Magazine Le Mensuel

Nº 2991 du vendredi 6 mars 2015

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Le grand blanc est de retour. Une saison de ski exceptionnelle

Les adeptes des sports d’hiver sont heureux, les commerçants, les propriétaires d’hôtels et de restaurants en haute montagne aussi. 2015 a été généreuse en matière de neige. Professionnels et amateurs se pressent sur les pistes et la saison s’annonce prometteuse, d’autant qu’une hausse relative des touristes arabes a été enregistrée. Tour d’horizon des stations de ski et répercussions de cette générosité de la nature sur le plan sportif et économique.
 

Du week-end bien-être en amoureux, au séjour en famille en passant par des journées grand ski, les Libanais et les touristes de passage profitent à fond des sports d’hiver. Les chalets et les chambres des hôtels, restés vides durant les années passées, affichent désormais complets en fin de semaine. La saison de ski qui, selon les prévisions météo, s’étalera sur près de six semaines, s’annonce des plus prometteuses. Les vacanciers sont essentiellement les Libanais résidants, mais aussi ceux venus de l’étranger et des touristes occidentaux. Les Arabes, eux, se font rares, bien que leur nombre ait augmenté par rapport à l’année dernière à la même époque. «D’année en année, la saison de ski ayant été courte, voire inexistante, nous avons souffert d’une crise économique jamais vue», raconte Yehya à Magazine. Ce gérant des pistes de ski à Faraya poursuit: «Nous avons traversé une phase si difficile qu’il y a eu une sorte de désengagement vis-à-vis de tout. Le moral était à zéro. Les hôtels ne se rénovaient plus. Les restaurants offraient le minimum, les pistes étaient en friche. Donc, quand les prévisions météorologiques ont annoncé toutes ces tempêtes de neige, il a fallu tout réorganiser, gérer, planifier pour se remettre à jour. Nous avons repris la direction des opérations avec un enthousiasme sans précédent. Tous les commerçants de la région, les hôteliers, les restaurateurs et les magasins de sport se sont mis de la partie. Certes, en cours de semaine, les pistes sont très fréquentées, mais les hôtels le sont moins. En week-end, en revanche, tous sont presque complets. La région regorge d’animation pour les jeunes et les moins jeunes et répond à toutes les attentes. Les petits commerçants, les employés et les moniteurs sont satisfaits, mais les hôteliers et restaurateurs le sont moins. Ils s’attendaient à plus de clients surtout venus du Golfe. Mais attendons pour voir, la saison n’est pas encore terminée».
La saison de ski se présente donc encourageante aussi bien pour les sportifs amateurs de glisse que pour les petits commerçants et employés des régions de la montagne. Les pistes fonctionnent à plein. Les skieurs paient les forfaits, variant entre 20 et 30 dollars la journée, sans rechigner. Ces tarifs augmentent de près de 10 dollars en week-end, les moniteurs, principalement des locaux, sont satisfaits du nombre de personnes qui ont recours à leurs services, un moniteur touche entre 20 et 40 dollars l’heure. Les kiosques, qui assurent des collations rapides, travaillent à plein temps, contrairement aux hôtels et aux restaurants qui ne trouvent pas leur compte. Vu l’instabilité sécuritaire, le nombre d’Arabes qui viennent dans les stations de ski reste bas. C’étaient essentiellement des touristes venus du Golfe qui dépensaient dans ces lieux. Ils commandaient les mets et les boissons les plus raffinés, occupaient les suites les plus chères, se prélassaient dans les spas et ne lésinaient pas sur les pourboires pour s’assurer des services parfaits. Ils constituaient ainsi les principales rentrées des hôteliers et restaurateurs qui ont besoin d’un taux d’occupation important, mais aussi de dépenses effrénées et généreuses de leurs clients pour tenir le coup.

