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Nº 3020 du vendredi 25 septembre 2015

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Raï au Chouf et à Aley. Tournée dans quarante-cinq villages

Quinze ans après la visite historique du cardinal Nasrallah Sfeir dans la Montagne, le patriarche maronite, Béchara Raï, a effectué, le weekend dernier, une tournée pastorale dans les localités du Chouf et de Aley. Cette visite a rencontré un vif succès tant dans l’accueil populaire réservé au prélat que dans ses buts et ses résultats, car elle consacre la réconciliation et renforce la coexistence et le retour.
 

Accompagné des évêques Boulos Matar et Boulos Sayyah, la visite a englobé 45 localités. Après avoir tourné définitivement la page du passé, elle ouvre la porte du dialogue entre druzes et chrétiens et l’avenir de la relation entre les deux communautés. La question, qui se pose aujourd’hui dans les milieux politiques observant les répercussions de la situation régionale sur le Liban, est celle de savoir où se situent les maronites et les druzes dans ce qui se passe, malgré toutes les tentatives de tenir le pays à l’abri en raison de sa composition confessionnelle. Ces interrogations n’ont pas pour but de faire revivre le duo qui a créé le Liban avant l’indépendance, ni de traiter les deux communautés comme des minorités à la recherche d’un rôle ou d’une protection. Au contraire, il s’agit de rectifier la ligne des dialogues dans le pays, de manière à en reformuler un global, car le Liban possède une spécificité qu’aucun autre pays de la région n’a. De plus, les défis auxquels il fait face ne sont pas le monopole des seules communautés sunnite et chiite, qui établissent un dialogue à Aïn el-Tiné à travers le Courant du futur et le Hezbollah sous la houlette de Nabih Berry.
 

Pas de soutien régional
Le leader druze, Walid Joumblatt, a, maintes fois, fait part de ses inquiétudes concernant la minorité druze, tentant l’impossible pour la tenir à l’écart des dangers des guerres sectaires. Il a mis tout son poids, après les incidents du 7 mai 2008, pour éviter aux druzes le risque d’une confrontation intérieure et du clivage 8 et 14 mars. En contrepartie, l’action maronite est restée timide, et même lorsqu’elle s’intensifie, elle demeure limitée à la question présidentielle ou aux axes de la politique intérieure, à l’instar de ce qui se passe actuellement entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL). Les maronites et les druzes n’ont pas réussi, à titre individuel ou conjointement, à remettre le débat intérieur à sa juste place, malgré l’intérêt des deux parties pour ce sujet, parce qu’elles représentent les deux seules entités ne bénéficiant pas d’appui régional, contrairement aux sunnites et chiites.
Les maronites et les druzes ont intérêt à établir un dialogue réel et sérieux entre eux, portant sur leurs problèmes et sur ceux du pays, car ils n’ont aucun autre endroit où se réfugier, alors qu’ils assistent, impuissants, à l’exode et au massacre des chrétiens de Syrie et d’Irak et que les villages druzes en Syrie connaissent le pire.
Les deux communautés vivent une dure réalité qui se fait sentir de plus en plus avec le rapprochement des défis régionaux du Liban, faisant paraître les deux communautés comme marginalisées. D’une part, les maronites ne sont toujours pas sortis de la guerre d’élimination et, d’autre part, maronites et druzes ne sont pas sortis de celle de la Montagne. Cette seconde guerre, les maronites en ont payé le prix, alors que les druzes continuent à le payer sur le plan de la géographie, de la vente de terrains, de la démographie et du développement. Il ne sert à rien de vivre dans le passé et de se lancer des accusations à cause du danger régional qui menace le Liban et que toutes les communautés ressentent. Il faudrait aller vers un dialogue franc et ouvert entre toutes les parties. Tenir les maronites et les druzes à l’écart des dialogues qui ont lieu et la recherche de solution au rythme de l’équilibre irano-saoudien vont augmenter l’intensité de la crise interne et avoir des retombées négatives sur les deux communautés et sur leur avenir.

Joëlle Seif
 

Clôture à Jezzine
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Boutros Raï, a clôturé sa vaste tournée pastorale dans le caza de Jezzine. Il a dénoncé une nouvelle fois le blocage de l’élection présidentielle qui engendre la paralysie du Parlement et du gouvernement. Cette tournée au Sud, au milieu d’un accueil populaire enthousiaste et chaleureux, était placée sous le signe de la nécessité pour les chrétiens de s’attacher à leurs racines et à leurs terres, et de la volonté patriarcale de les soutenir dans ce sens. Au village de Sarba, après la célébration de la messe dominicale, il est accueilli par les habitants, en présence du député du mouvement Amal, Hani Kobeissi, et du député du Hezbollah, Mohammad Raad. Le cardinal Raï a mis l’accent sur ce modèle du vivre ensemble que fournit Sarba, invitant tout Libanais à considérer l’autre une valeur ajoutée avec laquelle il doit vivre.

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