Les petits leaders de la cour de récré deviendraient des êtres en souffrance à l’âge adulte. C’est ce que révèle une étude récente menée par l’Université de Madison-Wisconsin auprès de 184 Américains entre 13 et 23 ans, dits populaires, choisis dans une même université. Les stars et terreurs que tous les camarades redoutent ne dirigeraient pas leurs congénères à l’âge adulte.
L’étude va même plus loin. 45% des petits leaders seraient plus susceptibles de tomber dans la consommation de drogue et d’alcool; leur vie amoureuse serait également loin d’être un long fleuve tranquille, selon les dires de 26% des sondés. Et cerise sur le gâteau, 22% auraient plus de chances de développer des comportements criminels. Avis aux parents: ne pas trop en demander à vos enfants orientés par leur image sociale, surtout au Liban. Comment s’expliquent de tels résultats?
Chez les jeunes, les plus populaires ne sont pas les premiers de la classe, mais plutôt les agitateurs qui amusent les autres. Le jeu de la surenchère des paroles et des actes commence. Pour avoir l’air «cool» et tenir leurs places, ces ados sont capables de faire n’importe quoi pour repousser les limites. A titre d’exemple: une consommation d’alcool excessive pouvant, dans certains cas, aboutir à des comas, voire même à la mort, fumer très jeunes des joints, voler, etc. Bref, tout ce qui pourrait leur attirer l’admiration de leurs camarades ados dans les cours de récréation. Pourtant, la pente vers la dérive sociale et personnelle, voire de la délinquance, n’est jamais très loin. Pas d’affolement non plus, cela ne concerne que 45% d’entre eux. Pour ceux-là, l’étude montre notamment qu’ils pourraient maintenir le même statut une fois adultes et seraient donc entraînés vers des comportements de plus en plus extrêmes.
En quoi éprouvent-ils des difficultés à entretenir une relation amoureuse?
Comment espérer connaître et s’intéresser à l’autre quand on ne se connaît pas soi-même, ou du moins, quand on est uniquement centré sur soi. Alors quand l’autre détourne le regard, qu’il n’est plus en admiration, cela devient tellement insupportable que les prétendus «leaders» préfèrent faire tout «exploser» pour que quelqu’un leur renvoie l’idée qu’ils sont «cool» et non pas immatures et défaillants et, en l’occurrence, pas si «cool» que ça. La remise en cause n’étant même pas envisageable. Dans leurs pensées, seul l’autre est défaillant, seul l’autre dysfonctionne.
Comment expliquer qu’ils n’arrivent pas à lutter contre leurs démons, alors qu’à l’âge adulte on est plutôt axé sur la réussite et la stabilité?
Ces jeunes se sont construits sur l’idée de l’image que les autres attendaient d’eux. En restant focalisés sur celle qu’ils donnent à voir, ils ne se sont pas fait une identité propre à eux. Ils sont en perpétuelle recherche de la reconnaissance de l’autre, ils n’ont pas appris à se connaître et à développer leur personnalité. Ils sont donc toujours, même adultes, dépendants du regard d’autrui, comme un enfant qui attend la reconnaissance de ses parents dans leur regard.
Est-ce que les «martyrisés» deviennent des adultes particulièrement sereins?
Pas toujours non plus! Le ratio doit être à peu près équivalent. La grande majorité dépasse ses difficultés pour s’épanouir en vieillissant. Mais certains restent confinés dans ce statut de souffre-douleur ou de bouc émissaire. Ils n’ont aucune confiance en eux-mêmes, souffrent de troubles dépressifs chroniques, d’anxiété diffuse, engendrant un repli social et affectif. Ce sont d’ailleurs des personnes qui marchent souvent la tête basse dans la rue, évitant de croiser le regard inquisiteur des autres. Ou encore des personnes plus soucieuses du «qu’en-dira-t-on» que de leurs besoins ou désirs.
Dépression chez les jeunes: attention danger
La dépression est la maladie du siècle. Elle apparaît de plus en plus souvent. Il est de plus en plus rare de trouver une personne qui n’a pas connu une période dépressive dans sa vie.
Lorsqu’on parle de dépression, on pense le plus souvent à celle que connaissent les adultes, voire à la dépression passagère. On pense difficilement qu’elle puisse toucher les adolescents et même les enfants. Cependant, elle ne se manifeste pas du tout chez ces derniers comme chez l’adulte. Il arrive souvent que l’on passe à côté des différents signes de la dépression chez les plus jeunes. Celle-ci frappe 1% des enfants et 5% des adolescents. Les signes sont plus difficiles à percevoir par les parents. C’est pourquoi une consultation d’un spécialiste de l’enfance est indispensable. Faire appel à un psychologue certifié est nécessaire pour obtenir un diagnostic précis. Il est important de le faire au plus vite et de traiter la dépression du jeune, car une de ses complications est la tentative de suicide.
Si les principaux signes de la dépression de l’adulte se retrouvent chez les adolescents, il en existe également des symptômes spécifiques chez les jeunes. La dépression se reconnaît généralement par une tristesse permanente, une perte d’intérêt ou de plaisir pour toutes les activités auparavant appréciées, une dévalorisation de soi, des troubles du sommeil, un ralentissement psychomoteur, un manque d’appétit, une fatigue et des difficultés de concentration, des problèmes scolaires, des troubles du comportement (irritabilité, colère, agressivité, repli sur soi), anxiété permanente, plaintes physiques sans raison médicale…
Les symptômes surviennent le plus souvent de manière soudaine et persistent durablement. Cependant, ces signes d’alerte apparaissent après un événement particulier. La dépression chez l’enfant est souvent déclenchée par de grands changements ou chamboulements de vie comme une séparation, un déménagement, un deuil… Il est vrai qu’un environnement équilibré permet à l’enfant de se sentir bien. Sa santé mentale et affective s’en ressent. La dépression frappe généralement un enfant soumis à différentes pressions et contraintes. Les causes de la dépression sont un ensemble de facteurs qui comprennent la santé, les antécédents familiaux, l’environnement…
Quel traitement de la dépression chez le jeune?
Lorsqu’une dépression est diagnostiquée chez un enfant ou un adolescent, le traitement consiste d’abord dans la mise en place de mesures de soutien psychothérapeutique (familial ou individuel). Il peut également se révéler nécessaire de modifier l’environnement de l’enfant (par exemple changer d’école) s’il est malheureux là où il est. Chez ces jeunes patients, un diagnostic de dépression justifie systématiquement une prise en charge psychothérapeutique. Dans certains cas particulièrement sévères, un recours aux médicaments antidépresseurs peut être justifié.
Anne Lobjoie Kanaan