 

Les chiffres parlent
Selon Pierre Achkar, président de la Fédération des syndicats touristiques, «le taux d’occupation des hôtels est de 100 pour 100 en week-end, mais il n’a augmenté que légèrement en cours de semaine. Il en est de même pour les restaurants. Par rapport aux années précédentes, ces chiffres sont certes encourageants. Les touristes arabes, clientèle importante et riche, qui venaient chaque année en février-mars passer des vacances de ski au Liban, brillent par leur absence. Cela avait des retombées financières très importantes du fait qu’ils dépensent sans compter», confirme Achkar à Magazine, avant de poursuivre: «Les années précédentes, il n’y a pas eu de neige et pas de touristes. Si cette année la neige est là, les Arabes, qui ne se sentent pas en sécurité au Liban, préfèrent partir vers des cieux plus cléments. Les quelques Libanais venus de l’étranger et des Occidentaux en visite d’affaires à Beyrouth et à Damas ne suffisent pas à faire tourner la roue économique comme il se doit. C’est pourquoi nous demandons à la Banque centrale et au ministère des Finances de prendre les mesures nécessaires pour aider les hôteliers et les restaurateurs à tenir le coup. Echelonnement des prêts, prolongation des délais, soutien des taux d’intérêt, délais prolongés accordés aux établissements pour le paiement de la TVA et des impôts… nous devons tous conjuguer nos efforts pour nous maintenir sur la durée. Oui, la saison s’annonce prometteuse, mais nous aurions souhaité que les Arabes soient là en plus grand nombre, nous aurions pu parler d’une saison exceptionnelle», conclut-il.
Le nombre de Libanais pratiquant le ski est estimé  à près de 40 000 sur une population de 4 millions d’habitants. A ce chiffre s’ajoute celui des skieurs venus de l’étranger, dont le nombre a sensiblement augmenté cette année. Quelles sont les répercussions de la saison de ski sur les magasins de sport? Ont-ils vu leurs ventes augmenter? «Nos ventes ont certainement bondi par rapport aux années précédentes, mais cela est essentiellement dû aux clients locaux, répond à Magazine le gérant de cette boutique spécialisée en articles de sport située à Beyrouth, mais qui possède une importante succursale sur la route de Faraya. Pas de consommateurs arabes en vue.
Or, ce sont eux qui représentaient notre clientèle principale. Ils venaient au Liban et raflaient les tenues de ski et tous les accessoires liés à la neige et à la montagne, n’étant pas habitués au froid dans leurs pays. La clientèle libanaise est nettement plus timide et préfère de plus en plus louer les équipements au lieu de les acheter. Nos ventes ont certes grimpé par rapport aux saisons précédentes, elles sont toutefois encore décevantes».
Nous avons contacté le ministère du Tourisme dont les responsables nous ont assuré avoir lancé une campagne de promotion pour le Liban intitulé Live, Love, Lebanon. Le ministre Michel Pharaon déploie des efforts pour encourager les touristes à revenir au pays du Cèdre, assurent les responsables du ministère et les commerçants rencontrés. Mais il semble que malgré une timide progression des chiffres, les étrangers, notamment arabes, principale manne pour le pays en cette saison de ski − ces derniers n’ayant pas de neige à part Dubaï qui a des pistes de neige artificielle − n’ont pas répondu présents à l’appel des cimes enneigées des montagnes libanaises. 

Danièle Gergès

Des paysages à couper le souffle
Des sommets enfin enneigés, des moments suspendus où le temps semble s’arrêter, un air vivifiant, des activités pour tous, les montagnes libanaises offrent aux amateurs une parenthèse enchantée où petits et grands trouvent leur compte aussi bien sur les pistes que dans les villages.  

