Redécouvrir la route des Phéniciens en Méditerranée est désormais possible. Un projet porteur de semences, La route des Phéniciens promet une préservation de l’héritage et du patrimoine de nos ancêtres et ouvre la voie à des débouchés pour les jeunes Libanais. Interrogé par Magazine, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, donne des détails concernant ce programme.
Le projet La route des Phéniciens est lancée officiellement en mars 2015, à Beyrouth, en présence du secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), Taleb Rifaï. Développé par l’OMT et initié par Michel Pharaon en octobre 2014 au Caire, «le projet est aujourd’hui en cours de développement», comme l’affirme le ministre libanais du Tourisme. Les itinéraires proposés dans le cadre de ce programme touristique passeront à travers dix-huit pays du pourtour méditerranéen pour mettre en avant 80 sites historiques et culturels.
Une route de longue date
La route des Phéniciens est la connexion des grandes routes maritimes empruntées, depuis le XIIe siècle av. J.-C., par les Phéniciens comme voies de communication, commerciales et culturelles, en Méditerranée. Ces routes sont devenues une partie intégrante et fondamentale de la culture méditerranéenne et, aujourd’hui, les Phéniciens représentent un modèle d’interculturalité sur lequel se base un «Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe», qui traverse les pays de trois continents et plus de 80 villes d’origine phénicienne. Cet itinéraire vise à promouvoir la culture méditerranéenne et à renforcer, entre les pays de la Méditerranée, les liens historiques et socioculturels que les Phéniciens ont établis le long des routes maritimes suivies et des sites et comptoirs fondés en Méditerranée. Les villes des Phéniciens deviennent ainsi les étapes d’un voyage tout autour de la Méditerranée, durant lequel s’échangent objets, connaissances et expériences. Pour ce faire, La route des Phéniciens développe un réseau de sites archéologiques, ethno-anthropologiques, culturels et naturels et active un réseau d’échanges culturels entre les peuples et pays d’une Méditerranée qui témoigne, encore aujourd’hui, de ses civilisations antiques, nous démontrant comment le passé peut nous aider à comprendre notre futur. Parmi ces sites, élevés au rang d’«emporium» internationaux, on peut citer Mozia, Palerme, Solunto et Selinonte en Sicile, Cagliari, Nora, Sulky et Tharros en Sardaigne, Cadix et Málaga au sud de l’Espagne, Ibiza, Thasos, Crète et Rhodes en Grèce, Malte, Chypre, de nombreuses villes du Maghreb et, enfin, la capitale d’un immense empire commercial, Carthage.
«La route des Phéniciens s’appuie sur l’expérience faite à partir d’initiatives précédentes», explique Pharaon à Magazine. «Prenons l’exemple de la route de la Soie qui relie, depuis douze ans, plus de trente pays, allant du Japon à l’Italie, à travers l’Asie. Ce projet a permis de lancer d’autres initiatives nationales reliées au tourisme et de régler des questions se rapportant, entre autres, aux frontières».
Natasha Metni
Aperçu historique
«Les premières cités phéniciennes ont été fondées dès la plus haute antiquité. Ainsi, Tyr et Sidon sont connues dès le IIe millénaire av. J.-C. et Byblos est mentionnée dans les sources égyptiennes dès le IVe millénaire. La Phénicie de l’antiquité correspond, à peu près, au territoire de l’actuel Liban, une mince bande de terre s’étendant de la Syrie au nord jusqu’au Carmel au sud, coincée entre la montagne du Liban à l’est et la mer Méditerranée à l’ouest. Malgré les dominations successives [subies par les cités phéniciennes], celles-ci ont toutefois connu une grande prospérité et ont conquis la Méditerranée entière, et se sont même aventurées au-delà, se plaçant ainsi au centre d’un vaste réseau commercial. A tel point qu’il n’est pas exagéré de parler de mondialisation à propos du commerce phénicien». A cette partie d’article publiée par Léon Cahlinel dans le blog Thucydide, le ministre du Tourisme libanais atteste que «nous pouvons comparer l’empreinte génétique des Libanais à celle des Phéniciens, ceux-ci ayant réussi à conquérir le monde sans armes, par le commerce, la communication et les échanges».