Magazine Le Mensuel

Nº 3001 du vendredi 15 mai 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Le dialogue continue
La conjoncture sécuritaire était au cœur des débats au dernier round du dialogue de Aïn el-Tiné. Les effets des plans sécuritaires ont fait l’objet de pourparlers, de même que la nécessité de poursuivre et d’activer le dialogue pour sauvegarder la stabilité dans le pays et pour discuter en profondeur des diverses crises internes, notamment la question de la législation. La bataille du Qalamoun a occupé également une place de choix dans les délibérations. La délégation du Moustaqbal a voulu avoir des renseignements précis sur le sujet, sur la véracité des infos publiées dans la presse et sur les conséquences d’une telle bataille sur le Liban.

 

Entre Kabbara et Machnouk
Les attaques du député Mohammad Kabbara contre le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk sont inacceptables, non seulement parce qu’elles ont été prononcées sur le ton de l’escalade dès le début, mais parce qu’elles comportent de graves accusations qui devraient empêcher la cohabitation des deux hommes au sein d’un même bloc. Parce que si Machnouk applique réellement la politique iranienne, explique ses proches, cela signifie qu’il a quitté le Moustaqbal, si tel n’est pas le cas, c’est que Kabbara a été trop loin dans ses accusations. Si les réactions de solidarité avec Machnouk ont été timides, c’est pour absorber la crise, pour éviter son exploitation par ceux qui veulent diviser le Moustaqbal en deux tendances: les colombes et les faucons. La campagne de Kabbara avait suscité la fureur du ministre Machnouk qui a insisté auprès de Saad Hariri et Fouad Siniora sur la nécessité de répondre au député. Les choses se sont tassées pour le moment, mais certains ministres et députés du bloc de Hariri étaient ravis de la campagne anti-Machnouk, parce que ce dernier les a dépassés pour atteindre rapidement le cercle des «decision makers» au sein du Moustaqbal.


Les liaisons dangereuses de Rifi
Le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a révélé avoir récemment rencontré à Istanbul le Dr Khaled Khoja, chef de la Coalition nationale des forces de la révolution et de l’opposition syriennes, pour solliciter son aide en faveur de la libération des otages militaires et la protection du Liban contre les retombées de la guerre imminente dans le Qalamoun. «J’ai dit au Dr Khoja qu’il nous faut construire ensemble l’après-Assad. Cela passe par la libération inconditionnelle des soldats libanais dans les plus brefs délais et par une aide pour empêcher tout heurt militaire à la frontière libano-syrienne. Nous devons bâtir des relations basées sur le respect mutuel entre deux pays souverains».
Le Dr Khoja a semblé fort coopératif et assuré qu’il partageait avec Rifi une même vision des relations bilatérales. Le leader de la coalition a par ailleurs condamné l’intervention du Hezbollah en Syrie la qualifiant «d’erreur stratégique» sans en faire assumer la responsabilité au Liban ou aux Libanais, mais au seul parti chiite.

Deux témoignages à retenir
Deux témoignages devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) ont interpelé les Libanais: ceux du président Fouad Siniora et du député Walid Joumblatt. Le leader druze a résumé devant le tribunal toutes les positions qu’il a adoptées au fil des ans, souhaitant visiblement régler ses comptes avec le régime Assad.
Si Joumblatt a été fort agressif vis-à-vis du régime syrien, il a veillé à tenir un autre langage à l’égard du Hezbollah qu’il a distingué des autres milices qui ont dû rendre leurs armes. Il a même qualifié la libération du Sud en 2000 de «grande réalisation». Ainsi, le zaïm du Chouf a voulu ménager le parti chiite le gardant à l’abri de toute accusation ou insinuation.

Soutien de Berry à la bataille
On rapporte que le président Nabih Berry est solidaire du Hezbollah dans sa bataille dans le Qalamoun. Le chef de l’Assemblée considère que les combattants syriens évoluent en territoire libanais et «contrôlent des superficies allant jusqu’à 600 km2 dans le jurd de Ersal et ailleurs où ils agressent des Libanais». Il mentionne l’attaque contre les bases de l’armée dans le jurd de Ras Baalbeck et leur infiltration quotidienne dans le village de Ersal. «Tant qu’il y aura des personnes qui occupent une terre libanaise, je soutiendrai sa libération par la Résistance, malgré la différence entre l’occupation des fermes de Chebaa par Israël et les terres occupées par Daech et al-Nosra».
A ceux qui lui disent que la bataille du Qalamoun sert les intérêts syriens et peut entraîner des discordes interlibanaises puisqu’une partie des Libanais refusent cette intrusion du parti chiite dans cette guerre, Berry répond en insistant sur la nécessité d’en finir avec l’hégémonie des groupes armés syriens sur des régions libanaises: «Pour votre information, ajoute-t-il, les militaires sont retenus par des éléments armés en territoire libanais!».

