Sous l’intitulé Hommage à la patrie (Tribute to Motherland), Beiteddine Art Festival accueille, au cœur du palais, une exposition de Gibran Khalil Gibran. Quand le Prophète se décline en peinture…
Pour la première fois, les œuvres picturales de Gibran Khalil Gibran s’exposent extra-muros, en dehors des frontières de son musée à Bécharré. C’est dans le cadre du palais de Beiteddine qu’elles ont atterri, pour s’offrir au regard des visiteurs, notamment les festivaliers, qui ne cessent d’affluer, concert après concert.
Jouxtant les gradins installés, dans les murs de la salle en arcade de pierres anciennes, chacune des toiles exposées bénéficie d’un espace bien à elle, délimité, éclairé, aéré, pour donner la parole aux couleurs, aux formes, aux résonances, à l’art de Gibran Khalil Gibran. Dans des tons terre, ocre et feu, empruntant parfois aux nuances du ciel, au cœur des formes du corps humain, des portraits et des autoportraits, des paysages naturels, au fusain, au crayon, à l’aquarelle, croquis, esquisse ou peinture, entrée de plain-pied dans un univers de poésie, de littérature, d’esthétique et de sagesse.
Le temps de s’arrêter devant tel ou tel tableau, de voyager à travers le temps et l’espace, le regard est aussitôt attiré vers le milieu de la salle: dans un meuble ancien en bois, sous scellés, sont exposés au regard quelques manuscrits et lettres de la main même de Gibran Khalil Gibran. Des documents rares qui permettent au visiteur de pénétrer au cœur même du processus d’écriture et de créativité, nécessairement intime de tout écrivain ou artiste. En arabe ou en anglais, au fil d’une écriture serrée et propre pour la première langue, penchée ou aérée pour l’autre, se révèle peut-être une différence de rapport entre l’écrivain et chaque langue qu’il manipule.
De l’autre côté de la salle, un écran télévisé projette des images tantôt d’un court métrage produit par Milad Tawk pour le Comité national de Gibran, retraçant la vie de l’écrivain, tantôt des images du film d’animation The Prophet, porté à cœur par Salma Hayek et dont la bande-son originale est composée par Gabriel Yared.
Nayla Rached