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Nº 3025 du vendredi 30 octobre 2015

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Du bonheur et des idées, de Farid Chéhab. «Qui dit bonheur dit nécessairement productivité»

Dans son délicieux ouvrage Du bonheur et des idées, Farid Chéhab considère que la création d’idées est la clé du bonheur, que tout être humain est capable de créer, à condition de s’éveiller à son potentiel. Rencontre.

Vous dites dans votre ouvrage qu’«à travers l’idée, chaque esprit est capable de trouver le chemin du bonheur». Quel est l’apport de la créativité à notre bonheur?
Notre cerveau a évolué pour créer. Dès le début de l’Histoire humaine, quand l’être faisait face à des difficultés, son cerveau trouvait les solutions adéquates. L’être humain, s’apercevant à la hauteur des situations, palpait un sentiment de satisfaction appelé bien-être, notion qui a évolué pour devenir bonheur, bonheur dans la création d’idées. Quand on ne crée pas, on se referme dans notre bulle et on déprime. Les idées sont la forme la plus concrète de la créativité. Dans ce livre, je parle de l’idée, en quoi elle consiste dans l’absolu, tout en donnant toutefois des exemples précis. Je transcende le monde de la pub et élargis le concept. Chacun de nous peut être créateur d’idées, pourvu qu’il s’éveille à son potentiel. C’est seulement là que se trouve le bonheur. Une bonne idée, celle qui rend vraiment heureux, qui permet de survivre, est une idée productive. Les autres ne perdurent pas; elles s’éteignent. Une idée doit être non seulement productive, mais aider le cerveau à sortir de sa zone de confort et aller de l’avant. Mon livre est un tissu biographique mais à thème: la recherche du bonheur à travers les idées.

Seuls les artistes sont capables d’idées et de créativité?
Pas du tout. Dans mon ouvrage, je donne des exemples qui m’ont particulièrement touché. Des hommes d’affaires, ennuyés, se sont lancés dans la photographie par exemple. Cette activité poussait leur esprit à un mieux-être. Je parle aussi des femmes de l’Irap, notamment d’Odette Abdo el-Khoury, la fondatrice. L’idée est d’abord généreuse, elle donne un pouvoir créatif aux handicapés. Leurs produits se vendent et rendent heureux ceux qui conçoivent, vendent et reçoivent. Sans oublier le cas de Nicolas Audi. Plongé dans le monde de la gastronomie, il a eu l’idée de faire de la cuisine son métier, un exutoire de sa passion dans la création de plats. Il a semé le bonheur en lui et autour. Mon concierge, issu d’un environnement pauvre, a lui aussi une passion, celle de coller des tiges d’allumettes. A mon avis, c’est le concierge le plus heureux du monde. Il est plus heureux que beaucoup de gens qui consomment et ne créent pas. On est créatif, mais pas forcément artiste.

La consommation effrénée à laquelle nous assistons éloigne-t-elle forcément de la création?
Sans doute. Elle occulte le travail de l’esprit. On s’occupe d’hédonisme pour faire plaisir à ses sens et pas nécessairement à son psychique. Elle coupe les ponts entre les activités du cerveau qui consistent à créer et celles qui consistent à se faire plaisir. Le cerveau, certes, commande le plaisir, mais le plaisir n’est pas le bonheur.

Votre définition du bonheur?
C’est le signal envoyé par le cerveau pour nous récompenser d’un effort destiné à améliorer la qualité mentale ou physique de notre vie. C’est ma propre définition du bonheur. A chacun la sienne. Qui dit bonheur dit nécessairement productivité, qualité de vie…

Comment éviter ce que vous appelez «la paresse» mentale?
Il faut essayer de créer et de se mettre dans un mode constructif, productif. Trop de richesse accumulée détruit notre faculté à créer et à faire travailler notre mental.  La création est un acte de générosité par rapport à la consommation, acte récessif, porteur d’égoïsme et de fermeture aux autres et nécessairement imperméable à la générosité. Je n’aime pas les gens renfermés. Tout être a quelque chose à donner ou à dire. Ceux qui gardent tout pour eux sont loin du chemin du bonheur.

Propos recueillis par Danièle Gergès
 

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