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Nº 3017 du vendredi 4 septembre 2015

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DOSSIERS

Le produit favori des Libanais. Financer l’achat de biens et de services

Sans doute parmi les produits bancaires favoris des Libanais, les prêts personnels constituent aussi un créneau intéressant pour les banques du pays, malgré les risques de surendettement qui y sont inhérents.

 

Ce sont probablement les plus séduisants. Les prêts à la consommation, appelés aussi prêts personnels, apparaissent comme une catégorie de crédits accordée à des particuliers par des établissements bancaires, afin de financer des achats de biens et services. Automobile, mobilier de maison, équipement en électroménager, les possibilités sont vastes. Un prêt personnel peut tout autant servir à financer un voyage à l’étranger qu’à payer les frais de scolarité d’un étudiant. Les sommes accordées par les banques sont bien évidemment plus faibles que lors de la souscription d’un prêt immobilier, mais les échéances mensuelles restent au rendez-vous. Avec une flexibilité bien plus grande. En effet, pas besoin de s’endetter pour quinze ans pour ce type de prêts. Dans la plupart des cas, l’emprunt personnel se doit d’être remboursé, selon les modalités négociées avec la banque et le montant du prêt, dans un délai allant de 3 à 48 mois. Jusqu’à l’an dernier, le crédit accordé lors d’un prêt personnel correspondait à un maximum de trois fois le revenu du ménage.

 

Opération séduction

Faciles d’accès pour les consommateurs, les produits bancaires de ce type continuent leur opération séduction auprès de leur clientèle. Leur montant n’étant pas forcément excessif, les Libanais y ont recours régulièrement pour pallier la stagnation des salaires, qui ne s’alignent pas sur la hausse du coût de la vie. Ce qui leur permet en outre d’assouvir leurs besoins en consommation. Depuis leur apparition sur le marché libanais il y a plus d’une vingtaine d’années, les prêts à la consommation connaissent une croissance fulgurante, année après année. Les banques, de leur côté, rivalisent d’imagination pour drainer une clientèle qui ne demande qu’à se laisser séduire. Proposer de telles facilités de paiement fidélise incontestablement la clientèle et contribue même à attirer de nouveaux clients. En effet, pour soutenir une croissance régulière, notamment de leurs banques de retail, les établissements bancaires ont tout intérêt à trouver de nouvelles formules attrayantes à proposer à leurs clientèles. Emprunter pour consommer et ainsi atteindre ou tout simplement maintenir un certain niveau de vie apparaît relativement aisé. Le client a le choix entre opter pour un prêt spécifique à son besoin, comme l’achat d’une voiture ou le financement de l’année universitaire, l’achat d’un ordinateur, etc, ou celui d’un prêt personnel pour lequel il n’est pas nécessaire de justifier l’utilisation. Pour les banques, ces «petits» prêts apparaissent comme une manière de toucher des personnes disposant de revenus moyens, voire de revenus modestes, qui ne bénéficient pas habituellement de salaire assez élevé pour contracter un emprunt bancaire plus élevé pour l’immobilier par exemple. Jusqu’alors, les prêts, même minimes, étaient rendus inaccessibles aux plus modestes à cause du coût qu’ils engendraient, et les banques refusaient généralement ce type de demandes par crainte d’insolvabilité du requérant.

 

Les risques existent

Mais attention, souscrire ce genre de prêt, aussi minime soit-il, n’est pas sans risques. Tant pour la banque qui l’accorde que pour le client. Celui-ci doit dénicher l’offre de prêt la plus adaptée à ses besoins, afin d’éviter les mauvaises surprises. Car une bonne lecture des offres permettra aussi de trouver celle qui convient le mieux et, parfois, de réaliser de substantielles économies.

Consolidant sa tendance haussière sur plusieurs années déjà, le crédit à la consommation s’impose aujourd’hui comme un impératif pour maintenir un certain niveau de vie. En parallèle, la profusion des offres de crédit de la part des banques commerciales incite les ménages libanais à y souscrire de plus en plus. Par nécessité ou sous l’effet de séduction, beaucoup de personnes se retrouvent parfois même avec plusieurs crédits. Avec au bout du compte, un risque d’impayé préjudiciable pour le consommateur comme pour les banques émettrices.

