Des députés du Futur mécontents
Des députés du Courant du futur expriment leur malaise au vu de ce qui se passe. «La crise actuelle, disent-ils, est exclusivement dans notre camp à tel point qu’elle a réussi à créer des lignes de démarcation entre nous. Nous comprenons que nul n’accepte que sa région se transforme en dépotoir. Mais nos partisans vivent en dehors de la capitale et réagissent. Ils disent avoir été touchés de tous côtés. A Beyrouth, les discours traditionnels sur les ordures et les appels à des solutions, ainsi que la colère populaire n’ont plus aucune valeur. En parallèle, une source parlementaire du 8 mars indique que le Premier ministre Tammam Salam reproche à Walid Joumblatt et au Courant du futur de rester passifs devant les critiques qui le visent.
Scénarios d’une crise multiforme
Des informations fondées sur des rapports sérieux font état d’un plan d’assassinats pour éliminer ceux qui déséquilibrent les rapports de force. Tel fut le cas avec l’assassinat du président René Moawad en 1989. Ces risques militaires et sécuritaires s’accompagnent de crises politiques paralysant les institutions de l’Etat. Certains conseillent au Premier ministre Tammam Salam de démissionner, son action sera plus bloquée si le principe des 24 signatures pour chaque décision sera requis. Avec la démission, Salam aura les mains libres pour régler les affaires de l’Etat en ayant des contacts personnels avec les ministres. On y ajoute la possibilité de couper la route au général Michel Aoun dans les nominations sécuritaires. Certains voient dans la démission du gouvernement une pression supplémentaire sur les différentes parties pour les pousser à accepter un compromis et un congrès de réconciliation à Mascate et non pas à Doha.
C’est la faute à Aoun
Le sérieux différend politique qui oppose le Hezbollah au Courant du futur tient au général Michel Aoun. Pour le Hezbollah, le problème est dans le camp du Futur. Ce dernier voudrait que Aoun convainc son allié d’arrêter l’escalade politique et la paralysie du gouvernement. Le Hezbollah, allié du général, refuse d’intervenir entre Michel Aoun et Saad Hariri. Il l’a affirmé au cours de ses rencontres avec le Futur. «Vous vous êtes entendu avec le gouvernement sur la nomination d’une dizaine de directeurs généraux sans vous concerter avec nous à l’époque. Nous n’avons pas participé au dîner d’anniversaire du général. Nous sommes tous deux d’accord sur la nomination de Chamel Roukoz commandant en chef de l’armée. Vous dites le soutenir, mais vous réclamez une contrepartie politique: la présidence de la République. Ni lui, ni nous, ne pouvons vous l’accorder. S’il est élu président avec l’appui des Américains, des Iraniens et des Saoudiens, vous ne pourrez pas leur dire «non». Si vous appuyez sa candidature sans le feu vert des Américains et des Saoudiens, sera-t-il élu? Adressez-vous donc directement au général Aoun. Sans lui, rien ne se fera».
Les raisons du désaccord
Des sources proches du Hezbollah disent que le Courant du futur, encouragé par l’Arabie saoudite, cherche à créer la discorde entre le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, et le Hezbollah. L’étroite relation entre les deux parties pendant les années précédentes était la principale raison de l’embarras du Courant du futur. Saad Hariri, en revenant sur son accord avec Michel Aoun sur le dossier des nominations sécuritaires, ne visait pas uniquement le chef du Courant patriotique libre mais également le Futur qui, réalisant que le Hezbollah ne renoncerait pas à son allié, a voulu l’impliquer dans le refus de faire succéder Chamel Roukoz à Kahwagi à la tête de l’armée.
Ce que Nasrallah a occulté
Des partisans du Courant du futur ont relevé le fait que, dans son dernier discours, sayyed Hassan Nasrallah n’a fait aucune allusion à Zabadani où le Hezbollah mène une bataille féroce. Il n’a pas non plus fait allusion au Yémen après la «libération d’Aden de l’hégémonie houthie». Sur le plan libanais, selon les mêmes observateurs, le secrétaire général du Hezbollah a présenté une équation interne claire. Il y a mis en garde le Premier ministre de toute démission sous peine d’entraîner le pays vers l’inconnu. Il a appelé le Futur à dialoguer avec le général Michel Aoun, autrement dit à soutenir le gouvernement. Nasrallah impose ses équations internes et annonce être partie prenante au conflit autour de l’action gouvernementale.
L’appel russe
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a adressé il y a quelques semaines, à son homologue libanais Gebran Bassil, à travers les réseaux diplomatiques, un message appelant les députés chrétiens à élire un locataire de la présidence vide depuis le 25 mai 2014. Il a souligné que le général Michel Aoun ne bénéficiait pas de fortes chances d’accéder à la présidence. Comme il est également difficile que le chef de Forces libanaises, Samir Geagea, y arrive. C’est pourquoi, écrit Lavrov, les deux hommes doivent ouvrir la voie à un candidat consensuel. Les mêmes sources relèvent que «la Russie considère que le premier responsable du torpillage de la présidentielle est le général Aoun, Samir Geagea ayant informé les Russes de sa disposition à sélectionner le candidat adéquat.
