Le Liban vit ces derniers temps au rythme des développements au Yémen. Comment évaluez-vous la situation après le discours de sayyed Hassan Nasrallah contre l’Arabie saoudite?
Je suis rassuré que l’Arabie saoudite ne regarde pas le Liban du point de vue de sayyed Nasrallah. Et, heureusement, il n’y a pas eu de mesures prises contre les Libanais qui travaillent en Arabie. Au contraire, l’Arabie saoudite est consciente que la majorité du peuple libanais n’approuve pas le discours de Nasrallah. Preuve en est l’absence d’un grand nombre de politiciens, qui occupaient les premiers rangs lors des cérémonies organisées par le Hezbollah, à l’occasion du rassemblement de solidarité avec le peuple yéménite. Puis la position du député Walid Joumblatt est éloquente, le silence du président Nabih Berry aussi et ses deux rencontres avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban. La majorité des Libanais ont de bonnes relations avec l’Arabie saoudite. De ce côté, je suis plutôt rassuré.
Sayyed Nasrallah a adressé un message aux Libanais, sous-entendant le 14 mars, de ne pas miser sur la réussite de la Tempête de la fermeté comme ils l’ont fait sur la chute du régime syrien?
Pour nous, le régime syrien est tombé. D’ailleurs sayyed Nasrallah avoue lui-même que le régime serait tombé sans son aide. Nous ne misons sur rien. C’est lui qui a fait entrer le conflit au Yémen dans la vie politique libanaise. Malheureusement, Nasrallah aujourd’hui n’est pas le leader qu’il était avant. Il se contredit dans ses discours. A court terme, cela risque d’avoir des effets négatifs, mais à moyen et long termes, le projet iranien prendra fin.
Il a appelé à adopter la politique de distanciation vis-à-vis du Yémen…
Comment? En organisant des manifestations pour le support des Houthis? Il dit une chose et fait son contraire. Si, depuis le début, il avait respecté ses engagements et la déclaration de Baabda, les choses auraient certainement changé. Ce qui se passe au Yémen ne m’effraie pas. Les pays arabes ont décidé de mettre un terme aux visées iraniennes dans la région.
La hausse du ton politique ne risque pas d’avoir des répercussions sur les séances de dialogue?
Quel dialogue? Il y a des séances qui se tiennent quant à la forme, peut-être qu’on pourrait en profiter quand la circonstance se présentera. Si le dialogue pouvait réduire 1% la tension, nous sommes avec celui-ci.
Le dialogue a débuté sur deux points précis: réduire la tension et les élections présidentielles…
Malheureusement, le discours de Nasrallah ramène la tension. Quant aux élections présidentielles, ils ne sont pas prêts à en discuter. Il n’y a pas de résultats politiques pour le dialogue, mais il se poursuit pour la forme.
Arlette Kassas