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Nº 2988 du vendredi 13 février 2015

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Jamil Sayyed, ex-patron de la SG. «La malédiction Hariri»

Dix ans après l’assassinat de Rafic Hariri, où en sommes-nous?
Nous vivons toujours les conséquences de cet assassinat. Les quatre premières années, il y a eu une politisation de l’enquête dirigée faussement en direction de la Syrie et des quatre généraux libanais, dont moi-même. Saad Hariri et son groupe auraient dû chercher la vérité, la justice et les véritables assassins au lieu de s’engager dans l’exploitation politique qui a détruit la crédibilité de l’enquête, ainsi que du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Cette politisation n’aurait pu réussir sans le complot des faux témoins et leur manipulation par le juge allemand Detlev Mehlis, les magistrats libanais Saïd Mirza, Elias Eid et Sakr Sakr et leurs adjoints de la police, Achraf Rifi et feu Wissam el-Hassan. Quatre ans plus tard, en avril 2009, les généraux libanais ont été libérés inconditionnellement par le TSL, lequel a décidé qu’ils n’étaient ni accusés ni suspects, et que leur détention viole les normes internationales du procès équitable. D’ailleurs, bien avant leur libération, ces généraux furent considérés par les rapports des Nations unies, ainsi que ceux du département d’Etat américain des années 2006-2009, des détenus arbitraires au Liban. C’est ce qui m’a poussé à poursuivre en justice les faux témoins et leurs partenaires qui ont faussé l’enquête pour provoquer notre détention.

Quels sont les procès que vous avez intentés?
J’ai intenté deux procès en France contre Detlev Mehlis et Johnny Abdo. En Syrie contre les faux témoins syriens et leurs partenaires libanais, et plusieurs autres procès au Liban.

Quel est votre sentiment après quatre ans d’arrestation arbitraire?
Rafic Hariri a été assassiné deux fois. Une fois dans l’explosion par les criminels et, une autre fois, dans l’investigation par son propre fils et ses faux témoins. Quant à mon sentiment personnel, je n’ai jamais pu imaginer qu’un groupe politique libanais pourrait exploiter ce crime pour conspirer contre des officiers libanais et les mettre en détention politique. J’aurais souhaité que le 14 mars retienne contre nous de vraies fautes morales, professionnelles ou autres, pour nous intenter un procès au lieu d’utiliser lâchement les faux témoins. Je crois en la justice, qui existe sous deux formes: terrestre et divine. La justice terrestre, mais certainement pas la justice libanaise, a joué son rôle: politiquement, l’affaire des faux témoins fut la raison directe de l’expulsion de Saad Hariri du pouvoir en 2011. Il suffit aussi de se rappeler comment Saad Hariri et son équipe sont arrivés au pouvoir en 2005 et dans quelle chute libre ils sont aujourd’hui. Ils sont sortis des bras d’un grand homme qu’était Rafic Hariri, qu’on l’aime ou pas, pour se jeter d’abord dans ceux des faux témoins, et ensuite d’al-Nosra, Daech, Khaled Daher et consorts. J’appelle ça «la malédiction de Rafic Hariri». Ceci est leur grande punition…
 

J.SE.

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