Magazine Le Mensuel

Nº 3032 du vendredi 18 décembre 2015

ECONOMIE

Hôteliers et restaurateurs se battent pour leur survie

Les hôteliers et les restaurateurs accumulent les formules de package et les escomptes sur les tarifs dans le but d’attirer une clientèle hésitante qui réagit au gré des rumeurs politiques. D’après le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, l’industrie du tourisme est dans le rouge et traverse la pire période qu’elle a connue depuis plus de cinq ans. C’est qu’aucun facteur sous-tendant la récession dans le secteur n’a changé depuis 2011. Dans ce contexte, il a rappelé que de nombreux établissements au centre-ville ont mis la clé sous le paillasson et que d’autres sont menacés d’en faire de même dans différentes régions. Pierre Achkar a souligné que la hausse du taux de remplissage des chambres d’hôtels, d’une manière générale, ne génère pas les profits que plus d’un expert serait tenté de supposer. Le taux de remplissage est tempéré par une baisse des revenus en raison de la concurrence serrée entre les agents de l’industrie et dans de nombreux cas à cause d’opérations spéculatives.
La moyenne du taux d’occupation des hôtels en rythme annuel s’est fixée autour de 54% en octobre dernier, alors que la moyenne du tarif de la chambre a reculé de 10,1% sur un an, à 160 dollars, et celle des revenus réalisés par chambre disponible a régressé de 19,4% sur une base annuelle à 87 dollars au dixième mois de 2015, lit-on dans le rapport  du consultant Ernst & Young. Néanmoins, sur un plan régional, Beyrouth s’est classé à la 4e position en termes de taux de remplissage des hôtels sur la période s’étalant de janvier à octobre 2015, soit 56%, la tête de liste revenant aux hôtels d’Abou Dhabi de quatre et cinq étoiles avec un taux d’occupation de 77%. Le président du syndicat des hôteliers explique que lorsque dans certains établissements hôteliers, l’occupation est de 20%, 30% ou 40%, la chambre, dont le tarif en temps normal est de 300 dollars, est cédée à 120 dollars. Il a relevé que les groupes qui viennent au Liban pour participer à des séminaires ou à des conférences bénéficient de tarifs préférentiels. Ce qui revient à dire que ces jours-ci, plus le nombre de clients est élevé plus les revenus sont faibles. Il a reformulé la demande des agents du secteur touristique de profiter d’un traitement privilégié de la part du gouvernement dans ces temps difficiles que traverse l’ensemble des industriels du secteur du tourisme, en les exemptant des amendes en raison du retard des paiements des taxes et impôts, la compassion de l’Electricité du Liban (EDL) et des offices de l’eau afin de ne pas couper le courant électrique en cas de non-versement des arriérés dus par les établissements. Pierre Achkar a considéré que la sécurité n’est pas suffisante pour garantir un regain de la dynamique du tourisme. Celle-ci devrait être associée à une stabilité politique.

 

Restaurateurs en souffrance
Quant aux restaurateurs, le rythme de leur activité a subi des modifications et des ajustements depuis 2011. Cité par le bulletin Lebanon in Brief de BlomInvest, le partenaire associé d’un restaurant libanais de grande renommée a reconnu que les acteurs de son secteur peinent à atteindre les chiffres d’affaires enregistrés en 2010 et 2011, soulignant qu’en 2010, les restaurants au Liban servaient près de 2,3 millions de touristes, mais qu’à la suite du déclenchement de la guerre en Syrie et la récession qui en a suivi, le nombre des touristes est tombé à 1,3 million en 2013 avant de recouvrer légèrement en 2014. Ceci dit, les restaurants comptent sur la clientèle locale pour survivre. Le style de vie au Liban a changé dans le cadre duquel les deux partenaires dans un couple travaillent et la femme a de moins en moins de temps à consacrer à faire la cuisine. Il n’en demeure pas moins que les sorties de restauration représentent encore le meilleur plaisir dont les Libanais peuvent profiter dans la qualité.

 

Liliane Mokbel

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