Réalisé par Alan Taylor, Terminator Genisys est le 5e volet de la franchise lancée en 1984 par James Cameron. Un volet qui occulte toutefois les deux derniers films pour replonger dans les racines des deux premiers réalisés par Cameron. Divertissant, mais…
Arnold Schwarzenegger est de retour, après une brève interruption, l’espace d’un film, dans son rôle iconique, Terminator, le personnage-robot devenu mythique grâce à son créateur James Cameron. Mais n’est pas Cameron qui veut, même s’il renoue avec les deux premiers volets de la saga, occultant les deux derniers (Rise of the machines de Jonathan Mostow et Terminator Salvation de McG), Terminator Genisys est avant tout un film de divertissement, essentiellement de divertissement, qui passe et qui s’oublie, une fois la projection terminée, contrairement aux deux premiers volets, surtout le second, Judgment Day, tous deux considérés des films cultes, chacun selon ses préférences.
Derrière la caméra de ce 5e opus, Alan Taylor connu essentiellement pour sa participation à la réalisation de certains épisodes de séries télévisées célèbres, comme The Sopranos, Rome, Mad Men, Game of thrones… et certains longs métrages de l’univers Marvel, à l’instar de Thor: The dark world… Une expérience qui pousse la critique à trouver dans son Terminator des relents de super-héros, lui reprochant notamment d’occulter le côté obscur et sombre de l’univers façonné par James Cameron, dès 1984. Pourtant, ce dernier, dans une vidéo promotionnelle, se déclare être un fan: «Je vois des choses que je connais… le film est très fidèle aux deux premiers. Et d’un coup, tout change. C’est un nouveau souffle pour la franchise, une renaissance… Ce film, pour moi, est le troisième de la série».
Schwarzie ravive l’écran
Effectivement, Genisys remonte à la source. Jusqu’en 1984, esquissant dans les premières minutes, la même histoire que le film qui a lancé l’aventure. On est en 2029. Un jeune garçon, né après le jour du Jugement dernier dans un monde sombre gouverné par les machines, a été secouru in extremis par John Connor, chef de la résistance humaine contre les machines, et est devenu son bras droit. Son nom est Kyle Reese. En pleine offensive, presque gagnée, contre Skynet, Connor se voit contraint d’attaquer son ennemi par là-même où ce dernier prévoit encore de gagner: par les interstices du temps. Le T-800 vient d’être activé; Connor envoie donc Kyle Reese sur ses traces pour sauver Sarah Connor et assurer ainsi sa propre survie. Il le prévient toutefois: la Sarah Connor du passé n’est pas encore cette femme forte, déterminée et implacable qu’elle est devenue, elle est encore fragile, insouciante. Qu’importe, une photo d’elle toujours gardée près du cœur, Reese est plus que volontaire. La machine de téléportation dans le temps est prête, la date et le lieu d’arrivée sont fixés: 1984, Los Angeles. Mais… au moment de se «dissoudre» dans le temps, Reese a encore le temps de percevoir une main de feu qui attaque Connor… Avec cette première indication d’un changement par rapport à l’histoire originelle, le spectateur qui commençait à se demander s’il assisterait à une sorte de «remake» a des doutes.
Des doutes qui seront aussitôt confirmés puisque, quelques minutes plus tard, le déroulement de l’histoire commence effectivement à prendre un autre tournant. Le jeu temporel s’intensifie, au risque de perdre, souvent le spectateur dans les tours et détours du scénario, entre le passé, le présent, le futur, doublant et triplant même les possibles du temps. L’exemple le plus suggestif étant les souvenirs doublés de Kyle Reese, d’un passé où il est né après le jour du Jugement et d’un autre où il se rappelle d’une maison en pleine verdure, du soleil qui brille et d’une phrase qui pourrait suggérer que le futur n’est pas encore écrit, n’est pas inéluctable, qu’on peut encore changer sa destinée. Des complications temporelles qui peinent à être logiques. D’ailleurs on dirait même que les personnages du film n’arrivent pas non plus à les capter, puisque dès qu’il s’agit de donner des explications, le scénario brouille les dialogues. En tout cas, selon des propos attribués au réalisateur lui-même accordés à www.thedailybeast.com, le souci de comprendre n’est pas vraiment primordial: «Il y a une scène où J.K. Simmons arrive et dit: «Ce que vous faites a l’air très compliqué». Et Sarah Connor lui répond: «On est là pour sauver le monde!». Ce à quoi il réplique: «Ça me va». Et en fait, c’est cela que nous disons au public: «Ne t’embête pas avec ça, on sauve le monde!». Et essentiellement, on vous divertit en vous proposant, avec toute une série de clins d’œil, un effluve d’une saga mythique adaptée à la sauce ultra-technologique.
Entrons donc dans le jeu complexifié des créateurs de cette suite. Mais là où le film pose problème, c’est au niveau des acteurs. Mis à part Arnold Schwarzenegger qui se distingue dans le rôle d’un Terminator à l’apparence vieillissante, appelé affectueusement «Pops», par Sarah Connor, au jeu tout aussi mécanique, déshumanisé, cynique et tendre, le reste des acteurs n’a rien de brillant. Problème de casting peut-être, le résultat est un jeu très classique, peu convaincant et surtout dépourvu de charisme: Emilia Clarke, alias Daenerys Targaryen dans Game of Thrones, est loin d’afficher le caractère bouillonnant de Sarah Connor; Jai Courtney (Divergent II, Jack Reacher…) incarne un Kyle Reese très froid; Jason Clarke (Dawn of the planet of the apes) ne parvient pas à incarner la figure emblématique de John Connor, au-delà du bouleversement scénaristique. Une tête d’affiche au final assez quelconque pour un blockbuster, et qui n’arrive pas à être sauvée par les personnages secondaires: J.K. Simmons, toujours pétillant, Matt Smith, alias Dr. Who… Cela dit, Terminator Genisys remplit son contrat à moitié, en proposant essentiellement deux heures de divertissement et quelques sourires.
Nayla Rached
Circuit Empire – Grand Cinemas.