Du Qalamoun à Yarzé
Des sources politiques proches du 14 mars ont lié la désignation d’un nouveau chef à la tête de l’armée à la bataille que le Hezbollah s’apprête à mener dans le Qalamoun. Le parti chiite souhaite que rien ne vienne assombrir l’atmosphère avec ses alliés à cette étape précise. C’est que le Hezbollah espère établir une coopération sérieuse avec l’armée dans le cadre de cette bataille, parce qu’il est certain qu’elle pourrait avoir des incidences sur le jurd de Ersal et Ras Baalbeck où la troupe est présente. La désignation, ou la prorogation, du mandat du commandement actuel sera donc tributaire de cette bataille dont les retombées se manifesteront du Qalamoun à Yarzé.

Aoun: occasions perdues
Le dialogue entre le Moustaqbal et le Courant patriotique libre (CPL) n’est plus aussi assidu que par le passé, d’après les milieux du 14 mars. Sans que cela veuille signifier la rupture de la communication entre les deux partis. La progression du dialogue dépend des réponses du général Michel Aoun sur une série de questions portant sur ses options en ce qui concerne le tribunal international, les armes du Hezbollah à l’intérieur et la participation de ce dernier dans la guerre en Syrie aux côtés du régime Assad. Ces milieux rapportent que Aoun, non seulement n’a pas défini ses choix, mais a été plus loin en confirmant que son alliance avec le Hezbollah était «existentielle». Plusieurs occasions se sont présentées au général pour qu’il se distingue du parti de sayyed Hassan Nasrallah, mais il n’a pas su les saisir. Ces milieux estiment que Aoun sait bien que son problème c’est qu’il est perçu et catalogué à travers son alliance avec le Hezbollah. Il sait aussi qu’on ne lui demande pas de se retourner contre le Hezb, mais plutôt de se démarquer sur certains sujets afin que les autres puissent lui faire confiance.

Aïn el-Heloué: éden des terroristes
L’émissaire du président palestinien, Azzam el-Ahmad, est arrivé à Beyrouth où il a rencontré le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, en présence de l’ambassadeur de Palestine, Achraf Dabbour. Au menu des discussions, la conjoncture dans le camp de Aïn el-Heloué où règne la tension et où des assassinats programmés sont perpétrés contre des Libanais et Palestiniens adeptes du Hezbollah et des Saraya de la Résistance.
Le général Ibrahim s’était réuni auparavant avec une délégation palestinienne (Fateh, Hamas, Jihad, Front populaire, Front démocratique) pour la mettre en garde contre les plans qui se trament pour transformer le camp en Yarmouk 2. Selon des sources informées, la région de Taamir-Taware’ est devenue un paradis pour les groupes terroristes. La force palestinienne commune semble ne pas être disposée à agir pour y pénétrer afin d’arrêter les repris de justice. Si la situation demeure telle quelle, l’armée pourrait songer à mener une opération chirurgicale expresse en coopération avec les mouvements palestiniens, dont Fateh en particulier. Mais la partie libanaise veille à ne pas tomber dans le piège que les groupes extrémistes lui tendent.

 

Les médias se disputent les miettes
Pessimisme dans le milieu des médias, de la télévision en particulier, à cause de la dégradation qui a frappé le marché local. Les recettes financières sont en chute libre et placent les chaînes à la limite de l’effondrement, comme cela se produit en Egypte. La politique de compression budgétaire qu’elles ont adoptée frôle la faillite, et la vague de licenciements abusifs des anciens employés et la perspective de congédiement d’autres personnes ne sont pas exclusives à la LBCI. Les vents de la crise commencent à souffler sur le quotidien et la chaîne du Moustaqbal et sur Radio el-Chark. Selon les mêmes milieux, les salaires des employés de ces trois institutions n’ont pas été versés depuis quatre mois, et c’est le règne de la confusion. La direction a essayé, il y a un mois, d’assurer un montant d’un million de livres libanaises à chaque salarié, mais ce geste ne résout pas les problèmes quotidiens auxquels les familles sont confrontées. Des rumeurs circulent au sujet d’autres chaînes et médias qui font un black-out sur l’état réel de leurs finances, mais l’explosion serait proche en raison de la chute des recettes sur la globalité du marché libanais. Cette détérioration est à l’origine du conflit qui oppose les chaînes de télé aux distributeurs de câbles, celles-ci tentent d’obtenir des rentrées par leur biais.