Faraya-Mzaar, cette station à 46 km de Beyrouth à une altitude qui varie entre 1 850 et 2 465 mètres est un rendez-vous incontournable des adeptes des sports d’hiver, mais aussi du tout-Beyrouth branché. Elle offre 42 pentes et 80 kilomètres de pistes balisées. Skieurs, snowboardeurs, randonneurs et tous les fanatiques des motoneiges y réservent leurs vacances de partout dans le monde. Partis de 1 850 mètres, vous pouvez atteindre les 2 465 mètres du Mzaar et apprécier la vue à couper le souffle au-dessus de la vallée de la Békaa riche en couleurs, le mont Hermon de l’Anti-Liban et d’autres crêtes comme Laklouk et les Cèdres. Des villages lointains, et même Beyrouth, peuvent être aperçus par temps dégagé. Si vous êtes un skieur confirmé, vous aurez besoin de deux jours au moins pour franchir le meilleur des pistes avant de pouvoir découvrir de nouvelles pistes. Vous pouvez aussi utiliser les services d’un guide de montagne pour ne rien rater des domaines skiables.
Faraya-Mzaar offre la possibilité de pratiquer le ski alpin et le ski de fond et même le ski nocturne à la lumière des flambeaux. Plusieurs hôtels vous donnent la possibilité de séjourner sur place. Vous pouvez également louer des chalets pour une ou plusieurs nuitées. Des restaurants, des night-clubs, une salle de cinéma, un spa… et la proximité de Faqra Club dont la réputation n’est plus à faire.

Faqra Club: dans ce club sorti d’un conte de fées, planté sur l’un des plus beaux sites du mont Sannine, la vie semble s’écouler hors du temps et de ses tracas. Il est installé sur près de deux millions de mètres carrés à 1 750 mètres d’altitude et à 45 km de la capitale. Remontées mécaniques télésièges, téléskis, baby lift, piste de slalom spécial, parcours de slalom géant, une piscine, des courts de tennis, un centre équestre, des restaurants, ainsi que l’auberge où l’on peut passer la nuit.
A quelques minutes du club, se trouve la région de Kanat Bakiche dont l’altitude est de 1 904 mètres. Située à 47 kilomètres de Beyrouth, elle compte un hôtel, mais surtout des restaurants qui offrent une vue splendide sur la vallée et des menus orientaux très variés. Cette région est encore préservée, les constructions y sont encore rares et la nature d’une beauté époustouflante est essentiellement fréquentée pendant les compétitions de neige qui s’y déroulent. Elle permet de longues randonnées pédestres, les voitures y sont rares et des chemins sinueux permettent de se faufiler dans des coins et recoins calmes et tranquilles loin de toute cohue.

Laklouk est également de toute beauté bien, qu’actuellement, des projets immobiliers poussent un peu partout vu l’engouement des citadins pour cette région où la nature est magnifique. Son altitude varie de 1 650 à 1 920 mètres. Elle est située à 62 km de Beyrouth. On y trouve un hôtel et de petits restaurants pittoresques. Les pistes sont équipées de remontées, de télésièges et d’un espace pour le slalom géant et pour le slalom spécial. Les amateurs de ski de fond s’y rendent régulièrement.
Les Cèdres doivent leur nom à la forêt millénaire. Situé à 122 km de Beyrouth, l’altitude du site varie de 1 850 et 3 080 mètres au plus haut sommet. Cette station est exceptionnelle par son paysage et la qualité de sa neige. Elle est d’une beauté sans égale et de nouveaux télésièges y ont été récemment installés. La pratique du ski de fond est très courante aux Cèdres, principalement en raison des différents plateaux, ainsi que du charme que présentent les environs. Hôtels et chalets sont à la disposition de tous d’autant que les skieurs, qui s’y rendent à près de deux heures trente de la capitale, préfèrent dormir sur place. Une panoplie de petits restaurants sont disséminés partout et offrent une cuisine simple et très acceptable.
Zaarour a le vent en poupe cette année. Cette station située à 60 km de Beyrouth, à une altitude de 1 725 mètres, est essentiellement destinée aux familles étant concentrée sur un espace relativement petit et offrant des activités intéressantes pour petits et jeunes encadrés par des professionnels sportifs pour leur permettre de profiter de tous les plaisirs qu’offre la neige. Passer une journée sur les cimes enneigées ne demande aucune réservation préalable, mais si vous souhaitez y passer la nuit, même en cours de semaine, il est indispensable de réserver vos nuitées et vos places dans les restaurants branchés.

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