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Nº 3022 du vendredi 9 octobre 2015

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ACTUALITIÉS

Les passeurs très actifs au Liban. Les Palestiniens quittent pour l’Europe

Alors que le monde a les yeux tournés vers la vague d’immigration clandestine des réfugiés syriens vers l’Europe, une immigration pareille mais non déclarée a lieu au Liban et concerne les réfugiés palestiniens. Un réseau de passeurs clandestins, dont l’action est totalement occulte, se charge d’organiser les voyages en mer des réfugiés palestiniens du Liban et de Syrie vers l’Europe.
 

Cette immigration clandestine n’est pas sans rappeler les débuts de l’immigration syrienne avant que celle-ci n’éclate au grand jour et ne prenne les dimensions catastrophiques, que l’on connaît aujourd’hui, en se transformant en véritable crise internationale. Les faits prouvent l’existence de réseaux clandestins qui organisent le voyage des réfugiés palestiniens en mer vers l’Europe. L’action et les procédés de ces réseaux sont tout à fait identiques à ceux des mafias qui s’occupent du voyage des réfugiés syriens vers l’Europe. Ce qui implique que ces deux dossiers s’inscrivent dans le cadre d’une même action, malgré une différence concernant le nombre et les retombées politiques de chacune de ces immigrations.
Des informations font état que ces réseaux sont fortement installés dans le camp palestinien de Chatila, à Beyrouth. Deux cents familles auraient quitté dernièrement le camp et voyagé en mer de manière clandestine. Leur passage aurait été organisé par des intermédiaires et des commissionnaires résidant au camp et qui travaillent pour le compte de mafias installées à Tripoli, au nord du Liban. Les voyages clandestins des réfugiés palestiniens, identiques à ceux des réfugiés syriens, se sont également transportés vers le camp palestinien de Borj Brajné, où le phénomène se répand de plus en plus. Il est facilement décelable à travers la mise en vente des biens de ceux qui voudraient partir afin d’assurer les frais du voyage de leurs familles et proches.
Selon une source palestinienne, l’invasion des camps palestiniens du Liban par ce qu’elle appelle «la culture de l’immigration clandestine vers l’Europe» revient à plusieurs raisons, notamment l’influence de l’immigration des réfugiés syriens sur les Palestiniens. L’environnement des camps est devenu un mélange avec les réfugiés palestiniens venus des camps de Syrie, surtout que les conditions de vie y sont devenues très précaires depuis que l’UNRWA a réduit ses aides.
De plus, l’instabilité sécuritaire du camp principal de Aïn el-Heloué et les nombreuses rumeurs qui se répandent dans tous les camps sur la prévision d’événements sanglants poussent les Palestiniens dans le sens d’une immigration clandestine.

Joëlle Seif
 

L’Europe veut payer pour l’implantation des réfugiés syriens
Une source diplomatique confirme que tous les visiteurs européens s’accordent sur la volonté de leurs pays d’octroyer une aide financière au gouvernement libanais pour qu’il continue à supporter la situation des réfugiés syriens. Cette position reflète le souhait non déclaré des Européens de garder les réfugiés syriens au Liban et ne pas les voir tenter l’aventure en mer pour arriver en Europe. Cette théorie se base sur l’équation qui veut que l’on assure une aide aux réfugiés là où ils se trouvent, au lieu de les pousser à quitter le Liban à la recherche d’une meilleure assistance. Ceci explique les différentes visites effectuées auprès des réfugiés et l’arrivée soudaine des aides dont le Liban était privé auparavant. Une source libanaise confie à ce sujet: «Pour faire face à cette menace qui leur arrive à travers les frontières turques, les Européens ont lancé une intense activité diplomatique, au plus haut niveau, en direction des Etats avoisinant la Syrie et qui reçoivent un grand nombre de réfugiés syriens. Le Liban a été la première étape de cet assaut diplomatique à travers la visite du Premier ministre britannique David Cameron». Quant au contenu du message, cette source ajoute qu’il était le suivant: «Il faut, en premier lieu, préserver le gouvernement libanais sur le plan politique. S’il y a un problème financier ou économique qui résulte de la présence des réfugiés, nous sommes prêts à assurer les sommes nécessaires. Mais, en contrepartie, le gouvernement libanais devrait œuvrer pour l’implantation des réfugiés syriens au Liban et couper court à tous les procédés qui mènent à leur immigration vers l’Europe à travers la mer, contrairement à la Turquie, qui a ouvert la terre et la mer pour noyer l’Europe avec les réfugiés».

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