Le député Walid Joumblatt, accompagné de son fils Taymour et du ministre Waël Abou Faour, a été reçu en Arabie saoudite. Une visite qualifiée de première en son genre à Riyad, placée sous le signe des pourparlers politiques. Elle a été précédée d’une longue période d’attente, de préludes politiques et d’un «no comment» joumblattiste sur de nombreux dossiers, essentiellement sur celui du Yémen, malgré la certitude qu’a le chef druze de l’inefficacité de l’option militaire. Des sources qui ont suivi les circonstances du voyage à destination de Riyad indiquent que Joumblatt avait sollicité, il y a longtemps, un rendez-vous auprès des autorités saoudiennes, mais celui-ci n’a pu être fixé, le commandement saoudien étant plongé dans le dossier yéménite et les développements sur la scène syrienne. Walid bey a rencontré plusieurs hauts responsables, qui revenaient de Moscou et de Paris, avec lesquels il a passé en revue les développements sur la scène régionale et internationale, notamment la crise syrienne et ses répercussions sur les pays voisins dont le Liban fait partie.
On dit que la récente visite du Dr Samir Geagea en Arabie, où un accueil royal lui avait été réservé, a indisposé Joumblatt, surtout que voilà des années qu’il ne réussit pas à rencontrer le roi, ce privilège lui ayant été retiré dans les dernières années du règne du roi disparu, Abdallah Ben Abdel-Aziz.
La visite du député du Chouf tire son importance du fait qu’elle a permis de briser la glace et d’inaugurer une nouvelle page dans les relations saoudo-joumblattistes. Cette visite arrangée par l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Ali Awad Assiri, est intervenue après une ouverture de Joumblatt sur le général Michel Aoun et le renouement des contacts avec l’ambassade d’Iran. Les observateurs ont particulièrement souligné deux faits: premièrement, la présence, lors de la rencontre avec le roi Salmane Ben Abdel-Aziz, du ministre des Affaires étrangères, Adel el-Joubair, et du chef des Renseignements généraux, Khaled Houmaydan. Deuxièmement, la réunion avec Saad Hariri qui a été consacrée à trois dossiers pressants. Les deux responsables libanais ont évoqué la conjoncture gouvernementale, la crise des déchets, le dialogue, la loi électorale, l’élection présidentielle et la relation avec Aoun après l’échec du règlement. Ce fut aussi l’occasion d’aborder les initiatives proposées par Joumblatt sous forme de package incluant une nouvelle loi électorale et la composition du futur gouvernement. Les deux interlocuteurs sont finalement tombés d’accord pour conclure qu’une entente globale nécessitait plus de temps et d’efforts, sans compter que l’heure du règlement n’a pas encore sonné.
Chaouki Achkouti
Front est
L’Armée libanaise en état d’alerte maximale
Les développements sur le terrain syrien ont, en quelque sorte, contraint l’Armée libanaise à relever le niveau des mesures prises tout le long de la frontière syro-libanaise et dans les lieux de déploiement des unités militaires à l’intérieur du territoire, avance une source sécuritaire. Les mouvements suspects des groupes terroristes dans certains points frontaliers ont alimenté les craintes de l’éventuelle exécution d’actes terroristes sur le territoire libanais, simultanément avec les frappes aériennes russes sur la Syrie. Le Hezbollah a aussi renforcé les mesures de sécurité préventive notamment dans la banlieue sud à l’approche de la Achoura.
D’après la même source, ces mouvements suspects ont commencé avec la reprise des tirs d’obus à partir d’une distance de quelque quatre à cinq kilomètres vers des postes militaires avancés, tirs qui ont occasionné de légères blessures à plusieurs soldats. L’armée a réagi en bombardant violemment les positions de ces groupes extrémistes. Les soldats ont également saisi un pick-up qui transportait des matières explosives du jurd vers le village de Ersal. Parallèlement à l’attaque à l’explosif du minibus ayant à son bord des éléments du Hezbollah qui a eu lieu, la semaine passée, sur la route de Chtaura.
Dans cette même perspective, des sources politiques révèlent de réelles appréhensions ressenties par plus d’une instance politique et sécuritaire quant au maintien de la stabilité à l’étape à venir. La peur ne se limite pas aux éventuels développements dans la région frontalière dans le jurd de Ras Baalbeck et de Qaa, mais elle porte aussi sur l’intérieur du territoire libanais. Le tout assorti d’une inquiétude croissante relative à une nouvelle détérioration de la situation sécuritaire dans les camps palestiniens, dans le but de semer le chaos sur la scène locale.
Certaines parties mettent en garde contre de graves attentats que les groupes terroristes dans le jurd du Qalamoun ouest comptent mener contre l’Armée libanaise. Quelque 1 000 combattants du Front al-Nosra, de Daech et de la Brigade de l’islam se sont réconciliés et ont récemment unifié leurs rangs. Ils pourraient avoir recours à des kamikazes venus de Raqqa pour lancer leur agression.
Chaouki Achkouti