Alors que l’impasse politique continue d’entraver tout progrès tangible dans le secteur du pétrole et du gaz, notamment sur le plan des décrets d’application faisant suite au premier round d’attribution de licences, les responsables officiels et le secteur privé semblent ne pas être affectés. Ils poursuivent leurs actions de prospection de potentiels partenaires. Un intérêt particulier est manifesté en direction de la diaspora libanaise installée dans des pays riches en ressources naturelles afin d’identifier des Libanais ayant des positions-clés au sein de sociétés pétrolières. Dans cet esprit, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a entamé, le 20 février dernier, un périple à l’étranger qui l’a mené dans plusieurs pays d’Amérique latine, notamment au Mexique, au Venezuela, à Cuba, en Equateur et en Colombie. Selon le think tank, Middle East Strategic Perspective, citant des sources locales, les officiels mexicains, ainsi que la compagnie Pemex ont manifesté un intérêt pour le secteur pétrolier et gazier au Liban. Dans ce contexte, s’est inscrit le protocole de coopération dans le secteur de l’énergie signé entre le ministre Bassil et le ministre mexicain de l’Energie d’origine libanaise, Pedro Joaquin Coldwell. Cet accord devrait permettre au Liban de bénéficier de l’expérience des experts mexicains dans le dragage des eaux profondes. Bassil aurait encouragé la partie mexicaine à accorder plus d’attention au secteur pétrolier et gazier au Liban. Bien que Pemex ne figure pas parmi les 46 compagnies pré-qualifiées pour le premier round d’octroi de permis d’exploration, le deuxième tour de pré-qualification aurait lieu deux ans après le premier dans le but de permettre la participation d’un plus grand nombre de compagnies à l’adjudication.
Sur le front du secteur privé, au cours de la visite qu’a effectuée, le 10 mars dernier, le secrétaire général du ministère italien des A-E, Michèle Valensise, à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban, son président Mohammad Choucair a énuméré dans son intervention trois sujets prioritaires pour les organismes économiques pouvant faire l’objet d’une coopération libano-italienne, à savoir le développement de l’infrastructure, l’exploitation des ressources pétrolières et gazières et la reconstruction de la Syrie d’après-guerre. Choucair, un homme d’affaires proche de Saad Hariri, est concerné directement par le dossier du pétrole et du gaz dans la mesure où il a créé une société libanaise Apex Gas Limited enregistrée à Hong Kong. Etaient notamment présents à la réunion à laquelle a pris part le responsable italien à la CCIAB, le ministre de l’Economie Alain Hakim, le P.-D.G de Future Pipe Industries Fouad Makhzoumi et le président de Businessmed Jacques Sarraf. Vers la mi-mars, une délégation libanaise, essentiellement formée des mêmes hommes d’affaires qui avaient participé à la rencontre de la CCIB, s’est rendue en Italie, où elle a souligné l’importance d’investir dans le secteur du pétrole et du gaz au Liban, ainsi que les liens étroits qui existent entre la diaspora libanaise et les businessmen italiens. La délégation a conféré notamment avec des responsables de l’Association des banques italiennes, ainsi qu’avec l’Institut de promotion des investissements italiens à l’étranger et le Fonds stratégique italien.
