Magazine Le Mensuel

Nº 3015 du vendredi 21 août 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Prolongation de la crise présidentielle
Le règlement de la crise présidentielle n’est pas proche. Un dénouement des tensions sur la scène libanaise, comme l’avancent des sources politiques, ne peut qu’émaner des nouveaux équilibres sur la scène syrienne dont les contours restent indéchiffrables. Les calculs effectués par les divers acteurs libanais sont contradictoires: pour le 8 mars, si le règlement prévoit le maintien du président Bachar el-Assad et de son régime, rien n’empêchera l’accession du général Aoun à la présidence, en contrepartie du retour du président Saad Hariri au Sérail. Pour le 14 mars, et le Courant du futur en particulier, si le règlement en Syrie ne prévoit pas le départ d’Assad, cela ne signifie pas forcément que ses alliés à Beyrouth pourront imposer leur candidat. Au contraire, les chances d’un président consensuel seront plus grandes, parce que les parrains internationaux et régionaux de l’entente demanderont à Téhéran de prouver ses bonnes intentions à l’égard de l’Arabie saoudite et c’est sur le dossier libanais que les concessions sont les plus faciles.

 

Hariri-Joumblatt: accord en quatre points
Dans le cadre de leur rencontre à Paris, l’ex-Premier ministre Saad Hariri et le député du Chouf Walid Joumblatt ont conclu un accord en quatre points qui se résume comme suit:
– Laisser la tempête aouniste s’estomper avec le temps…
– Rejeter le projet de majoration de l’âge de mise à la retraite des militaires.
– Réactiver le gouvernement en dépit des secousses.
– Ouvrir une séance parlementaire extraordinaire sous la bannière de la «législation d’urgence».

 

Démissionnera, démissionnera pas
Le Premier ministre Tammam Salam s’inquiète réellement du blocage du gouvernement, comme le rapportent ses visiteurs. «Il songerait sérieusement, d’après certains, à poser sa démission au cas où on continue à vouloir présenter le conflit comme étant islamo-chrétien. Mais, ajoutent-ils, il n’est pas disposé à franchir ce pas dans l’immédiat et à laisser le pays aller à la dérive. «Le président du Conseil des ministres est conscient qu’à l’ombre de la conjoncture régionale actuelle, il est impossible de former un nouveau gouvernement».

 

Machnouk: la solution est chez Berry
«La seule personnalité capable de gérer la crise rationnellement et avec sagesse est le président Nabih Berry… Au bout du compte, c’est là que la solution sera trouvée». Ces propos du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, répondaient à une question relative à la conjoncture gouvernementale. Il a ajouté: «Adoptons la législation d’urgence en Conseil des ministres pour faciliter la vie des gens ou alors démissionnons… Nous traversons une phase de transition et non de décision ou de pose de nouvelles bases… Ce gouvernement qui représente l’Etat et le peuple doit autant que possible accompagner cette étape jusqu’à sa fin s’il peut assumer cette charge».

Cap sur l’Arabie saoudite pour Samy Gemayel?
Lundi, l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Ali Awad Assiri, était à la maison des Kataëb pour féliciter le nouveau chef élu du parti, Samy Gemayel. Dans les coulisses, on parle d’une visite, dont les préparatifs sont en cours, que ce dernier effectuerait en Arabie. Au programme: des rencontres avec les hauts responsables du royaume, à l’exception du roi Salmane Ben Abdel-Aziz.

Les fonctionnaires sans salaires?
La question des salaires des fonctionnaires est le grand dossier qui joue en faveur de l’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre. Parce que si les membres du Parlement ne valident pas le virement des crédits pour le paiement de ces salaires, le ministère des Finances sera dans l’incapacité au mois de septembre de régler leur dû aux fonctionnaires, comme ne cesse de l’affirmer le ministre Ali Hassan Khalil.
 

Pas de protestation pour les Marada
Du côté des Marada, on dit que «si jamais le général Michel Aoun lance une nouvelle invitation à descendre dans la rue, cela ne nous concerne pas». Un tel mouvement nécessite des consultations et une coordination préalables, estiment les proches du parti, et surtout une décision prise à de hauts niveaux. «Les relations tendues à l’heure actuelle sont passagères, surtout que le courant politique le plus proche de l’armée est le CPL, il ne faut pas oublier que ce courant est né au cœur de l’institution militaire. C’est pourquoi les différends vont certainement être réglés».

Nominations militaires: ce n’est pas moi qui décide
C’est le président Nabih Berry qui a eu l’idée de proroger le mandat du général Jean Kahwagi pour une période d’un an au lieu de deux, dans le but de ne pas donner un signal négatif concernant la présidence de la République. Quant au commandant en chef de l’armée, il aurait déclaré devant ses visiteurs: «Michel Aoun se trompe. C’est avec les forces politiques qu’il a un problème, pas avec moi. Il veut m’attirer vers l’avant-scène, mais je ne me laisserai pas entraîner à répondre. Je ne suis pas un «decision maker» dans le dossier des nominations qui relève des prérogatives du gouvernement et des ministres concernés. Aujourd’hui, j’accomplis mon devoir à la tête de l’institution militaire et je continuerai à le faire tant que je me trouve dans cette position».