Retour aux sources
Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a remis à flot le député Ghazi Aridi et son rôle politique en lui confiant une mission importante dans les relations avec l’Iran. Aridi était en charge du dossier des relations avec l’Arabie saoudite, qui a été remis à Waël Abou Faour. Joumblatt suit les démarches iraniennes dans la région depuis la signature de l’accord nucléaire et applique la trêve dans ses relations avec l’Iran et le Hezbollah. Aridi, qui avait accompagné Joumblatt dans sa tournée à l’aéroport de Beyrouth, avait eu des propos sur l’Iran et son rôle majeur à cette période. Il a critiqué les politiques arabes, notamment les pays du Golfe et, à leur tête, l’Arabie saoudite, sans citer de noms, considérant qu’ils avaient dilapidé des milliers de dollars au moment où Téhéran construisait un arsenal nucléaire et s’imposait parmi les plus grands.
Hariri-Geagea: dialogue sincère
Au cours de leur rencontre à Jeddah, le président Saad Hariri et le docteur Samir Geagea, le dialogue était ouvert. Il existait, entre les deux hommes, une divergence sur la présidence de la République. Alors que Hariri appelle à un candidat consensuel pour embarrasser l’Iran, Geagea considère que l’Iran n’est nullement intéressé par nos intentions, c’est pourquoi il faut renforcer les positions du 14 mars, les députés du Futur étant fidèles à leur présence place de l’Etoile avec l’espoir d’élire un président et empêcher des Libanais de combattre en Syrie. Il a insisté sur la priorité de la loi portant sur les naturalisations et sur la loi électorale dans le cadre des législations dites nécessaires.
Passage assuré à Moukhtara
De nombreuses explications ont circulé sur les raisons qui ont porté le député Walid Joumblatt à ouvrir une voie permettant d’arriver à Moukhtara sans passer par Bekaata. Selon un politicien de la région, cette route, qui n’a plus été ouverte depuis quelque temps, va de l’est de Baakline et s’étend jusqu’à la région dite al-Jdeidé. Elle permet de rejoindre le cœur du Chouf sans traverser Bekaata et éviter ainsi les embouteillages provoqués par le marché populaire concurrent du souk de Baakline. Il se situe au cœur d’un grand centre moderne qui s’élargit de plus en plus jusqu’au rond-point de Beiteddine – au croisement de Aïn wa Zein. Ce centre peut constituer un risque pour la sécurité de Joumblatt, parce que des druzes de toute la région du Chouf y vivent, dont un certain nombre de druzes syriens. De récents incidents ont prouvé qu’ils n’étaient pas partisans du camp joumblattiste. Bekaata est, par ailleurs, relativement moderne, son développement remonte au siècle dernier, marqué par le début de la guerre civile.
Tom Fletcher: pour une Syrie sans Assad
A la veille de son départ du Liban, l’ambassadeur de Grande-Bretagne, Tom Fletcher, déclare que la position de son pays à l’égard de Bachar el-Assad n’a pas changé. Le gouvernement britannique soutient une solution politique à la crise syrienne et une phase transitoire du pouvoir syrien, dans laquelle la parole reviendrait au peuple… Le scénario au lendemain de la chute du régime, selon la vision anglaise, est la formation d’un gouvernement comprenant toutes les composantes syriennes, mais sans la participation d’Assad qui profite du terrorisme. «Tant qu’il sera présent, Daech se renforcera». Fletcher nie l’existence de tout canal politique ou de renseignement européen ouvert sur la Syrie, comme il plaît à Assad de le faire croire. «Ceci est faux. Les diplomates britanniques ont quitté l’ambassade de Damas depuis trois ans pour celles de Beyrouth et d’Istanbul. «On ne peut pas prévoir leur retour avant longtemps», dit Fletcher.
Erreurs stratégiques
Des manœuvres- surprises de l’armée israélienne ont provoqué, ces deux dernières semaines, une forte tension au Sud. Selon une source informée, Israël aurait tenté d’atténuer son échec dans l’assassinat du résistant libanais Samir el-Kantar, dans le Golan. L’attaque contre l’ancien plus célèbre détenu libanais dans les geôles israéliennes et d’un groupe de résistants était programmée, mais les Renseignements israéliens seraient tombés dans un piège sécuritaire ciblé. L’échec de l’opération Kantar a coïncidé avec des développements politiques et militaires au nord de la Syrie. La stratégie de la Résistance serait d’empêcher Israël de changer les équilibres sur le front sud, même si cela devait dégénérer en guerre. Tel-Aviv avait annoncé vouloir placer des batteries de missiles du «dôme d’acier» en Galilée en prévision, comme le disent les porte-paroles israéliens, d’une guerre-surprise avec le Liban et la Syrie. Les observateurs pensent que l’un des buts de ces manœuvres est de renforcer la position israélienne dans les cercles diplomatiques régionaux et internationaux.
Un parti syrien fondé… au Liban
La création du parti groupant des Syriens nationalistes actifs non liés au Parti syrien national social (PSNS) a été annoncée, dimanche dernier, presque sans couverture médiatique. Selon une source informée, ce nouveau parti, qui affirme sa fidélité aux principes d’Antoun Saadé, dément la rumeur de son affiliation au 14 mars. La première action menée par les fondateurs du nouveau parti fut une manifestation à la mémoire d’un membre éminent du PSNS, Nabil el-Alam.
Par ailleurs, un rassemblement de Tripolitains, membres du PSNS, a été organisé devant un mémorial à l’entrée du camp de Nahr el-Bared, où ont été déposées des couronnes de fleurs à l’occasion de la fête de l’armée. Le parti avait fermé ses bureaux à Tripoli il y a trois ans et n’avait plus mené aucune activité depuis. Il faut souligner que le PSNS avait réalisé de nombreux changements idéologiques et connu des divisions selon les étapes politiques au Liban et au Levant.