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Nº 3012 du vendredi 31 juillet 2015

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POLITIQUE

Après l’assassinat d’el-Ordoni. Les extrémistes gagnent du terrain à Aïn el-Heloué

L’assassinat de Talal el-Ordoni (le Jordanien), un haut cadre du Fateh, dans le camp palestinien de Aïn el-Heloué, représente une escalade sans précédent entre les factions palestiniennes modérées et le mouvement extrémiste des Jeunes musulmans, composé des membres des mouvances terroristes de Fateh el-Islam et de Jund el-Cham.

Le colonel Talal Balhouné, surnommé el-Ordoni, faisait partie du mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas. Il a été tué par balles samedi 25 juillet, alors qu’il arpentait le quartier de Hittin, dans de camp de Aïn el-Heloué, à Saïda.
Des caméras de surveillance placées dans la rue ont filmé l’attentat. A première vue, trois individus à moto auraient tiré sur el-Ordoni et ses gardes du corps. La première moto transportait des membres du mouvement de Chabab el-Islam (Les jeunes musulmans), notamment Omar Natour, Sari Hjeir et Bilal Badr. «Bien qu’il n’y ait pas eu de confirmation officielle de la part du Fateh, certaines sources au sein du mouvement ont identifié les membres de Chabab el-Islam», commente hajj Maher Oueid, chef d’Ansarallah dans le camp. Badr, qui est à la tête de cette bande, aurait été le premier à tirer sur el-Ordoni.
 

Homme de consensus
Ce n’est pas la première fois que Talal el-Ordoni est pris pour cible. Il aurait échappé à de multiples attentats, le dernier en date ayant eu lieu en mai dernier, lorsqu’une bombe a été placée sur son chemin par la mouvance des Chabab el-Islam. Le groupe terroriste entretiendrait des liens avec le Front al-Nosra et l’Etat islamique (EI), selon des sources palestiniennes.
Un des deux gardes du corps qui accompagnaient el-Ordoni le week-end dernier a été tué dans l’attaque. L’officier dirigeait la Brigade des martyrs de Chatila, une division au sein de la sécurité nationale palestinienne à Aïn el-Heloué, le plus grand des douze camps de réfugiés palestiniens au Liban.
El-Ordoni aurait été une sorte de trait d’union entre les deux mouvances principales au sein du Fateh, notamment celle du Comité central à Ramallah, dirigée par le président Mahmoud Abbas et le Mouvement de réforme, présidé par un autre membre influent du Fateh, Mohammad Dahlan.
A la suite de l’incident sécuritaire, la tension est montée dans le camp où des tirs sporadiques ont été entendus. Des militants armés ont également pris position dans les rues de l’enclave palestinienne. Quelques familles ont pris peur à la suite de l’incident et auraient également quitté leurs maisons. Plusieurs grenades ont été lancées durant la nuit ayant suivi l’attentat, sans faire de victimes.  
Le camp abrite près de 17 factions armées, le Fateh étant une des factions les plus puissantes. On a cependant assisté, ces dernières années, à la montée des mouvances salafistes, dites dures, comme Fateh el-Islam et Jund el-Cham, aux dépens d’autres formations aujourd’hui devenues relativement plus modérées, comme celles de Osbat el-Ansar, un groupe salafiste. «Il est cependant douteux que Osbat el-Ansar puisse intervenir pour résoudre cet incident, étant donné que ses rapports avec Chabab el-Islam ont dégénéré depuis l’assassinat d’un des membres de la nébuleuse attribué à un membre du  groupe salafiste», assure hajj Maher.
Cet incident sera certainement suivi d’un regain de tension, notamment après le retour du commandant Mohammad Issa, surnommé el-Lino, représentant l’aile dure du Fateh, et qui aurait ordonné de nombreux attentats ayant visé les personnalités islamistes du camp, lors des cinq dernières années. El-Lino était en voyage en Egypte où il aurait rencontré Mohammad Dahlan.
«Le comité regroupant les diverses factions tente de calmer la situation, mais cela sera certainement difficile vu la gravité de l’incident», prédit Hajj Maher.

Mona Alami

Menace et protestations
Lors des funérailles d’el-Ordoni, qui ont rassemblé de nombreux cadres du Fateh, des sources au sein du mouvement auraient juré de venger l’assassinat «au moment propice».
Par ailleurs, des Palestiniens ont manifesté pour dénoncer les mesures prises par l’Unrwa visant à diminuer les aides attribuées aux réfugiés, notamment sur les plans de la santé et de l’éducation.

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