François Hollande sera en visite au Liban le 1er octobre. Sur son agenda, le dossier des réfugiés syriens et la présidentielle libanaise. Selon les observateurs les plus sceptiques, le président français, craignant la fièvre migratoire vers l’Europe, insistera sur le maintien des réfugiés syriens actuellement au pays du Cèdre… jusqu’à la solution de la crise en Syrie… Ce qui n’augure rien de bon.
Le voyage de François Hollande à Beyrouth aura lieu pendant que l’Armée de l’air française poursuit ses missions de surveillance au-dessus de la Syrie, avec la perspective de lancer des frappes contre le groupe Etat islamique (EI). Le président français ne sera naturellement pas accueilli par son homologue libanais. La vacance à la tête de l’Etat libanais a suscité des réticences chez ses proches collaborateurs, certains allant jusqu’à lui conseiller de remettre ce voyage en attendant les développements sur ce plan. La crainte principale étant que la France ne donne l’impression de s’adapter au vide présidentiel, ce qui ne présage rien de bon pour le pays. Mais François Hollande, déterminé à jouer un rôle au Liban, tant au niveau politique que sur celui des réfugiés syriens, a pris les choses en main pour préparer son voyage. Selon des sources diplomatiques à Beyrouth, cette visite s’inscrit dans un contexte plus pacifié avec l’Iran, désormais incontournable interlocuteur sur la scène du Moyen-Orient après la conclusion de l’accord nucléaire. Toujours selon ces mêmes sources, Hollande s’est également concerté avec Riyad et Le Caire pour ne pas les indisposer. Aussitôt le terrain avec les acteurs régionaux préparé, le voyage a été décidé avec pour objectif essentiel de visiter les camps de réfugiés et faire le nécessaire pour les garder au Liban, en attendant une issue au conflit en Syrie.
A l’heure où le dossier des migrants frappe aux portes de l’Europe et la déstabilise, le chef de l’Etat français a déclaré, à maintes reprises, que l’Europe doit faire en sorte que les réfugiés dans les pays limitrophes de la Syrie puissent y rester, y travailler et avoir les moyens nécessaires pour attendre le règlement du problème syrien, ce qui n’est pas prévu pour sitôt. En marge, Hollande espère contribuer au déblocage de la crise politique libanaise et précisément de la présidentielle. Il soulèvera également la question de la coopération en matière de défense et de sécurité, bien que la France n’ait toujours pas livré à l’Armée libanaise les armes tant attendues dans le cadre du don saoudien.
Mais pour en revenir au premier objectif, la fièvre migratoire qui secoue l’Europe inquiète profondément le président français pris entre deux feux. D’une part, un président socialiste ne peut pas déclarer, ouvertement, fermer ses portes aux réfugiés de crainte de mécontenter ses électeurs; d’autre part, il craint que le flot de migrants ne devienne incontrôlable et qu’il ait des répercussions dangereuses sur son pays. Le président Hollande vient donc, le 1er octobre, après la réunion de l’Assemblée générale de l’Onu (Organisation des Nations unies) et la conférence de soutien au Liban qui aura lieu à New York.
La dernière visite du chef d’Etat français remonte à novembre 2012. Hollande était venu apporter son soutien au gouvernement de Najib Mikati, dont certains réclamaient la démission. Les Occidentaux voulaient éviter un tel scénario, craignant un vide politique. Aujourd’hui, toujours dans la même optique, le président français vient à Beyrouth soutenir le cabinet de Tammam Salam mais, surtout, s’assurer que les réfugiés syriens y sont et y resteront.
Danièle Gergès
Le précédent palestinien
Selon certains observateurs, les raisons véritables de la visite de François Hollande restent confuses, quelques-uns allant jusqu’à avancer que cet engouement des responsables européens pour le Liban – le Premier ministre britannique, David Cameron, était à Beyrouth, il y a deux semaines – vise à promettre des aides substantielles au gouvernement en ce qui concerne les réfugiés syriens. Certaines forces politiques n’hésitent pas à comparer la présence des réfugiés syriens à celle des Palestiniens venus lors de la Naqba et toujours présents sur le sol libanais. Le pays du Cèdre accueille, selon les chiffres officiels, près de 1,2 million de réfugiés syriens pour une population libanaise de près de 4,5 millions d’habitants.