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Nº 3014 du vendredi 14 août 2015

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Mashrou’ Leila. Quand les artistes envoûtent le public

Près de 4 000 personnes ont assisté au concert donné par Mashrou’ Leila dans le cadre de Beirut Holidays au Biel. Il faut voir ces musiciens sur scène pour percevoir cette incroyable alchimie les liant à leur public qui leur réserve un accueil très particulier, ce public qui, grâce à son soutien indéfectible, les a propulsés sur la voie du succès et d’une reconnaissance devenue désormais internationale.
 

Aussitôt que les lumières s’allument inondant la scène de lasers multicolores, que la voix du charismatique chanteur Hamed Sinno s’élève sur les premières notes de Habibi byehki bel ajnabé web yeldogh bel arabé, c’est littéralement la folie dans la salle. La musique est presque occultée du fait des cris d’enthousiasme lancés par les fans et leurs applaudissements frénétiques. Les tubes s’enchaînent provoquant le même délire et repris en chœur par le public formé de jeunes et de moins jeunes. Fassateen, el-Hal Romancy, Chem el-yasmine, Im BimBillillah, el-Watan (dédiée au Liban), Wen3id (qui parle du Printemps arabe), 3 minutes, Imm el-Jacket wel-bantalon, Skandar Maalouf (chanson dans laquelle la voix de Hamed monte vers des aigus)… Ils reprennent aussi à leur compte des classiques de la pop dont Toxic de Britney Spears et Get Lucky de Daft Punk. Et quand Hamed se déhanche de façon lascive et sensuelle, la fièvre s’empare de la salle. Lorsque Haig le violoniste fait parler son violon, une ferveur sans nom se fait ressentir, et quand Firas et Ibrahim soutirent aux cordes de leurs guitares et basses divers sons et intonations, les spectateurs s’emballent pendant que Carl sur sa batterie soutient sa cadence et lance des baisers fiévreux à ce public devenu désormais partie intégrante de leur spectacle. Un concert sans fausse note, à la hauteur des milliers de fans fidèles au rendez-vous.
C’est en 2008 que ces jeunes étudiants en architecture et design de l’AUB (American University of Beirut) forment le groupe le baptisant Mashrou’ Leila, qui signifie «Le projet d’une nuit». Des rythmes inclassables et des tabous brisés. A l’époque, ce genre musical n’existait pas vraiment, et c’est justement ce qui a fait leur succès qui ne s’est pas démenti depuis. Le groupe chante en arabe libanais et parle de sujets qui concernent la nouvelle génération comme les relations entre les personnes de religions différentes, la corruption qui sape le monde arabe, la sexualité avant le mariage, l’homosexualité, le Printemps arabe… Cette différence les caractérise dans un monde arabe paralysé par les tabous. Mashrou’ Leila compte désormais 300 000 amis (friends) sur les réseaux sociaux. Il lancera le 28 novembre prochain son quatrième CD à Londres. «Mashrou’ Leila, le groupe libanais le plus célèbre au monde». C’est ainsi que les organisateurs du festival du Biel ont présenté la troupe et la tournée qui l’attend à partir du mois d’octobre le confirme: toutes les capitales du monde s’arrachent le groupe qui tiendra des concerts aux Etats-Unis, en Europe, au Maghreb et au Moyen-Orient dans les salles les plus prestigieuses.

Danièle Gergès

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