La région de Zabadani, en Syrie, est au cœur d’une nouvelle bataille dont l’issue revêt une importance majeure pour le régime du président Bachar el-Assad et le Hezbollah. Le but est, d’abord, d’assurer la protection des frontières libanaises et, ensuite, de tracer une nouvelle ligne de front dans le cas de l’émergence d’une région alaouite indépendante.
Les affrontements entre le Hezbollah et l’Armée syrienne d’une part, le Front al-Nosra appuyé par des groupes islamistes – comme celui de Ahrar el-Cham – de l’autre, se sont poursuivis cette semaine à Zabadani. Cette ville, tenue depuis l’année 2012 par les rebelles, est située à 50 kilomètres de Damas et à 12 kilomètres de Masnaa, le passage douanier séparant le Liban de la Syrie. L’offensive a été lancée en début de mois après l’échec de négociations menées par le régime avec les rebelles, visant à assurer leur retrait de la zone.
«La situation des rebelles est extrêmement difficile, ils ont été fragilisés par les combats les opposant à l’armée, au Hezbollah et aux unités de la Défense nationale», admet Ammar Hosn, membre du Conseil révolutionnaire de la ville.
Lors de cette offensive majeure sur Zabadani, l’armée syrienne et les combattants du Hezbollah ont réussi à pénétrer dans les parties occidentales, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme. La station de télévision du Hezbollah, al-Manar, a indiqué que les combattants de la «Résistance» et l’armée syrienne avaient pénétré dans le quartier de Jamaiyat dans la partie ouest de la ville. Au moins 14 combattants du Hezbollah et des forces gouvernementales, mais aussi plus de 11 combattants islamistes ont été tués au cours des affrontements, selon l’ONG. Un commandant du Hezbollah, Ali Dhahi, qui a récemment été muté du Qalamoun à Zabadani, aurait été tué avec six autres membres du parti.
De violents combats ont opposé les protagonistes ces derniers jours, durant lesquels l’artillerie lourde a été déployée. Des hélicoptères syriens ont largué plus de 32 barils explosifs sur la ville, alors que l’armée a eu recours aux missiles sol-sol. L’armée de l’air a également mené des raids aériens.
Zabadani a une importance stratégique pour le Hezbollah car elle a historiquement servi comme centre logistique assurant la fourniture en armes provenant de l’Iran.
«L’importance de cette ville est aujourd’hui principalement due à sa proximité avec les frontières libanaises que le Hezbollah veut à tout prix sécuriser», souligne le journaliste Nicholas Blanford, un spécialiste du Hezbollah.
Selon Hosn, cette région est un point de contact entre la région rurale entourant Damas et le Liban, ainsi qu’un passage majeur pour la contrebande. Elle se trouve également sur l’axe Damas-Beyrouth, essentiel approvisionnement du Hezbollah.
Dans le cas d’une victoire, la prise de Zabadani viendrait s’ajouter à d’autres acquis dans le secteur du Qalamoun frontalier de la commune de Ersal, au Liban.
La bataille de Zabadani cacherait toutefois des enjeux plus significatifs. «Le Hezbollah préparerait une ligne de défense dans le cas de la création d’une région alaouite. Le régime n’a plus le choix, il va devoir passer au plan B. L’armée syrienne est fragmentée et épuisée. Assad veut rester président d’un Etat unitaire, car s’il se retire dans la région alaouite, il deviendra un chef de milice parmi d’autres. Cela est le sujet d’un désaccord entre le régime et les Iraniens qui sont plus réalistes et veulent juste sauver une partie du territoire en instaurant des lignes défendables», explique Blanford.
Mona Alami
Les scénarios probables
Selon le journaliste Nicholas Blanford, la priorité du Hezbollah est de protéger la frontière dans le cas d’une chute de Damas. Le danger pourrait cependant venir d’ailleurs dans le cas où Homs tomberait dans les mains du groupe de l’Etat islamique, qui pourrait avancer alors jusqu’à Qoussair (devenue aujourd’hui région militaire tenue par le Hezbollah) et, de là, tenter de pénétrer à Wadi Khaled, au Liban.