Un tour de force, un défi immense que Roy Khoury a levé haut la main… la voix et les pieds… Parce que ça a swingué, ça a claqué, ça a chanté, ça a fait sourire, rêver… et parce que ça nous a fait passer une soirée des plus agréables et des plus dépaysantes.
Avant tout: dans la «fosse» creusée sous la scène, un orchestre accompli, sous la direction de Kamal Saïkaly, qui a interprété certes des airs archiconnus, mais avec un panache et une précision irréprochables. Donnant le ton à ces fameuses opérettes new-yorkaises, la vingtaine de musiciens nous ont plongés dans l’ambiance glamour et légère des plus grandes productions américaines. Chapeau. Mais pas seulement. Aussi grande révérence devant la mise en scène bien enlevée et pensée avec intelligence et humour. Une chorégraphie infatigable, des costumes variés et généreux, des voix talentueuses (pour la plupart), des décors judicieux qui évoluent subtilement (on pensera au Phantom of the Opera), un éclairage recherché qui donne la couleur, crée l’ambiance et va jusqu’à introduire une arcade d’église pour faire danser et chanter les religieuses de Sister Act.
Des tableaux brillamment menés qui ont eu le plus grand mérite de nous emmener, bas grésilles et chaises de bistrot à l’appui, dans les bars enfumés de Chicago The Musical, ou dans l’ambiance rythmée des danseurs aux claquettes de «Cabaret» ou, et c’est là le plus grand tour de force de ce spectacle, un spectacle qui nous a fait entrer, yeux et oreilles, dans l’esprit même de Broadway, celui du plaisir, de l’humour (on salue ici la prestigieuse prestation du duo mémorable d’Anything you can do d’Annie get your gun) et du divertissement.
Un seul bémol: dommage que cette production d’une cinquantaine d’artistes professionnels, produite par Abdo el-Khoury et Nayla el-Khoury Saadé, chorégraphiée et dirigée par Roy Saadé, avec la participation de Manal Mallat, Kristian Abuanni, Corine Metni, Andrea Bou Nehmé, The Swinging Sisters, Nada Bou Farhat, dommage que cette version achevée de Broadway version Zouk n’ait été sur scène que pour une soirée unique. On en aurait voulu encore.
Gisèle Kayata Eid