Les traumatismes de guerres, les états dépressifs chez les réfugiés syriens, le traitement des enfants victimes de la violence de la guerre… étaient parmi les sujets évoqués par les experts en psychiatrie au cours des Journées interuniversitaires de psychiatrie qui se sont déroulées sous le haut patronage de l’ambassadeur de Belgique au Liban, Alex Lenaerts.
L’état de stress post-traumatique est un trouble psychiatrique caractérisé par des symptômes anxieux et somatiques secondaires à un traumatisme majeur. Ce trouble a été décrit à la suite des conséquences de guerres et dénommé Névrose de guerre. La région du Proche-Orient, et le Liban en particulier, passent par des périodes de guerres civiles et régionales depuis plus de 40 ans. Depuis 2011, la Syrie souffre d’une guerre responsable du déplacement de plus de trois millions de personnes à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Le Liban accueille une part importante des réfugiés syriens et est, à ce titre, le pays ayant le plus de réfugiés par rapport à sa population dans le monde. Les objectifs des études présentées sont de retrouver les conséquences des traumatismes encourus par cette population en milieu intra-hospitalier, ainsi que la prévalence d’états de stress post-traumatique parmi la population de réfugiés syriens en communauté. Une première étude réalisée sur 150 patients hospitalisés à l’Hôpital de la Croix montre une prévalence de TSPT de 6,6%, moins fréquente que les hospitalisations pour psychose, trouble de l’humeur ou abus de substances. Une deuxième étude faite en communauté chez 452 réfugiés syriens montre une prévalence de 35,4%. Les troubles psychiatriques liés aux traumatismes de guerre et le TSPT, en particulier chez les réfugiés syriens au Liban, sont encore mal diagnostiqués et nécessitent un dépistage intensif afin d’améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patients. Au Liban, une évaluation des services de psychiatrie pour les réfugiés syriens a révélé des besoins surtout au niveau communautaire, alors que la majorité des services sont centrés sur l’approche individuelle (psychothérapie/psychotropes). L’expérience empirique montre que la détresse des réfugiés est le plus souvent liée aux conditions sociales de précarité et de violence, et que les tentatives de suicide sont souvent un appel au secours plutôt que l’expression d’un trouble psychiatrique caractérisé. Il s’agit donc de pouvoir développer des interventions à un niveau communautaire qui ciblent les causes de cette détresse afin de pouvoir prévenir ses conséquences.
La guerre confronte l’enfant et sa famille à ce qui n’est pas supportable. Les recherches entreprises dans le domaine du traumatisme mettent en évidence l’importance pour l’enfant des réactions de l’entourage lors de la survenue d’événements traumatiques. Elles montrent que l’anxiété des parents est un facteur aussi important que l’intensité des bombardements et le niveau d’exposition au stress. Les travaux révèlent l’importance des stratégies d’intervention lors de la prise en charge des enfants traumatisés. Les stratégies d’intervention auxquelles les professionnels ont recours jouent un rôle important dans l’émergence de la résilience. La prise en charge de l’enfant de la guerre a pour objectif de l’aider à élaborer la rupture. Dans ce contexte, il est important de pousser les enfants à s’exprimer, à mettre des mots sur l’irreprésentable. Le soutien offert par les professionnels favorise la transformation du trauma et le travail de l’histoire. Néanmoins, lorsque la douleur envahit le psychisme de l’enfant, l’élaboration du trauma nécessite de trouver des médiations comme l’animation de groupes d’enfants dans le cadre scolaire.
Nada Jureidini
Le TSPT en bref
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est un trouble anxieux fréquent. Il est lié à l’exposition traumatique, souvent observée chez les soldats revenant de conflits armés, les victimes de guerre ou de catastrophes naturelles, mais qui peut également survenir après une exposition à des situations plus communes en temps de paix, tels les accidents de la route ou les agressions physiques et sexuelles. Le TSPT est associé à une comorbidité élevée d’affections psychiatriques et somatiques et un important risque suicidaire. Les interventions psychothérapeutiques sont recommandées en première intention et reconnues comme plus efficaces que les interventions pharmacologiques pour réduire les symptômes de TSPT.