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Nº 3018 du vendredi 11 septembre 2015

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Imad el-Hout, député de la Jamaa islamiya. «Le Hezbollah veut plus de pouvoirs»

Dans une interview accordée à Magazine, Imad el-Hout, député de la Jamaa islamiya au Parlement, estime qu’une application à la lettre des accords de Taëf est susceptible de mener le Liban vers l’instauration d’un Etat civil. «Mais, insiste-t-il, le Hezbollah tente par tous les moyens de paralyser les institutions pour arriver à un nouveau pacte national qui lui attribuera plus de pouvoirs».

 

Vous avez demandé à travers les médias à sayyed Hassan Nasrallah d’établir un dialogue avec Samir Geagea. Quel est le but de votre suggestion?
Le secrétaire général du Hezbollah a demandé au Courant du futur de se concerter avec Michel Aoun, affirmant que c’est son candidat à la présidence, et qu’il a un poids considérable qu’il ne faut pas négliger. Je ne vois pas dans ce cas pourquoi lui-même ne dialogue pas avec Samir Geagea, figure incontournable sur la scène politique à l’instar du chef du Courant patriotique libre (CPL). Telle est la logique des choses. On ne peut pas prétendre qu’il n’y a que Aoun et seulement lui. Il y a aussi le chef des Forces libanaises (FL).

 

Vous dites, par ailleurs, que les forces du 14 mars ont raté le coche et déçu leur large public qui ne croit plus en leur efficacité. Appuyez-vous donc les manifestations organisées par les collectifs de la société civile pour dénoncer la corruption et le clientélisme?
Le 14 mars a non seulement déçu ses partisans, mais il a prouvé qu’il n’a pas été à la hauteur de la procuration que lui a donnée le peuple le 14 mars 2005. Tous les espoirs ont été placés dans ce mouvement. Qu’en a-t-il fait? Les responsables du mouvement ont fait une révolution pour changer soi-disant les choses, mais ils ont fait pire: ils ont tout monopolisé, tout accaparé, tout corrompu. «Vous puez» a des demandes légitimes concernant la corruption, les problèmes quotidiens qui touchent tous les citoyens et qui n’ont pas été réglés comme l’eau, l’électricité, les déchets, la pauvreté, le manque d’opportunités professionnelles… Tout cela est insupportable. Mais les initiateurs de ces manifestations doivent organiser leurs rangs et avoir des revendications précises qui ne débordent pas vers le politique, parce que cela sera forcément récupéré par certaines forces politiques qui souhaitent créer le chaos et paralyser complètement toutes les institutions pour créer un vide à tous les niveaux étatiques.

 

A qui faites-vous allusion précisément?
Je parle du Hezbollah et de ses alliés qui ne se rendent pas au Parlement pour élire un président de la République et ne permettent au gouvernement de fonctionner que de façon minimale.

 

Dans quel but le Hezbollah agirait-il de la sorte? Pourquoi lui faire porter la responsabilité de la paralysie et du chaos, alors que toutes les forces politiques n’ont pas intérêt à ce que le mouvement de la société civile réussisse?
Seule une application à la lettre des accords de Taëf est susceptible de mener le Liban vers l’instauration d’un Etat civil, ce qui règlerait beaucoup de nos problèmes. D’ailleurs, le pacte national pour rassurer toutes les communautés prévoit l’instauration d’un Sénat. Il faut séparer le religieux de la politique et gouverner le pays loin de toutes les mentalités communautaires ou confessionnelles. Mais le Hezbollah cherche par tous les moyens à paralyser les institutions pour arriver à un nouveau pacte national. Lui seul a intérêt à le faire. Soit toutes ses conditions sont acceptées, soit il change le régime et impose celui qui lui convient.

 

La table du dialogue aboutira-t-elle à un résultat?
Pour que cette table du dialogue réussisse, il faut prendre en considération les résolutions adoptées dans la déclaration de Baabda. Je doute que cela soit le cas. S’entendre sur une feuille de route et en garder les clauses sur le papier sans imposer une réalisation pratique est vain. Actuellement, le Hezbollah souhaite gagner du temps en attendant les développements dans la région du Moyen-Orient et précisément en Syrie. Or, il semble que la guerre est longue et que les solutions ne sont pas pour demain.

Propos recueillis par Danièle Gergès

 

 

 

 

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