C’est le choc au Akkar et en particulier au sein de la famille Warrak. Le fils, Elie, désormais connu sous le nom d’Abou Ali, est arrêté par les services du Renseignement militaire, alors qu’il planifiait des attaques suicide contre l’armée et les quartiers résidentiels de sa région.
La direction de l’orientation de l’armée a indiqué, dans un communiqué, que des agents du Renseignement militaire avaient arrêté Bassam Hussam el-Naboush, le ressortissant syrien Mouhannad Ali Mohammad Abdel Qader et Elie Tony Warrak, connu sous le nom d’Abou Ali, alors qu’ils panifiaient des opérations terroristes contre des postes de l’armée et des quartiers résidentiels. Les suspects se déplaçaient, selon le même communiqué, à travers le pays avec de faux papiers d’identité syriens et palestiniens. L’enquête avait révélé qu’ils étaient affiliés au groupe mené par Oussama Mansour et Chadi el-Maoulawi, fondamentalistes islamistes notoires. L’interrogatoire des détenus est en cours et d’autres membres de la cellule sont toujours recherchés. Fin du communiqué et stupeur générale. Certes, ce n’est pas la première fois que les services du Renseignement arrêtent des suspects alors qu’ils préparaient des opérations terroristes. Mais cette fois, c’est le nom d’Elie Warrak, un chrétien recruté par les islamistes, qui a créé la stupeur. Selon ses proches, Elie se serait converti à l’islam sans toutefois s’inscrire sur les fiches de l’état civil. Qui est Elie Warrak et comment en est-il arrivé là?
Membre des FSI
Ce jeune homme de 22 ans est originaire du village de Charbila, au Akkar. Il a grandi dans le quartier de Qobbé, à Tripoli, avant de s’installer avec ses parents à Majdaliya, au Akkar. Il avait rejoint les Forces de sécurité intérieure (FSI) et aidait parfois son père sur ses chantiers. Il y a quelque temps, ses proches avaient constaté que «le garçon avait changé». Il ne voulait plus travailler. Il passait son temps à lire le Coran et à fréquenter de jeunes islamistes, qui essayaient de le convaincre de la nécessité de mener des opérations terroristes et de se transformer même personnellement en kamikaze. Tenté par leurs propos, le jeune homme s’enfermait dans son monde, s’éloignant de sa famille et de ses amis. Il se serait rendu à deux reprises en Turquie, n’hésitant pas à faire la navette entre ce pays et la Syrie et à entretenir des relations régulières avec des islamistes de tous bords. Inquiète de ce changement, sa famille tente de le convaincre de réintégrer les rangs des FSI. Peine perdue. Devant l’insistance de son père, il se met en rage et quitte le foyer familial. Il disparaît pendant près de cinq mois, coupant tout contact avec ses proches.
Des femmes et de l’argent
Elie se serait rendu alors à Ersal et au Qalamoun du côté syrien et il aurait été choisi parce qu’il est chrétien. Pour le convaincre, les fondamentalistes auraient mis à sa disposition de l’argent, mais aussi des femmes.
Cela faisait quelque temps que ce jeune homme inquiétait les services des renseignements qui observaient de près ses faits et gestes. Un mandat d’arrêt est lancé contre lui pour s’être fait embrigader dans des groupuscules terroristes. Il a fallu le double attentat de Jabal Mohsen pour que les services de l’armée lui mettent la main dessus et découvrent son affiliation au groupe dirigé par Oussama Mansour et Chadi el-Maoulawi. Combien d’Elie Warrak y a-t-il au Liban?
Danièle Gergès
Réaction du père
Le père d’Elie Warrak a déclaré aux médias qu’il était sûr que son fils est innocent. Elie, dit-il, n’est pas un terroriste et sera certainement libéré. Il précise cependant que cela faisait quelque temps que l’attitude de son fils le stupéfiait. Il remercie Dieu que les services du Renseignement l’aient arrêté avant qu’il ne soit franchement impliqué dans un attentat suicide. Pour lui, Elie est victime de gens qui l’ont embrigadé et lui ont rempli la tête d’idées takfiristes que personne dans la famille Warrak ne partage. «Notre famille a toujours soutenu l’armée et l’Etat», indique son père.