Commémoration du massacre de Halba
Ambiance changeante pour la commémoration du massacre de Halba au Akkar, lorsque 11 partisans du Parti syrien national social (PSNS) avaient été assassinés par des hommes armés qui avaient pris d’assaut leur permanence, le 11 mai 2008. L’auteur principal du massacre, partisan du député Khaled Daher, a récemment trouvé refuge chez un député chrétien du 14 mars de la région, sollicitant sa protection. L’homme, avancent des sources, qui est de la famille Zahraman, a porté allégeance à ce député modéré proche de Saad Hariri, après avoir vu comment Daher a été expulsé du Bloc du Moustaqbal à cause de ses abus. Le député Daher, l’un des principaux provocateurs cités dans le dossier du massacre, fait désormais face à des accusations de la part d’individus qui ont porté les armes sous ses ordres, en s’impliquant dans des crimes pénaux et politiques. Aujourd’hui, ils sont réclamés par la justice et poursuivis par les familles qui veulent venger les leurs. Le PSNS avait organisé un événement politique à Halba pour commémorer le massacre qui avait eu lieu en 2008. Parmi les orateurs, l’ancien député Karim Rassi et le représentant du CPL dans la région.

Plan terroriste à Saïda
Le cheikh Maher Hammoud confirme les informations véhiculées par des rapports sécuritaires faisant état d’éventuelles agressions terroristes à Saïda, incluant des tentatives d’assassinat contre lui et la députée Bahia Hariri. Ce plan diabolique dont l’armée détient quelques fils, dit-il, a été découvert il y a environ 6 mois et il avait, semble-t-il, été mis au point par des groupes affiliés à Daech et al-Nosra qui voulaient cibler le centre de Renseignements de l’armée dans la ville et le complexe el-Zahra dans le quartier de Haret Saïda. C’est un groupe de cinq individus de Aïn el-Heloué qui était chargé d’exécuter l’opération. Ce sont ces mêmes mercenaires qui avaient assassiné deux partisans du Hezbollah dans le camp. Le cheikh Hammoud a mis en exergue le manque de coopération des mouvements palestiniens qui n’assument pas leurs responsabilités pour mettre un terme à ce phénomène. On veut bien comprendre leurs craintes d’une déstabilisation généralisée, a ajouté Hammoud, réclamant l’établissement d’une feuille de route bien étudiée dont l’application serait supervisée par des professionnels pour en finir avec le terrorisme et le danger qu’il représente sur la sécurité de Saïda.

Réfugiés: évaluations tronquées
Des juristes accusent certaines parties américaines de chercher à squeezer le Liban au double plan social et légal sur le dossier des réfugiés syriens, en publiant des évaluations sociopolitiques qui mélangent la crise des déplacés avec les problèmes de la main-d’œuvre étrangère dans le pays.
D’après ces parties, lorsque le gouvernement libanais a approuvé le «document politique relatif aux déplacés syriens au Liban», en octobre passé, il a renoncé à assurer un minimum de protection juridique aux réfugiés en refusant de garantir leur entrée au Liban, sans qu’ils soient expulsés ou arrêtés arbitrairement. Ce genre d’évaluation ne prend pas en compte les incidences socio-sécuritaires de ce dossier, celles-là mêmes qui ont poussé le ministère de l’Intérieur à poser de nouveaux critères au droit de résidence des nouveaux réfugiés, qui doivent être garantis par un Libanais qui serait responsable d’eux juridiquement et économiquement. D’après les juristes, si on compare les conditions imposées par le Liban à celles appliquées aux étrangers dans les pays de l’UE et aux Etats-Unis, on ne peut que déduire que la dénonciation des mesures prises par le Liban est tout à fait déplacée.

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