Magazine Le Mensuel

Nº 3022 du vendredi 9 octobre 2015

Livre

Ayla de Rindala Jabbour. «Mon roman est un message pour les parents»

Elle est journaliste connue et reconnue. Rindala Jabbour a écrit un premier roman, intitulé Ayla, qui signifie la lumière de la lune. Elle y raconte l’histoire d’une religieuse qui tombe amoureuse d’un homosexuel. Elle décide de quitter le couvent et de vivre sa vie avec lui. L’auteure évoque essentiellement l’importance de l’éducation que l’on reçoit et qui détermine nos vies.
 

Ayla est le titre de votre premier roman. Que signifie pour vous ce prénom?
Littéralement parlant, Ayla signifie la lumière de la lune. Lorsque, toute jeune, on me demandait comment j’allais appeler ma fille lorsque j’en aurais une, je répondais spontanément Ayla. Ce prénom m’a toujours interpellée sans que je n’en connaisse la cause. Ce premier roman, qui est en quelque sorte mon nouveau-né, a forcément porté ce titre.

Dans ce roman, vous racontez l’histoire d’une religieuse qui tombe amoureuse d’un homosexuel. Elle abandonne pour lui sa vie au couvent et il renonce à son homosexualité. Y a-t-il une part autobiographique dans cette histoire?
Ces deux personnages principaux de mon ouvrage existent dans la vie réelle. Je les connais personnellement. Ce sont des amis mais, en fait, ils ne se sont jamais rencontrés. L’histoire de leurs vies m’a touchée et j’ai voulu les réunir à travers mon écriture. Mon imagination a fait le reste. Elle a reçu une éducation rigide. L’amour de ses parents était très possessif, ce qui l’a empêchée de s’épanouir et d’être ce qu’elle voulait être réellement. Elle a choisi de devenir religieuse pour fuir la réalité de son quotidien, d’autant plus qu’elle a perdu sa mère. Un jour, elle rencontre un professeur de musique homosexuel. Lui a souffert de l’attitude sévère de son père qui l’a traité durement. Il recherchait, dans ses histoires avec les hommes, cet amour qui lui a toujours manqué. Ils finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Elle décide de renoncer à sa vie au couvent et lui à ses tendances homosexuelles. La vie finira par les séparer malgré l’amour qui les liait…

A travers ce roman et ces personnages, vous évoquez des sujets sociaux comme la pauvreté, l’ignorance, l’extrémisme, l’amour possessif qui s’avère destructeur, l’homosexualité… La société libanaise est-elle aussi sévère, que vous le dites, envers les gens différents?
En fin de compte, à travers Ayla, j’ai voulu dire que chaque individu est le résultat de l’éducation qu’il reçoit et du regard porté sur lui par une société pas toujours tolérante. Mon roman est essentiellement un message éducatif pour les parents parce que leur éducation détermine tout l’avenir de leurs enfants. Je considère qu’il est du devoir du journaliste de contribuer à la libération des mentalités, de briser les tabous qui handicapent, de traiter de problèmes sociaux qui rongent la société et l’empêchent d’évoluer. Il est également du rôle des écoles de développer des programmes éducatifs qui mettent en lumière ces problèmes et évoquent les moyens pratiques de les affronter. Les parents ont également une grande responsabilité dans ce sens. Nous avons tous tendance à porter des jugements sur autrui. A ne pas se donner la chance de les connaître de près, de comprendre leurs blessures. Il faut prendre le temps d’aller à la découverte de l’autre, de ne pas le juger sévèrement, d’accepter nos différences, voire d’en faire une source de rapprochement et de richesse…

Pourquoi êtes-vous passée du journalisme à l’écriture de romans?
Si j’ai choisi de faire une carrière journaliste, c’est parce que j’ai toujours aimé écrire. L’écriture est ma passion. Mais j’ai attendu d’avoir l’expérience et la maturité nécessaires avant de me lancer dans l’écriture d’ouvrages. Aujourd’hui, je me sens prête à m’engager sur cette voie. Et je ne m’arrêterai pas à ce premier roman. Ma tête foisonne d’idées que je ne tarderai pas à mettre sur papier.
 

Propos recueillis par Danièle Gergès

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