Médiation syrienne entre Berry et Aoun
Damas a sans doute joué au médiateur entre Rabié et Aïn el-Tiné pour éviter une escalade qui aurait pu altérer l’alliance stratégique qui les unit, présument des sources qui ont remarqué des allers et venues confortant leur thèse. Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, chargé par Nabih Berry de prendre le chemin de Damas en compagnie du député Kassem Hachem, a transmis au président Bachar el-Assad, que les deux hommes ont rencontré, un message du président de la Chambre libanaise. Les émissaires auraient été mis dans l’ambiance des «développements régionaux et internationaux relatifs aux réunions américano-russes et syro-saoudiennes et de leurs incidences sur l’avenir de la région, notamment en Syrie et au Liban». Simultanément, l’ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel-Karim Ali, était en visite à Rabié pour «transmettre au général Aoun les salutations du président Assad» et passer en revue avec lui l’évolution de la situation. Hachem a révélé, à son retour de Damas, que les autorités syriennes notent, «un adoucissement du climat arabe». Elles continuent à soutenir que «le dossier présidentiel et la régulation du fonctionnement des institutions au Liban concernent les seuls Libanais. Ce que Damas souhaite, c’est que le Liban préserve sa stabilité».

Le point sur Ersal et son jurd
Les habitants de Ersal attendaient l’entrée de l’armée dans leur village pour prendre en charge la sécurité, selon un activiste local. Ils seraient même, d’après lui, réconfortés par la présence du Hezbollah dans le jurd, parce que les terres agricoles ne sont plus à la merci des éléments armés syriens qui faisaient du chantage aux éleveurs et agriculteurs afin d’obtenir une part des revenus de leur production. Le Hezbollah a interdit ces pratiques et intimé à tous ses combattants et sympathisants de ne pas toucher aux propriétés des gens de Ersal sous peine de sanctions. Le même activiste révèle, par ailleurs, que l’influence des combattants du Front al-Nosra s’amenuise à l’intérieur du village comparativement à la période d’avant leur défaite dans le jurd et d’autres coins du Qalamoun. Il ajoute que, si jamais l’armée entrait dans le village, elle devra forcément pénétrer dans les camps syriens adjacents. Les liquidations entre groupes armés ont récemment repris à Ersal. C’est ainsi que l’officier de l’Armée syrienne libre (ASL), Abdallah Hussein Raféï, a trouvé la mort atteint par une balle sur la place du village.

Tension politique à Barja
Tension politique dans le village de Barja dans l’Iklim el-Kharroub. Les milieux des Barjaouis ont accusé le député Mohammad Hajjar de vouloir exploiter à son avantage les fruits de la bataille politique menée par les habitants pour empêcher l’ouverture d’une décharge publique à Barja en remplacement de celle de Naamé. Ils avaient ainsi bloqué, pendant deux jours, la route côtière entre Beyrouth et le Sud et réussi à entraver le projet. Une partie de la population s’est sentie offensée lorsque les partisans de Hajjar ont voulu hisser ses portraits, alors qu’il se trouvait en Europe au moment du «soulèvement des détritus». Ces mêmes milieux ont alors accusé les protestataires d’appartenir aux Saraya de la Résistance… Il a fallu que le président de la municipalité de Barja intervienne pour calmer les esprits et empêcher la dégradation de la situation dans le village.

L’éclosion des réseaux terroristes
Arrestation de centaines d’individus soupçonnés de faire partie de réseaux terroristes en Arabie saoudite, selon un rapport statistique publié dans des journaux saoudiens. Parmi eux, un Libanais dont l’identité n’a pas été dévoilée. Ce n’est pas la première fois qu’un Libanais est impliqué dans des activités terroristes au-delà des frontières. En analysant les données du rapport, on remarque que l’extension déréglée du milieu urbain constitue souvent un facteur primordial pour l’éclosion de foyers terroristes islamistes dans nombre de pays arabes, dont le Liban. Le nombre d’habitants des villes libanaises est ainsi passé de 2,2 millions de personnes en 1990 à quelque 4,4 millions en 2015, sachant que plus de 88% de la population habitent la ville. Un taux qui devrait atteindre 90% en 2030. L’expérience libanaise de lutte antiterroriste a montré que les îlots sociaux pauvres dans la capitale et les grandes villes – Tripoli, Saïda – constituent un terrain favorable à la percée des radicalismes. Comparativement aux milieux ruraux où il est plus facile d’enrayer ce phénomène, les villes restent le terrain idéal pour l’implantation des réseaux et groupes terroristes qui savent bien manœuvrer au niveau socio-communautaire, surtout auprès des jeunes.
 

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