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Nº 3035 du vendredi 8 janvier 2016

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Exportation des déchets. 10 questions toujours en suspens

Contacté à de nombreuses reprises par Magazine, le ministre de l’Agriculture et président de la commission du traitement du dossier des déchets, Akram Chéhayeb, n’était pas disponible pour répondre aux dix questions que pose encore l’exportation des déchets.

1 Quelle est la destination des ordures libanaises?
Si certains médias ont évoqué comme potentielle destination l’Angola et le territoire turc chypriote, rien n’a encore été officiellement annoncé, la destination des ordures demeure toujours un mystère.

2 Comment le Liban peut-il exporter ses déchets, alors qu’il a ratifié la convention de Bâle?
Selon cette dernière, si des déchets «dangereux» sont exportés, cela est considéré comme «un trafic illicite» (article 9 de la convention de Bâle). Or, il est actuellement impossible de trier les déchets amoncelés dans les rues depuis cinq mois et contenant potentiellement des déchets dangereux, donc comment les exporter sans enfreindre la convention de Bâle?

3 Une fois la période transitoire de 18 mois passée, que prévoit le gouvernement pour le traitement des ordures à long terme?
Si l’exportation des déchets est avancée comme une solution provisoire pour une période de 18 mois et potentiellement renouvelable, elle ne résout pas la question essentielle du traitement des déchets à long terme. Que prévoit réellement le gouvernement à cet égard?

4 Quels déchets sont concernés par l’exportation?
S’agit-il des déchets amoncelés dans les rues, comme l’a annoncé le ministre Akram Chéhayeb? Si c’est le cas, comment les trier et les préparer à l’export après cinq mois? S’il s’agit des futurs déchets produits, si l’on parvient à les trier de manière professionnelle dans ce cas, pourquoi ne pas les traiter localement à moindre coût?

5 Le plan d’exportation des déchets concerne ceux produits par la région de Beyrouth et du Mont-Liban, qu’adviendra-t-il des autres régions libanaises?
Un flou total règne sur le sort du reste du pays qui n’est pas concerné par l’exportation des déchets. Que prévoit le gouvernement à cet égard?

6 A long terme, le plan Chéhayeb prévoyait de transférer la responsabilité du traitement des ordures aux municipalités, qu’en est-il aujourd’hui, cet objectif est-il toujours d’actualité?
La décision de l’exportation des ordures va à l’encontre de l’objectif de décentralisation prévu initialement par le plan Chéhayeb. Aujourd’hui, les municipalités concernées ont-elles le choix du traitement de leurs ordures? Peuvent-elles décider d’opter pour une autre option que l’exportation telle que la construction d’une usine de tri et de recyclage de proximité ou sont-elles obligées d’exporter leurs déchets?

7 Combien coûte l’exportation des déchets?
Du côté des professionnels, les estimations varient de 230 dollars à 330 dollars la tonne de déchets, alors que le ministre annonçait un tarif à 212 dollars la tonne si l’on compte le balayage (ce que Sukleen n’assurait que pour le Grand Beyrouth) et 191 dollars sans le balayage. En réalité, quel est le coût exact de cette opération?

8 Comment sera financée l’option de l’exportation des ordures? Qui paiera le coût exorbitant de l’exportation des déchets?
S’il a été annoncé qu’une partie des frais serait couverte par la Caisse automne des municipalités, qu’en est-il du reste? Par ailleurs, si les municipalités doivent payer pour l’exportation, cela signifie-t-il qu’elles ne pourront pas financer une option durable de traitement des ordures?

9 Comment ont été choisies les entreprises prestataires de services?
S’agit-il d’un appel d’offres ou d’un contrat de gré à gré? Là encore, le caractère hautement confidentiel du dossier laisse de nombreuses questions en suspens, un flou total règne encore sur le cahier des charges.

10 Pourquoi le gouvernement a choisi l’option la plus chère et la plus difficile à mettre en œuvre?
C’est la première question à se poser. Pourquoi le gouvernement, à qui la société civile a pourtant proposé une solution alternative moins coûteuse et durable, tranche-t-il finalement pour une solution qui va à l’encontre des conventions internationales et qui reviendrait sur 18 mois à plus du double du coût de la construction d’infrastructures permettant le traitement des ordures à long terme sur tout le territoire libanais? 

Soraya Hamdan

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