C’est à l’église Saint-Maron qu’une messe a été célébrée par l’évêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, en présence de personnalités politiques et religieuses. Dans son homélie, le prélat a déploré que cette fête se déroule sans la présence d’un président de la République.
L’évêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a prononcé une homélie dans laquelle il a déploré le fait que désormais les chrétiens d’Orient, plus précisément ceux d’Irak et de Syrie, vivent dans des conditions difficiles et sont même chassés de leurs pays. «Pour la seconde année consécutive, a-t-il dit, la fête de Saint-Maron est célébrée en l’absence d’un chef d’Etat. Or, si nous souhaitons combler la vacance à la tête de l’Etat dans les délais les plus brefs, nous devons oublier nos intérêts personnels et élire un président. Pour certains, le Liban n’est pas sur l’agenda des grands. Certes, mais l’élection d’un président doit représenter une volonté libanaise de respecter la Constitution garante de l’Etat et de sa pérennité». Revenant sur la situation régionale et notamment sur celle des chrétiens, Mgr Matar a rappelé que ceux-ci font partie du Liban et de toute la région, ils ont été les principaux pionniers de la Renaissance arabe, de l’ouverture et de la modernité. «Ce qui se passe actuellement, a-t-il insisté, est une crise spirituelle avant d’être politique. Jean-Paul II avait bien qualifié le Liban de pays-message, celui du vivre en commun et de la diversité. Il est donc nécessaire que les grandes puissances régionales et internationales placent ce pays dans leurs priorités, lui qui constitue un exemple de paix dans cette partie du monde».
Le prélat a souhaité avec chaleur la bienvenue au Premier ministre, Tammam Salam, mettant l’accent sur la symbolique de sa présence en ces temps difficiles. Il a aussi salué la présence du député Abdel-Latif Zein, représentant le chef du Parlement, Nabih Berry. Des personnalités politiques de tout bord étaient présentes à cet événement.
En parallèle de la messe célébrée à Beyrouth, le patriarche Béchara Raï a présidé l’office divin à Bkerké. Dans son homélie, il a appelé les chrétiens à marcher sur les traces de saint Maron et à bâtir des ponts entres toutes les factions libanaises. «Je bénis, dit-il, toute initiative qui réunit les alliés, mais aussi ceux qui sont en conflit ou en contradiction. Je bénis aussi toute initiative courageuse mettant fin au sabotage des séances parlementaires. Pour arriver à l’élection d’un président, le Liban a besoin d’hommes d’Etat réels susceptibles de prendre ce genre de décisions». A l’instar de Mgr Matar, il a appelé les hommes politiques à oublier leurs propres intérêts pour agir en fonction de ceux du pays. Le patriarche a tenu un aparté avec les députés Gilberte Zouein (CPL), Antoine Zahra (Forces libanaises), ainsi que l’ancien ministre Youssef Saadé (Marada). Il n’y a pas eu de déclarations à l’issue de cet aparté. Le patriarche et l’évêque Matar avaient tenu ces mêmes propos l’an dernier, mais leurs appels étaient tombés dans les oreilles de sourds puisque les politiciens n’ont pas réussi encore à s’entendre sur un candidat précis.
Danièle Gergès