à la représentation des druzes au Parlement».

Vers un dialogue national?
Le dialogue Hezbollah-Moustaqbal − s’il enregistre une réelle avancée − ne restera pas bilatéral, mais englobera d’autres parties essentiellement chrétiennes, surtout si la clause relative à la présidentielle fait un bond en avant, d’après des sources proches du président Nabih Berry. Les deux partis chiite et sunnite n’étant pas disposés à prendre des décisions à la place des chrétiens qui sont les premiers concernés par cette échéance. Le dialogue, qui débutera à deux, deviendra sans doute global si toutes les réserves sont aplanies. L’existence d’autres échanges marginaux entre le Hezbollah et les Kataëb, entre Amal et les FL, entre le Parti socialiste progressiste et le Hezbollah constitue autant de facteurs favorables à l’élargissement du dialogue au niveau national, à condition toutefois que les pourparlers Hezbollah-Moustaqbal aboutissent à un minimum de résultats positifs.

Les nouveaux horizons des Kataëb
Satisfecit des Kataëb après la visite du président Amine Gemayel au Sud. La tournée a atteint ses objectifs, à savoir l’ouverture de nouveaux horizons politiques devant le parti. A cette occasion, l’ex-président a fait parvenir un message équilibré et bien étudié au Hezbollah, et adressé des compliments clairs au président Nabih Berry et à Walid Bey. Côté messages, Gemayel aura fait d’une pierre trois coups. Il a annoncé à ses alliés du 14 mars qu’il donnait le coup d’envoi à son repositionnement au centre à la manière de Walid Joumblatt. Il a démontré au général Michel Aoun qu’il peut être le président consensuel recherché, et prouvé au Dr Samir Geagea qu’il était capable de construire d’excellentes relations avec Nabih Berry.

Otages: désaccord Joumblatt-Berry
Points de vue divergents entre le président Nabih Berry et le député Walid Joumblatt au sujet de l’approche à adopter dans le dossier des militaires retenus en otages. Les milieux proches du chef de l’Assemblée pensent que le comportement du député du Chouf, qui reçoit les familles des militaires et qui a confié les négociations avec les ravisseurs au ministre Waël Abou Faour, est inefficace, il faudrait plutôt faire preuve de fermeté et traiter avec les groupes terroristes en usant des éléments de force dont dispose l’Etat au lieu de se plier à leurs conditions en libérant des criminels radicaux dont l’arrestation avait nécessité efforts et sacrifices. La réalité est que ni Walid Joumblatt ni aucune autre partie ne peuvent obtenir de concessions des terroristes installés dans le jurd de Ersal et qui détiennent l’outil de chantage le plus précieux, mais les cartes que l’Etat a en main, aujourd’hui, ont affaibli les éléments armés qui sont désormais contraints de réviser leurs comptes avant de procéder à la liquidation d’un des otages.

Entrevue prolongée
L’entrevue prolongée, à Riyad, entre Saad Hariri et Samir Geagea s’est déroulée dans un climat plus chaleureux que celui des précédentes rencontres parisienne ou saoudienne… Les développements des deux derniers mois ont consolidé la confiance entre les deux courants. Les Forces libanaises ont démontré à Hariri leur capacité à prendre des décisions difficiles lorsqu’elles ont assuré une couverture chrétienne à la prorogation du mandat parlementaire. Hariri a maintenu son engagement en faveur de la candidature de Geagea jusqu’à la conclusion d’un accord sur un président consensuel.
La question de la présidence a figuré au centre des pourparlers Hariri-Geagea, mais ce n’était pas la seule. Egalement au menu: le dialogue Futur/Hezb sur lequel le chef des FL a obtenu des éclaircissements après avoir formulé quelques réserves, le dossier de la sécurité et du soutien à l’armée et, la crise au 14 mars réduit au tandem Moustaqbal/FL.

Présidentielle: valse diplomatique stérile
«Pas de changement à l’horizon national et international susceptible d’aboutir à l’élection d’un chef d’Etat dans les semaines à venir, constate un responsable du Moustaqbal. La réalité, c’est que nous avons mis nos espoirs dans la récente valse diplomatique entreprise en faveur du Liban, mais nous n’avons récolté que de bonnes intentions, des vœux de préservation de la stabilité et des conseils pour une entente interlibanaise». Un ex-ministre du 8 mars indique que l’émissaire français, Jean-François Girault, n’était porteur d’aucune initiative concrète, bien qu’il ait essayé de soutirer à ses interlocuteurs libanais un nom à la promotion duquel on pourrait œuvrer auprès des différentes composantes politiques. Quant à l’émissaire russe, Mikhaïl Bogdanov, il s’est contenté d’encourager les leaders libanais à régler la crise présidentielle au niveau interne.

