Yémen
Coup de force des Houthis, Hadi démissionne
Le chaos est à son apogée au Yémen, après le coup de force des milices chiites houthies qui ont pris la capitale du pays, Sanaa. Après d’importants et violents combats, la situation est demeurée très confuse, quand jeudi soir, le gouvernement a présenté sa démission, trois mois à peine après avoir été nommé. Dans la foulée, le président Abd Rabbo Mansour Hadi a également démissionné, affirmant que le Yémen était désormais dans «une impasse totale». Une démission toutefois rejetée par le Parlement.
A l’origine de ce coup de force, les miliciens d’Ansaruallah, les Houthis, qui réclament plus de poids dans les institutions de l’Etat et contestent le projet de Constitution prévoyant de faire du Yémen un Etat fédéral avec six régions.
Pour tenter d’apaiser la situation, le président Hadi s’est engagé, dès le mercredi, à amender le projet de Constitution. L’accord passé prévoit que les Houthis ainsi que le mouvement sudiste et les autres factions politiques «privées de représentation équitable dans les institutions de l’Etat, auront le droit d’être nommés dans ces institutions».
L’émissaire de l’Onu, Jamal Benomar, accouru à Sanaa jeudi après la recrudescence des violences qui ont fait au moins 35 morts et 94 blessés, a rencontré des représentants des forces politiques du pays. Le Conseil de sécurité de l’Onu avait fustigé le coup de force des Houthis, et apporté son soutien à Abd Rabbo Mansour Hadi, tout comme le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Ce dernier coup de force met en lumière les profondes divisions qui agitent le pays, entre le Nord, fief des chiites, et le sud du Yémen. Des responsables militaires favorables au président Hadi ont par ailleurs accusé des fidèles de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, chassé du pouvoir en 2011, de soutenir activement les miliciens houthis. Malgré les concessions accordées par le président Hadi, les miliciens houthis n’ont toujours pas quitté la capitale. Lundi, ils bloquaient les accès à l’Université de Sanaa afin d’empêcher toute manifestation hostile. Le Conseil de sécurité de l’Onu a, de son côté, tenu lundi matin des consultations à huis clos sur la crise yéménite.
Syrie
Discussions à Moscou, les Kurdes reprennent Kobané
Relativement épargnés depuis le début de la guerre en Syrie, les quartiers huppés de Malki et Mazzé du centre de Damas, ainsi que les alentours des places Arnous et Sabaa Bahrat, ont été bombardés par une quarantaine d’obus et de roquettes lancés par des rebelles depuis la banlieue de la Ghouta orientale, dimanche. Bilan sept morts, alors que cette attaque apparaît comme une riposte aux raids aériens meurtriers perpétrés par le régime syrien depuis plusieurs jours contre la Ghouta, en bordure est de Damas. Des raids qui auraient fait 56 morts pour la seule journée de vendredi. Le même jour, Zahran Allouche, chef de Jaych al-islam, avait affirmé via Twitter que ses forces allaient lancer une campagne de roquettes contre la capitale.
Cette attaque intervient alors que les représentants du régime et de l’opposition syrienne devaient se rencontrer à Moscou jusqu’au 29 janvier. La plupart des participants de l’opposition à cette rencontre appartiennent au Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique, un mouvement toléré par Damas. La coalition nationale n’a pas été invitée, mais cinq de ses membres se sont déplacés à titre individuel. Selon Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, il est nécessaire de trouver un accord au sein de l’opposition. «Les rencontres entre les représentants des divers groupes d’opposition syriens à Moscou ne sont pas des négociations. L’objectif est de permettre aux opposants d’élaborer une plateforme afin qu’ils puissent avoir une approche commune en vue de négociations avec le gouvernement. Quant aux négociations avec ce dernier, cela constituera l’étape suivante. Nous estimons qu’après deux jours de contact entre les opposants, les représentants du gouvernement de Syrie pourront les rencontrer, mais simplement pour établir des contacts personnels». Enième round de rencontre, le rendez-vous de Moscou avait peu de chance d’aboutir à quelque chose de concret.
Dans le même temps, sur le terrain, les forces syriennes kurdes ont annoncé avoir chassé les jihadistes de l’Etat islamique de la ville de Kobané, à la frontière avec la Turquie. Une victoire qui reste à confirmer, le commandement américain dans la région estimant que les Kurdes du PYG contrôlaient 90% de la ville.
Ukraine
La guerre reprend de plus belle dans l’Est
Nouvelle escalade dans le conflit toujours latent dans l’est de l’Ukraine. Au moins 30 civils ont été tués samedi dernier et plus de 80 autres blessés, dans le bombardement d’un quartier de Marioupol, un port stratégique dans le sud-est du pays.
