Magazine Le Mensuel

Nº 3003 du vendredi 29 mai 2015

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Ménages. Les Libanais sont dépensiers et endettés

«Dépenser le montant qui vous reste de vos revenus après avoir épargné et non pas épargner ce qui vous reste après avoir dépensé». Cette citation du milliardaire américain Warren Buffett est suffisamment connue dans le monde et donne le ton de sa vision de l’importance cruciale que revêtent les économies pour la croissance sur le double plan macro et microéconomique. Où se situent les Libanais dans cette équation? Sont-ils ou non dépensiers? Ont-ils ou non une stratégie de long terme qui leur garantirait une fin de vie décente? Une étude menée par l’Institut Basil Fuleihan, intitulée Les Libanais et l’argent, a montré qu’une grande partie des Libanais n’avaient pas de plan d’avenir concernant leur retraite et se souciaient peu de faire des économies à moyen et long termes.
Près de 47% des Libanais interrogés n’avaient pas de vision sur base de laquelle ils ventilent leurs dépenses, 47% d’entre eux n’essaient même pas de faire un effort pour économiser, alors que 50,5% sont incapables de dire combien ils ont dépensé une semaine auparavant. Dans le même esprit, un tiers des personnes questionnées, âgées de 60 ans et plus n’ayant pas encore fait valoir leur droit à la retraite, n’avait pas encore appréhendé un plan de retraite, tandis que 69% n’étaient pas conscients que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) n’offre pas de plan de retraite et 41% confondaient entre l’acception des indemnités de fin de service et un plan de pension-retraite. Toutefois, l’enquête a relevé que si le concept de l’épargne pour les mauvais jours n’est pas répandu parmi la population, il est dû à un manque d’informations sur les options qui s’offrent après l’arrêt de travail et que, parallèlement, une grande tranche de la force active locale a un revenu annuel plutôt faible. La même source a souligné que 58% de l’échantillon des ménages sondés ont affirmé se retrouver à court d’argent avant la fin du mois pour satisfaire leurs besoins de base.
Parallèlement, les conclusions d’une étude effectuée par la Banque mondiale ont estimé le PIB par habitant à 10 000 dollars/an, signalant toutefois que ce chiffre ne reflétait pas la situation de la totalité de la population libanaise. En fait, 70% de celle-ci gagnent moins que ce montant en rythme annuel.

 

S’endetter pour le confort
Malgré la tendance dépensière du Libanais, ce dernier n’hésite pas à s’endetter en vue de s’assurer les besoins instantanés d’une vie accommodante. Selon les chiffres de la Banque du Liban (BDL), les avances au secteur privé ont totalisé, fin 2014, un montant de 57,3 milliards de dollars, soit une progression de 9% sur un an, dont 16,5 milliards de dollars (une part de 29%) ont représenté des prêts personnels. Quant au nombre d’emprunteurs, il a enregistré une hausse de 7%, dépassant le chiffre de 499 000 citoyens dont le montant du prêt personnel de 75% d’entre eux varie entre 5 millions de livres et 100 millions de livres. Ces données sont représentatives d’un certain profil du consommateur lorsqu’on sait que le ratio de la moyenne des prêts du secteur privé rapporté au PIB est de plus de 100%, et qu’il représente le double de celui de l’Arabie saoudite et de la Russie, conformément  aux chiffres de la Banque mondiale. Le Liban est un pays endetté non seulement au niveau de ses finances publiques, mais également à celui des budgets des ménages. Cette conjoncture a donné lieu à une révision par le gouverneur de la BDL de la circulaire intermédiaire portant sur le pourcentage de l’apport personnel de l’emprunteur pour son éligibilité à bénéficier d’un prêt personnel. Ce pourcentage a été relevé dans le souci d’éloigner des banques le spectre des créances douteuses et des défauts de paiement.

 

Liliane Mokbel

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