Quelle est la vraie position saoudienne? Existe-t-il un signe évident qui prouve que Riyad a adopté officiellement la candidature de Sleiman Frangié? Si l’Arabie saoudite appuie le choix de l’allié du Hezbollah, pourquoi avoir, dans ce climat, inscrit 12 cadres du parti chiite sur la liste des terroristes? Quel est le message que renferme cette initiative et à qui s’adresse-t-elle? Est-ce un message qui porte la signature du responsable de la lutte antiterroriste au royaume, le prince héritier Mohammad Ben Nayef, qui s’oppose à l’indulgence du vice-prince héritier du trône, Mohammad Ben Salmane, vis-à-vis de Frangié? Si Riyad appuie l’option Frangié, n’est-il pas capable de régler les discordances au sein du 14 mars?
Toutes ces questions taraudent quelques milieux du 8 mars. Les discours contradictoires de la coalition du 14 mars suscitent des interrogations comme par exemple: pourquoi veut-on piéger l’initiative? S’agit-il tout simplement d’une maladresse de plus de Saad Hariri montrant son incompétence en matière de gestion politique? Ou alors, tout cela n’est que l’expression des sérieuses divergences saoudiennes internes quant à la position à prendre à l’égard de Hariri et de son avenir politique? S’agit-il encore d’une tentative de renflouer ce dernier après l’affaiblissement de son aptitude à mener le jeu au sein même de son parti et du 14 mars? C’est que le leader du Moustaqbal a besoin d’un push moral pour récupérer sa place privilégiée parmi son public.
Face à toutes ces questions, une haute instance croit être en mesure d’affirmer que la candidature de Frangié est sérieuse, que les autorités saoudiennes n’y sont pas étrangères et que Hariri n’aurait jamais entrepris une telle démarche sans l’accord de Riyad.
Chaouki Achkouti