Le cessez-le-feu entre les deux parties, en vigueur depuis l’automne, mais respecté par personne, semble définitivement enterré. L’offensive a été confirmée par le président de la République autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, qui avait annoncé dès vendredi, le début d’une offensive dans toute la région. L’armée ukrainienne a, de son côté, précisé que le faubourg est de Marioupol avait été visé par des «tirs rebelles aux lance-roquettes multiples Grad». Selon l’état-major de l’opération ukrainienne dans l’Est, «les rebelles n’ont pas besoin de la paix, ils exécutent les ordres du Kremlin pour une escalade de la situation dans le Donbass».
Marioupol est la dernière grande ville encore contrôlée par Kiev dans la région. La perte de ce port serait une catastrophe pour l’armée ukrainienne, car Marioupol est un axe majeur entre le territoire russe et la Crimée, déjà annexée par Moscou en mars. D’autant que l’armée ukrainienne a déjà reconnu jeudi avoir subi un lourd revers en abandonnant sa principale position dans l’aéroport de Donetsk.
La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a affirmé que «cette escalade va inévitablement provoquer une grave détérioration des relations entre l’UE et la Russie», demandant un «cessez-le-feu immédiat». Sergueï Lavrov, son homologue à Moscou, a annoncé que la Russie faciliterait les contacts entre Kiev et les rebelles «dans les prochains jours». Toutefois, lundi, Vladimir Poutine a tenu un discours sensiblement différent, n’hésitant pas à accuser l’armée ukrainienne d’être la «légion étrangère de l’Otan», utilisée par les Occidentaux pour «contenir» la Russie. Lundi, l’ambassadeur des Etats-Unis à l’Onu, Samantha Powers, a souligné que «les cibles sont nouvelles, mais l’objectif final de la Russie reste le même: accaparer davantage de territoires et déplacer la ligne des territoires qu’elle contrôle de plus en plus loin dans le territoire ukrainien».
L’Union européenne a, pour sa part, décidé de convoquer une réunion extraordinaire de ses ministres des Affaires étrangères jeudi à Bruxelles avec l’objectif de sanctionner cette nouvelle offensive. Les sanctions européennes et américaines à l’égard de Moscou devraient être encore durcies.
Grèce
Syrisa veut renégocier la dette
Il l’avait annoncé, voilà qui est fait. Le parti de la gauche radicale grecque, Syrisa, avec à sa tête, le charismatique Alexis Tsipras, a finalement remporté les élections législatives organisées dimanche. Une réponse par les urnes de la population, lassée des mesures d’austérité stricte imposées par l’Union européenne et l’Allemagne plus particulièrement. Nommé Premier ministre, Alexis Tsipras a annoncé, lors de sa prestation de serment civile – une première – devant le président de la République Carolos Papoulias, qu’il «servira toujours la Grèce et l’intérêt du peuple grec».
Bien servi par les urnes, mais sans obtenir de majorité absolue au Parlement, Tsipras a conclu une alliance surprenante avec la formation de droite des Grecs indépendants, afin d’obtenir une majorité de 162 sièges sur 300. La composition de son gouvernement devait être dévoilée mardi, avec parmi les pressentis, l’économiste Yanis Varoufakis, qui devrait être chargé de l’épineux portefeuille des Finances.
Malgré une victoire électorale sans équivoque, Alexis Tsipras devra maintenant parvenir à résoudre les problèmes qui pèsent toujours sur le pays. Dès dimanche, il avait averti que l’austérité imposée à la Grèce était du passé, tout en se disant disposé à négocier une solution bénéficiant à tous. Niant vouloir sortir de la zone euro − ce qui a tout de même rassuré les Européens −, Tsipras va maintenant devoir batailler pour obtenir une restructuration de la dette grecque auprès de ses créanciers. Ce qui ne devrait pas se faire sans mal.
L’Union européenne a, d’ores et déjà, fixé à la Grèce la date limite de fin février pour accomplir certaines réformes nécessaires au déblocage de quelque sept milliards d’euros d’aide. Un délai sous forme d’ultimatum que Tsipras a balayé du revers de la main, estimant qu’il ne signifiait rien. «Les problèmes de la Grèce sont toujours là, ils doivent toujours être résolus», a souligné de son côté le président de l’Eurogroupe, Jeoren Dijsselbloem, à l’issue d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, lundi matin. Il a également déclaré que faire partie de la zone euro signifie qu’il faut respecter l’ensemble des accords déjà passés. «La question de la dette grecque, qui atteint 177% du PIB du pays, n’est pas la plus urgente à régler», a-t-il indiqué. «Nous avons toujours dit que nous continuerions de travailler avec les Grecs, notamment si nécessaire en ce qui concerne la viabilité de la dette».
Jenny Saleh