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Nº 3010 du vendredi 17 juillet 2015

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Joumblatt et les cheikhs druzes. Le message ne passe pas

Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), le député Walid Joumblatt, a poursuivi sa tournée auprès des hautes instances religieuses de la communauté druze afin de leur expliciter les raisons qui l’ont amené à prendre des positions positives vis-à-vis du Front al-Nosra et à appuyer la réconciliation parrainée par Amman entre les habitants du Hauran (Deraa) et ceux de Soueida. L’objectif joumblattiste étant de recueillir un maximum de soutien à ses thèses.
 

Après avoir rendu visite aux dignitaires religieux de Batma, le leader druze a été reçu par les cheikhs en vue de sa communauté (Abou Sleiman Hassib Sayegh, Amine Sayegh, Abou Hamza, Naïm el-Fakih, Amine el-Aridi, Abou Taher Raïdan Chéhayeb et Abou Saleh Mohammad el-Andari). Une délégation élargie accompagnait le chef du PSP dans son pèlerinage. Elle était composée de son fils Taymour, à qui il commence à confier la gestion d’importants dossiers, des ministres et députés Marwan Hamadé, Ghazi Aridi, Akram Chéhayeb, Waël Abou Faour, et des ex-députés Fayçal Sayegh, Ayman Choucair et Alaeddine Terro.
D’après des sources druzes informées, Walid Joumblatt a insisté dans les arguments qu’il a développés devant les dignitaires religieux de sa communauté sur les points suivants:
Les druzes constituent une minorité au Liban et dans la région. Ils ne sont pas disposés à servir de boucs émissaires entre le Front al-Nosra (la branche syrienne d’al-Qaïda) et Daech, d’un côté, et le régime syrien, de l’autre.
Le Front al-Nosra n’est pas opposé aux us et coutumes druzes et il est impératif d’ouvrir une nouvelle page avec cette organisation pour la réconcilier avec la communauté.
Les druzes de Syrie sont pris en tenaille entre le régime d’un côté et Israël de l’autre. Le régime syrien voudrait les impliquer dans le jeu de la cantonisation, alors qu’ils doivent consolider leur nationalisme, leur unité et leur arabité.
Il est nécessaire de sauvegarder l’unité des rangs druzes face aux tempêtes qui balaient la Syrie et d’autres pays de la région.
Tenter de réconcilier les druzes de Soueida avec les habitants du Hauran (Deraa). Seule cette réconciliation peut assurer la protection des druzes, qui ne doivent pas permettre au régime syrien de les instrumentaliser sous prétexte de les protéger. La neutralité et l’amorce de relations avec al-Nosra sont les seules garanties susceptibles d’assurer leur sécurité.
Le régime syrien finira par tomber en fin de compte, mais cela risque de prendre plus de temps en raison de multiples facteurs internes et externes.
Les druzes de Syrie ne partagent pas notre avis.
Pas de garantie pour les druzes et particulièrement pour ceux d’Idlib. Joumblatt n’aurait pas reçu des garanties lors de sa tournée arabe, qu’il a entamée après le massacre par le Front al-Nosra de 25 villageois druzes dans la localité de Qalb Laouzé, à Idlib, en mai dernier.
Le seigneur de Moukhtara a suggéré aux druzes de Rachaya d’ouvrir grand leurs portes pour recevoir leurs coreligionnaires de Qoneitra en cas de besoin.
Face à ce discours, certains dignitaires religieux ont souligné la nécessité de laisser les druzes de Syrie décider de leur sort en évaluant la conjoncture à la lumière de leur expérience. Les cheikhs ont également demandé que les druzes du Liban ne soient pas un facteur de division pour ceux de Syrie.
Selon les informations disponibles, l’appel de Walid Joumblatt au dialogue avec le Front al-Nosra n’a pas eu d’écho positif parmi les dignitaires qu’il a rencontrés, à l’ombre du manque de confiance des habitants du Jabal el-Arab (Soueida) dans cette organisation extrémiste et dans toutes les forces takfiristes.

Chaouki Achkouti

Al-Nosra à Chebaa?
Le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, a évoqué, devant le commandement de la Finul et des chefs militaires américains qu’il a rencontrés, le danger que représenterait la traversée de combattants d’al-Nosra de Qoneitra, en Syrie, vers Chebaa, au Liban. La réponse recueillie se résume comme suit: Israël n’entreprendra aucune démarche susceptible de déclencher une explosion de la situation au Liban et particulièrement au Sud, sauf si le Hezbollah obtient et introduit des missiles sophistiqués au Sud ou s’il arrive à détenir des armes chimiques.

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