 

Mouïn Merhebi, symbole de l’extrémisme
Le député Mouïn Merhebi est devenu une sorte de symbole de l’extrémisme dans le Akkar, selon des sources locales. Le Conseil pour le développement et la reconstruction (CDR) avait invité, le 20 décembre, quelques notables de la région à un atelier de travail au siège de la municipalité de Halba, pour annoncer un «plan stratégique pour le développement durable» applicable à l’ensemble de la région. Merhebi, invité à ces assises comme les autres députés, a pris contact avec le président du conseil, Nabil Jisr, pour lui proposer d’ajourner l’atelier parce que «les circonstances sont peu propices». D’après les sources, malgré les contacts politiques entrepris par Jisr, le député Merhebi est resté sur ses positions, allant jusqu’à menacer le président du CDR d’organiser des protestations populaires devant le siège de la municipalité au cas où l’atelier n’était pas annulé… Ainsi, la représentante du conseil dans la région a fini par appeler les invités pour s’excuser et leur faire part de l’annulation de l’événement.

L’espion qui venait du Hezbollah
Le brouhaha médiatique, déclenché par la détection de l’espion israélien, Mohammad Chaouraba, au sein du Hezbollah ne s’est pas calmé. D’après les sources, l’homme était un cadre du parti, originaire du village chiite de Mahrouné près de Tyr, elles n’ont cependant pas spécifié la date du début de sa collaboration avec le Mossad, mais il semble que cet engagement remonte à des années, d’autant plus qu’il est accusé d’avoir livré les informations qui ont mené à l’arrestation du Libanais Mohammad Hamdar au Pérou, en octobre passé. L’agent serait aussi à l’origine de l’arrestation de Hussein Atris et d’un certain James Sami Pablo en Thaïlande en 2012. Des sites israéliens ont propagé des infos sur des Libanais appréhendés en Thaïlande, cette année, comme Youssef Ayad, Daoud Farhat et Bilal Bahsoun qu’ils ont accusés d’être des membres de l’unité 910 du Hezbollah qui, selon les rumeurs israéliennes, est chargée d’exécuter des opérations contre les intérêts de Tel-Aviv dans le monde. Chaouraba, alias Haytham, aurait reçu des montants astronomiques pour ses services. L’homme représentait une menace sécuritaire grave pour le Hezbollah.

Le projet de Wakim bat de l’aile
La rencontre organisée par l’ex-député Najah Wakim au syndicat de la presse sous l’appellation du Congrès national de sauvetage a été critiquée par des groupes de gauche. Le congrès a été perçu par les journalistes comme une conférence de presse vu le lieu de son organisation, alors que des participants l’ont qualifiée de rencontre politique signée Wakim pour présenter son initiative contre le terrorisme. Des sources se sont interrogées sur la dimension de cette initiative et pourquoi elle n’a pas été publiée dans le cadre d’un éditorial, par exemple. Mais il paraît que ce congrès était un échec dès le départ, si l’on compte les figures absentes: l’ex-ministre Charbel Nahas, le secrétaire général du Parti communiste, Khaled Hadadé, les représentants du Parti syrien national social… Quant à Samah Edriss, membre du congrès, arrivé en retard, il s’est contenté de rester au fond de la salle sans intervenir dans le débat. Le Congrès national de sauvetage a vu le jour en juin 2013, mais les sources de gauche font assumer son fiasco à Wakim.

L’autre guerre de Daech
La guerre des «allégeances», menée par Daech contre al-Nosra dans les montagnes du Qalamoun, pourrait s’étendre au jurd de Ersal et même au village de Ersal. D’après des informations sécuritaires qui circulent, des unités de l’Armée libre de Syrie sont contraintes de se plier sous la bannière de Daech, notamment les Turkmans du quartier Baba Amro dans la ville de Homs qui ont pris le contrôle du Qoussair sous l’appellation la brigade al-Farouk, puis se sont enfuis vers le jurd de Flita-Ersal après la chute du Qoussair entre les mains de l’armée du régime et du Hezbollah. Cette guerre de subordination aurait un impact négatif sur le Liban, parce que l’attaque de Daech contre l’Armée libre a eu lieu à l’intérieur des frontières libanaises des montagnes du Qalamoun, surtout dans la vallée de Mira et celle de Hemayed à Ersal. Ce développement sur le terrain met Daech et ses vassaux sur une ligne de démarcation face aux positions de l’armée dans les passages montagneux entre Ersal et le jurd du Qalamoun. Daech, estiment des sources, voudrait contrôler les extrémités de Ersal, cherche à s’implanter dans les vallées de Mira et de Hmayed, et à se poster à la frontière du village de Ersal et aux confins du jurd de Ras Baalbeck, pour parvenir à la colline d’al-Naamat qui surplombe le plateau de Qa’a et la région syrienne de Joussé qui constitue une porte d’entrée au Qoussair du côté sud-est.

 

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