Les clients doivent rester prudents et ne pas céder aux sirènes de la consommation à tout crin, pour accumuler les petits crédits qui, au final, représentent un endettement conséquent. Car le risque d’impayés et de surendettement n’est jamais loin. Représentant un danger pour le consommateur, mais aussi pour les banques émettrices de prêts. Ces dernières prennent bien évidemment leurs précautions, en étudiant soigneusement en amont le dossier de chaque demandeur. Chaque établissement bancaire dispose donc d’un département spécifique chargé de l’étude des risques et des dossiers de prêts. Un service de renseignements étroitement connecté à celui des autres banques au Liban. A chaque demande de crédit, notamment quand le client a déjà domicilié son salaire dans une autre banque, une enquête est réalisée à travers ce réseau. La banque obtient ainsi de nombreuses informations sur l’état des créances du client. Elle peut aussi s’appuyer sur les fichiers de la Centrale des risques, qui lui permettent de savoir si le demandeur a déjà d’autres crédits dans des banques concurrentes.

 

Freiner le surendettement

La Banque du Liban a par ailleurs émis en août 2014 une nouvelle circulaire dont l’objectif est de mieux encadrer les crédits à la consommation. Et ainsi, freiner le surendettement des ménages. La circulaire n°369 de l’institution bancaire est ainsi venue modifier la précédente datant du 21 février 2001, afin d’instaurer des plafonds plus stricts en termes de volumes et de conditions de remboursements des prêts au logement, mais pas seulement, puisque les prêts à la consommation – comprenant les crédits automobiles et les prêts étudiants – sont concernés, tout comme les crédits renouvelables. Ainsi, depuis le 1er octobre 2014, date d’entrée en vigueur de la circulaire, le montant des crédits au logement et automobile ne doit pas excéder 75% de la valeur du bien pour lequel on réalise l’emprunt. Pour les prêts de détail, donc ceux liés à la consommation, le remboursement se trouve limité à 45% du revenu mensuel du ménage. De même, la circulaire modifie et renforce les exigences de couverture du risque inhérente aux crédits à la consommation. Il est donc demandé aux banques de constituer des provisions spécifiques pour les crédits à la consommation, afin de pouvoir faire face aux éventuelles difficultés, voire aux défauts de remboursement. Cette limitation a fait grincer des dents, notamment du côté des importateurs automobiles, qui auraient préféré que l’apport personnel du client demeure à 20% au lieu de 25% désormais.

 

Jenny Saleh

 

 

 

Les différents types de prêts

Le client se voit proposer différentes solutions de prêts selon l’usage qu’il désire faire de la somme empruntée.

– Le crédit non affecté apparaît comme une avance de fonds octroyée aux clients pour un usage «libre». La banque ne peut pas contrôler l’utilisation du crédit par le client et donc ne possède aucun gage en contrepartie. Les risques sont donc relativement élevés pour les deux parties.

– Le crédit accordé avec gage intervient lors de l’achat d’un bien précis, comme des produits électroménagers ou une automobile. Si l’emprunteur est en défaut de paiement, la banque peut récupérer le bien acquis, ce qui amoindrit fortement le risque pour elle. Quant au client, il est limité dans son champ d’achat.

– Autre option, le crédit affecté sans gage, dans lequel aucune garantie particulière n’est demandée pour l’achat d’un bien particulier. Le client doit toujours justifier de l’utilisation du prêt, mais la banque ne dispose pas de garantie en cas de défaut de paiement.

– Le crédit revolving ou crédit renouvelable est fréquemment accordé via l’obtention d’une carte de crédit. Le plus risqué pour les deux parties, ce crédit est en fait une avance d’une somme donnée, renouvelable. Quand le détenteur commence à rembourser son prêt, il peut le réutiliser dans la limite d’un plafond maximum disponible. Ce qui peut pousser à la dépense et s’avère dangereux si ce n’est pas bien contrôlé. Autre conséquence pour le client, des taux d’intérêt souvent plus élevés que pour un prêt classique, justement à cause du risque encouru.

 

 

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