Dans le cadre d’une tournée régionale marquant le passage à une nouvelle étape, à la suite de la signature de l’accord sur le nucléaire iranien, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, n’a pas manqué de s’arrêter au Liban, pour une visite de 24 heures. Un programme chargé, pour faire le point sur la situation locale et régionale, a occupé le ministre iranien, du mardi 11 au mercredi 12 août.
Depuis son arrivée à l’aéroport de Beyrouth, aux alentours de 17h, Mohammad Javad Zarif souligne: «Dans notre région, nous avons besoin, en urgence, de coopérer et de profiter des occasions conjointes propices pour affronter les défis qui nous guettent». Accueilli par Hani Qobeissi, représentant du président du Parlement libanais, par le ministre Hussein Hajj Hassan, représentant le secrétaire général du Hezbollah, par les députés Nawar Sahili et Bilal Farhat, du Bloc de la Fidélité à la Résistance, ainsi que par Mohammad Fateh Ali, ambassadeur de la République islamique d’Iran (RII) à Beyrouth, le ministre Zarif déclare: «Nous avons devant nous une chance historique dans cette région au moment où nous constatons que l’entité sioniste est en train de s’adonner à un jeu dangereux concernant le nucléaire iranien», un jeu qui ne durera pas longtemps, puisque voué à l’échec, selon le ministre iranien des Affaires étrangères. Cette chance historique se manifeste par une volonté de «coopération entre les deux gouvernements iranien et libanais, et entre les peuples de ces deux pays, afin d’amorcer un nouveau départ qui puisse servir l’intérêt des pays de la région».
Première destination de Zarif à la suite de son arrivée à Beyrouth: le Grand sérail, pour rencontrer, pendant 35 minutes, le président du Conseil des ministres, Tammam Salam, avec lequel il a discuté du «rôle majeur joué par le Premier ministre en faveur de la sécurité, de la coopération et de la lutte contre le terrorisme», comme précisé à la conférence de presse qui a suivi la rencontre.
Dans la soirée, Mohammad Javad Zarif a rencontré le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, pour discuter des actualités locales et régionales. Le diplomate iranien a également rencontré, dans la matinée du mercredi, une délégation des factions palestiniennes à l’hôtel Phoenicia, pour se rendre ensuite à Aïn el-Tiné et rencontrer le président de la Chambre libanais, Nabih Berry. Zarif s’est enfin entretenu avec le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil.
Le ministre iranien a affirmé que l’Iran ne compte pas s’immiscer dans les affaires internes libanaises, espérant que le dialogue se poursuive entre les différentes parties.
Les thèmes évoqués
L’essor des coopérations irano-libanaises, notamment la coopération économique, la situation actuelle au Liban, les événements de la région et la crise du terrorisme et de l’extrémisme, la crise syrienne, l’explication des dimensions de l’accord nucléaire Iran/5+1 et les opportunités qu’il offre…Tant de questions au cœur de la visite du ministre iranien au Liban. Au lendemain de la conclusion de l’accord nucléaire, renforcer les relations conjointes, expliquer la nature de l’accord nucléaire et transmettre au Liban un message selon lequel «l’approche stratégique iranienne envers ce pays demeure inchangée» s’avèrent nécessaires pour la diplomatie iranienne. Plus encore, œuvrer pour la mise en place d’un système régional uni favorisant la lutte contre le terrorisme, pour résoudre notamment le problème syrien, constitue un des objectifs essentiels de la visite du ministre Zarif.
Sur le plan local, la stabilité du Liban est une priorité iranienne, avec un gouvernement qui rassemble tous les protagonistes libanais et l’échéance de l’élection présidentielle doit être respectée. Plus encore, l’Iran semble être prêt à coopérer avec le Liban dans le secteur bancaire et à participer à la résolution de la crise des déchets. En ce qui concerne la Syrie, le peuple syrien constitue une priorité pour la République islamique «convaincue que le gouvernement syrien ne peut éliminer complètement les terroristes. Ces derniers sont incapables de renverser le président Bachar el-Assad. Le premier perdant est le peuple et le territoire syriens. Ce problème affecte toute la région d’où la nécessité de trouver des solutions imminentes». Selon Zarif, le Liban, tout comme la Syrie, se trouve sur la première ligne du front des combats contre les menaces du régime sioniste et bénéficie, donc, d’une place privilégiée dans la politique étrangère de la RII.
Natasha Metni
Tammam Salam en visite à Amman
C’est au lendemain de sa rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, que le Premier ministre libanais, Tammam Salam, a pris l’avion, mercredi matin, pour Amman, dans le cadre d’une visite officielle. Accompagné des ministres de l’Economie, Alain Hakim, du Tourisme, Michel Pharaon, de l’Information, Ramzi Jreige, de la Jeunesse et des Sports, Abdel-Mottaleb Hennaoui, de l’Agriculture, Akram Chéhayeb, des Affaires sociales, Rachid Derbas, et du ministre de la Réforme administrative, Nabil de Freige, le chef du gouvernement devait assister aux réunions de la commission libano-jordanienne, dont la dernière remonte à 2010. Le Premier ministre libanais et son homologue jordanien, Abdullah Ensour, ont présidé les réunions, dont la finalité consiste à discuter des moyens permettant de consolider les relations bilatérales et d’améliorer la coopération entre les deux pays, notamment sur le plan du commerce, de l’économie et de l’investissement. A noter que la valeur du commerce entre la Jordanie et le Liban remonte à 252,2 millions de dollars en 2014, contre 287,6 millions en 2013. Ces 10% de différence sont dus à l’instabilité qui scande la région actuellement. Rappelons que cette valeur a atteint les 89,5 millions de dollars lors des premiers cinq mois de l’année 2015. Les conférenciers ont également débattu de la crise syrienne, dont l’effet dévastateur sur le Liban et la Jordanie qui accueillent ensemble plus de deux millions de réfugiés. Salam a déclaré dans son allocution d’ouverture que les deux pays souffraient fortement de la crise syrienne et de la montée du terrorisme qui frappe notamment la région. Il a également souhaité que cette visite puisse constituer une nouvelle phase de coopération entre le Liban et la Jordanie. Des pourparlers entre Salam et le roi Abdallah II, ainsi que d’autres responsables jordaniens ont été prévus lors de la visite du Premier ministre libanais à Amman.
N.M.