Magazine Le Mensuel

Nº 3018 du vendredi 11 septembre 2015

general

Samir Geagea. Discours modéré mais ferme

Les Forces libanaises (FL) ont célébré leur messe traditionnelle en mémoire des martyrs de la Résistance. A cette occasion, le Dr Samir Geagea a adopté un ton déterminé, assurant qu’il n’assistera pas à la table du dialogue initiée par le président Nabih Berry et qu’il combattra la corruption, aussi bien celle de ses adversaires que celle de ses alliés.

 

Dans son discours à Maarab, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a annoncé qu’il ne participera pas à la table du dialogue considérant que rien ne la différenciera des conférences de dialogue tenues par le passé. Le leader des FL qualifie cette initiative de perte de temps destinée à détourner l’attention des vrais problèmes qu’affronte le pays. «La seule chose qui doit être imminente, a-t-il clamé haut et fort, c’est que les députés se rendent au Parlement et élisent un président de la République». «Certes, poursuit-il, nous portons au chef du Législatif une amitié particulière, mais notre estime est une chose et notre position en est une autre». Aussitôt sa phrase terminée, les applaudissements explosent, ses partisans constatant qu’une fois de plus Geagea est conséquent envers lui-même et envers eux. Toutefois, le hakim a nuancé ses propos, disant qu’il se ralliera à cette initiative, à condition que ce dialogue soit articulé autour de la présidence de la République et que le Hezbollah se rende, le 30 septembre, au Parlement pour élire un chef d’Etat. «Sinon, précise-t-il, ce sera et ça restera un dialogue de sourds». Geagea a assuré qu’il n’y a pas de salut sans une république forte parce que la notion d’Etat est en panne quand la décision de protéger le Liban n’est pas exclusivement du rôle de l’armée quand besoin est, sans toutefois nommer directement le Hezbollah comme il le faisait par le passé. Il a clôturé ce volet disant: «Les tentatives d’inquiéter les gens sont vaines et celui qui considère que le président Michel Sleiman était le dernier des chefs d’Etat ne comprend rien à la politique, ni à l’histoire ni à la géographie».

Dans un clin d’œil aux manifestants de «Vous puez» qui manifestent régulièrement pour dénoncer la corruption et la puanteur dégagée par les politiciens de tous bords, il a assuré que les Forces libanaises vont faire une révolution sur tout ce qui relève de ce sujet. «La situation actuelle est insupportable, dit-il, et le gouvernement doit démissionner à condition qu’un cabinet productif soit formé», assurant que les FL n’arrondiront pas les angles quand il s’agit de la corruption ni avec leurs adversaires ni avec leurs alliés parce que ce phénomène est désormais généralisé. «Quand des politiciens sont corrompus, tout le monde glisse sur cette voie et quand des personnes du 8 et du 14 mars s’entendent à partager les gains, les deux bords participent à la propagation de la corruption». «Je  refuse cette réalité», assène-t-il, annonçant avec fierté que les FL ont toujours refusé d’être complices et de participer à un pouvoir corrompu sur le plan national et politique et en ont d’ailleurs payé cher le prix.

Le discours de Geagea était ponctué d’applaudissements des nombreux partisans venus à Maarab, surtout quand il a assuré que le Liban est et restera, qu’il a été souvent occupé et malgré le grand nombre de magouilles, de déchets et de gens corrompus, il n’a jamais connu le désespoir. «Nous resterons, conclut-il, les gardiens du rêve des citoyens».

Des politiciens du 14 mars étaient présents à cette occasion, mais aussi Nehmtallah Abi Nasr, député du Courant patriotique libre de Jounié. Dans son discours, Samir Geagea a évité de s’attaquer directement au leader «orange» comme il avait l’habitude de le faire, tentant de respecter jusqu’au bout l’accord d’entente établi entre lui et Michel Aoun.

Danièle Gergès

 

 

 

Allocution du père Andari
Le père Elias Andari, qui représentait le patriarche Béchara Raï, a prononcé une allocution dans laquelle il a présenté une étude de la pensée maronite au fil de l’histoire et surtout après la naissance du Grand Liban, en 1920. Il a considéré que Dieu n’a pas donné aux chrétiens une âme lâche mais courageuse, basée sur l’amour et l’intelligence, insistant sur le fait que Samir Geagea est resté dans la ligne de conduite historique des chrétiens et n’est pas tombé au niveau du leadership maronite. Soulignons qu’une œuvre de l’artiste Rudy Rahmé représentant les souffrances du Christ et des martyrs était exposée sur les lieux.

 

 

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