Immobilier
Les zones chaudes tributaires de l’installation des restaurateurs
La mutation des principales rues commerçantes de Beyrouth se fait en concordance avec les zones d’installation des opérateurs de l’industrie de la restauration (F&B). Quatre exemples montrent cette corrélation, qui illustre la nouvelle tendance: Maarad, Gemmayzé, Mar Mikhaël et Badaro. Les zones d’installation des restaurateurs connaissent une hausse immédiate des prix de location et de vente du mètre carré. Dans un rapport du consultant en immobilier Ramco, la rue Maarad, connue par le passé pour être l’un «des lieux privilégiés des touristes», a été négativement affectée par la stratégie de marketing de masse adoptée par les opérateurs de la restauration, qui ont choisi de se concentrer sur «une clientèle ciblée». La vitalité des restaurants, qui avaient pignon sur cette rue, dépendait des touristes des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la diaspora libanaise. Ces catégories de clientèle n’ont plus été aperçues à la rue Maarad depuis plusieurs années. Des restaurants comme Le Relais de l’Entrecôte et Casper & Gambini ont déserté le lieu en dépit de la perspective d’un recul de loyer par m2 dans une fourchette variant entre 300 et 400 $. La même équation explique le déclin du momentum de la rue Gemmayzé comme destination de choix de «la vie nocturne» de Beyrouth, les pubs et les restaurants s’étant relocalisés dans de nouvelles rues, telles la rue Makdessi à Hamra, la rue Mar Mikhaël et celle d’Uruguay, au centre-ville. Selon Ramco, la valeur des loyers a enregistré une chute qui a retrouvé son niveau de 2005 et 2006, soit une moyenne de prix des loyers variant entre 200 et 300 dollars par m2 sur un an. Au cours des deux dernières années, la moyenne du prix du loyer à Mar Mikhaël a presque doublé vu que la région est devenue une destination de choix pour le divertissement. Les opérateurs de la restauration avaient accepté de louer des unités dans cette rue malgré la hausse sensible des loyers, qui avait atteint une moyenne variant entre 400 et 700 dollars par m2 en rythme annuel. Récemment, Badaro est considéré comme le nouveau lieu de la vie nocturne à la suite de l’installation les uns après les autres des pubs et restaurants. L’intérêt inattendu des restaurateurs pour cet endroit s’est manifesté après la progression des loyers dans la zone de Mar Mikhaël. Ce facteur s’est ajouté à un autre, lié étroitement à l’emplacement géographique de la rue Badaro, située à un point névralgique permettant un accès facile à partir de plusieurs zones de Beyrouth, pouvant doper la base de clientèle des restaurants du coin. La valeur des loyers à la rue Badaro est considérée accessible pour les professionnels de la restauration avec un niveau actuel de ceux-ci s’articulant entre 300 et 400 dollars par m2 sur un an et une perspective de croissance élevée à moyen terme.
Démenti de Bank Audi
Bank Audi nous a fait parvenir le communiqué suivant:
«Un journal libanais a publié, dans son édition du 2 avril 2015, un article sur les discussions ayant eu lieu lors de la réunion entre Daniel Glazer, adjoint du ministre du Trésor américain, et le conseil d’administration de l’Association des banques du Liban, durant laquelle l’appréhension des autorités américaines concernant des opérations visant à «financer l’Etat islamique (Daech)» fut mentionnée, incluant des banques en Turquie et en Irak, parmi lesquelles Bank Audi Turquie (Odea Bank). Lesdites autorités auraient prétendument «demandé à leurs homologues turques d’examiner les opérations de Bank Audi Turquie, dans la crainte de la possibilité de faire face à des opérations de blanchiment d’argent.
«Par conséquent, nous tenons à assurer que ces informations sont complètement erronées et contredisent les discussions ayant eu lieu lors de ladite réunion au cours de laquelle il n’a nullement été question de la filiale turque de Bank Audi (Odea Bank), qui ne fut jamais mentionnée. Par ailleurs, les autorités turques n’ont jamais demandé à la filiale en question de prendre des mesures spécifiques en matière de lutte contre le blanchiment d’argent ou de financement du terrorisme, toujours d’après le même journal.
«Bank Audi, ainsi que ses filiales au Liban et à l’étranger, appliquent les critères les plus stricts en matière de pratique bancaire, respectant les règles et lois locales et internationales relatives au secteur bancaire dans tous les pays où la banque est présente. La lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme fait partie intégrante de sa politique de gouvernance et de conformité, aussi bien au Liban qu’à l’étranger, étant donné que notre banque est soumise à l’inspection des banques centrales et des organes de contrôle des pays de présence».
Liliane Mokbel