Magazine Le Mensuel

Nº 3025 du vendredi 30 octobre 2015

Semaine politique

Terrorisme, réfugiés. Cazeneuve veut plus de coopération avec Beyrouth

Bernard Cazeneuve est arrivé au Liban pour une visite éclair. Il y a rencontré le Premier ministre, Tammam Salam, et son homologue libanais, Nouhad Machnouk. Il a profité de l’occasion pour visiter un camp de réfugiés syriens. Depuis le flux de migrants vers l’Europe et la montée du terrorisme dans la région, les responsables français viennent régulièrement au Liban collaborer sur ces points, porteurs de germes d’explosions.

Le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, est donc venu à Beyrouth dans le cadre d’une visite éclair en vue de débattre avec les responsables libanais du dossier des réfugiés syriens, mais aussi de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, qui menace désormais le monde entier. Dans une conférence de presse à l’aéroport de Beyrouth, le ministre a principalement évoqué le terrorisme. C’est d’un ton ferme qu’il a assuré que celui-ci ne «peut être combattu avec une main qui tremble, mais avec détermination et une coopération étroite entre les services des pays qui travaillent ensemble, depuis longtemps». Il a assuré que les administrations et les services franco-libanais établissent des contacts quotidiens et que l’ambassade de France se concerte régulièrement avec le gouvernement libanais, précisant que la coopération franco-libanaise se base sur «une relation naturelle très ancienne, qu’elle est opiniâtre, déterminée et efficace». Cazeneuve a évoqué également la situation dans les camps de réfugiés qui lui semble très préoccupante, avec notamment la présence de réseaux de passeurs qui contribuent au déplacement de ces réfugiés vers l’Europe. Rappelons, dans ce cadre, qu’avec le flux de migrants qui se rendent en Europe et notamment en France, la situation dans les pays européens préoccupe les responsables. Il y a, d’une part, le risque d’infiltration de ces migrants par des extrémistes, mais aussi le fait que leur présence suscite parfois un rejet de la part de la population – surtout à l’égard des migrants musulmans – du fait des discours extrémistes que tiennent certains dignitaires musulmans. Certes, la position de Cazeneuve a été claire dans toutes ses déclarations − qui représentent celles de son gouvernement. Il a rejeté la discrimination entre réfugiés chrétiens et réfugiés musulmans, la qualifiant de dangereuse. «Cette distinction, a-t-il déclaré à plusieurs reprises, je ne la comprends pas, je la condamne et elle me paraît funeste. Aujourd’hui en Syrie, il y a des minorités persécutées, décapitées, torturées, crucifiées. Les chrétiens d’Orient (…) doivent être accueillis, mais il y a aussi des musulmans qui sont persécutés et d’autres minorités qui le sont avec la même barbarie. La France, c’est l’universalité».
Beaux discours rassurants sur la mission d’un pays humaniste, mais cela n’empêche pas que dans la réalité, les responsables français sont réellement inquiets des répercussions de ces flux de migrants. C’est, peut-être, dans cette optique précisément, que le ministre s’est concerté avec le chef du gouvernement, Tammam Salam, et avec le ministre de l’Intérieur, son homologue Nouhad Machnouk. En fin de séjour, le ministre a visité un camp de réfugiés syriens pour connaître leurs conditions de vie au Liban et leur apporter son soutien… moral.

Danièle Gergès

Les migrants en France
La France accueillera 24 000 personnes sur deux ans dans le cadre des quotas de réfugiés européens figurant dans le nouveau plan de répartition que la Commission européenne (CE) s’apprête à proposer. Mille demandeurs d’asile seront accueillis en urgence pour alléger l’Allemagne. La CE a établi un nouveau système de quotas contraignants en vertu duquel l’Allemagne accueillera plus de 40 000 demandeurs d’asile, la France 30 000 sur 160 000 personnes. Il y aurait 120 000 en Grèce, 50 000 en Italie et 54 000 en Hongrie. Soit 62% des demandeurs d’asile qui ont atteint l’Europe au cours des trois derniers mois.
Source: Le Monde.

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