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Nº 3026 du vendredi 6 novembre 2015

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Election présidentielle. Il faut parler à la Russie plutôt qu’à l’Iran

Les responsables libanais doivent cesser de miser sur l’Iran pour faciliter l’élection présidentielle et avoir plutôt recours à la Russie. C’est en substance ce qu’un dirigeant arabe a conseillé au président Tammam Salam, à l’occasion de sa participation aux travaux de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.
 

Une personnalité politique libanaise de haute importance a estimé, après l’intervention russe en Syrie, que le conseil prodigué à Tammam Salam était tout à fait justifié. Le résultat de cette opération sera immanquablement une solution politique, qui ne serait pas forcément proche, pour la Syrie. Elle a aussi pour conséquence l’ouverture d’une brèche dans la crise libanaise, qui pourrait déboucher sur l’élection d’un président. Cette personnalité pense que ce qui se dit sur un recul de l’influence iranienne au profit de la Russie n’est pas erroné. Il pourrait en résulter un retrait du Hezbollah de Syrie au moment où sonnera l’heure du compromis et d’un changement du paysage politique dans les deux pays.
Le rôle de la Russie dans l’élection présidentielle ne veut pas dire que c’est elle qui choisira le président. Elle va pousser dans le sens d’une solution et d’un arrêt du blocage quoique ceci nécessite une entente internationale. Selon des sources politiques, Moscou a déjà commencé à tâter le terrain et a acquis la certitude qu’il est impossible d’élire un président appartenant au 8 ou au 14 mars.
Selon des proches du Hezbollah, «la situation du parti ne serait pas la même après l’intervention de la Russie en Syrie et l’équilibre des forces sera en notre faveur. De cette manière, le Hezbollah pourra mieux contrôler le jeu politique».

 

Insinuations iraniennes
Téhéran aurait lancé deux signaux permettant de conclure à une élection présidentielle proche: les propos d’Alaeddine Boroujerdi, chef de la Commission des Affaires étrangères au Parlement iranien, affirmant qu’il espère que sa prochaine visite sera au palais présidentiel, et ceux d’Ali Akbar Velayati, conseiller du guide Ali Khamenei, adressés au ministre Gebran Bassil, souhaitant une élection présidentielle proche.
Il semble que l’intervention russe bénéficie d’une couverture internationale et régionale globale. Vladimir Poutine ne commettrait pas l’erreur d’une aventure militaire de cette taille en Syrie et ne souhaiterait pas être responsable du déclenchement d’une guerre régionale ou mondiale. Les proches du Hezbollah répètent que le compromis en Syrie se fera probablement au printemps prochain, ce qui veut dire que l’automne et l’hiver syriens seraient témoins d’une immense pression militaire russo-iranienne en vue d’un règlement.
Des sources proches du 8 mars estiment qu’il n’y aura pas de solution politique en Syrie avant une victoire sur le terrain et l’élimination des groupes terroristes. Elles soulignent que les changements en Syrie sont dans l’intérêt de leur axe, mais ils n’auront pas un aboutissement positif avant l’ouverture de canaux de communication entre l’Iran et l’Arabie pour trouver une solution au Yémen.
De leur côté, les sources du 14 mars pensent que le Hezbollah a la conviction que l’intervention militaire russe ne mènera pas à une solution rapide de la crise syrienne, contrairement à la campagne qu’il mène et qui s’inscrit visiblement dans le cadre d’une guerre psychologique, surtout que, un mois après son intervention militaire, la Russie n’a toujours pas réussi à changer les faits sur le terrain. Au contraire, Moscou appelle à une solution politique pour le sortir de cette impasse.
L’échec de la Russie en Syrie la pousserait à chercher un compromis au Liban sous le nom de «l’accord de Moscou». Si la Russie et l’Iran possèdent une même stratégie en principe, Téhéran n’aurait pas l’intention de laisser la carte du Liban entre les mains des Russes, alors que ceux-ci ont pris possession de la carte syrienne.

Chaouki Achkouti

Président consensuel
Des sources diplomatiques occidentales estiment que «la logique d’un compromis en Syrie impliquerait l’élection d’un président libanais consensuel, n’appartenant à aucun des deux bords et qui unit le 8 et le 14 mars. Un accord, auquel participeraient l’Iran, l’Arabie et les grandes puissances, serait en cours». Ces sources ajoutent: «N’importe quel compromis en Syrie, gardant Bachar el-Assad au pouvoir, ne permettrait pas à la partie libanaise, qui le soutient, de pouvoir décider du choix du président et d’enregistrer ainsi une victoire sur la partie adverse». Et de poursuivre: «En attendant que la situation en Syrie se décante, celle du Liban sera critique en raison de l’afflux de nouveaux réfugiés et de la montée de l’extrémisme».

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