Samedi 5 septembre, l’édition 2015 du Festival de Beiteddine s’est terminée en grande pompe, par un hommage à Oum Koulthoum, interprété par la chanteuse égyptienne Reham Abdel-Hakim. Pour notre plus grand plaisir…
Grande, très grande affluence, ce soir-là, le samedi 5 septembre, au palais de Beiteddine, pour le concert de clôture du 30e anniversaire du Beiteddine Art Festival. Un hommage à Oum Koulthoum, «l’astre de l’Orient», par l’une des plus belles voix actuellement, celle de la chanteuse égyptienne, Reham Abdel-Hakim.
Avant le début du concert, sur les deux écrans disposés de part et d’autre de la scène, des extraits d’un documentaire donnent à voir et à entendre le parcours de la plus adulée des chanteuses du monde arabe. Et pour cause, une voix, une prestance, une attitude, qui a marqué tant et tant de générations, poussant même le président égyptien Jamal Abdel Nasser à ne jamais s’adresser à la nation le jour même où Oum Koulthoum se produisait en concert! Une autre ère! Une autre époque!
L’orchestre fait son entrée sur scène, sous la baguette du pétillant maestro Omar Abdel Majid. Les premières notes fusent, le voyage débute en nappes musicales chargées d’émotion portées par un orchestre qui s’est distingué par la justesse et la beauté de son jeu.
Reham Abdel-Hakim paraît sur scène. Loin de toute comparaison, et c’est en cela que réside la force du concert, elle a su s’approprier, d’une manière très authentique et à la fois très moderne, le répertoire de la diva égyptienne. Oum Koulthoum s’est parée ce soir-là de toute la gloire et la mélancolie de notre Orient. En mode contemporain. Une manière de s’approprier nos symboles, nos icônes, de les désacraliser, tout en leur gardant l’aura qui ne cessera jamais de les distinguer. Une impression, une sensation qui se fera de plus en plus prenante à mesure que la soirée s’effile.
Alf leila wa leila… Voix puissante, modulations vocales, séquences musicales, la première partie du concert fait résonner des airs populaires, emmêlés d’une joie de vivre musicale, joyeuse, presque euphorique. Les spectateurs se laissent immédiatement emporter, répétant refrain sur refrain, oscillant les mains dans ce geste symboliquement oriental, révélateur de l’état du tarab dans lequel nous plonge le répertoire d’Oum Koulthoum. Mais c’est surtout dans la deuxième partie que la soirée se fait envoûtement. Reham Abdel-Hakim semble lâcher les brides de sa voix, explorant toutes ses nuances et ses modulations, qui culminent dans ses soupirs pétris de mélancolie et d’extase. Les airs d’Enta omri ne cessent de résonner. Et les artistes reviennent encore sur le devant de la scène pour un dernier adieu. Quand la musique suspend le temps…
Leila Rihani