Magazine Le Mensuel

Nº 3041 du vendredi 19 février 2016

Actualités internationales

Jean-Marc Ayrault. Un homme prudent au Quai d’Orsay

L’ancien Premier ministre de François Hollande, Jean-Marc Ayrault, récupère le siège laissé vacant par Laurent Fabius, déjouant tous les pronostics des médias français.
 

Contre toute attente, et alors qu’on annonçait l’arrivée de Ségolène Royal à ce poste, c’est finalement l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui hérite du ministère français des Affaires étrangères. Son prédécesseur, Laurent Fabius, avait annoncé son départ et a, entre-temps, été nommé à la présidence du Conseil constitutionnel français.
L’ancien Premier ministre sous le mandat de François Hollande, de 2012 à 2014, revient donc au gouvernement en s’installant au Quai d’Orsay. Germanophone, Jean-Marc Ayrault présente l’avantage, pour le président français, d’être un poids lourd de sa majorité, tout en étant déjà connu sur la scène européenne et internationale.

 

Pas anglophone
Jacques Myard, membre de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, a confié à l’agence de presse russe Sputniknews que cette nomination pouvait modifier les relations plutôt tendues de Paris avec Moscou, ainsi que sa politique concernant les crises du Moyen-Orient. «M. Ayrault, qui a peut-être une chance de modifier les relations à l’égard de la Russie, du Proche et du Moyen-Orient, est un homme prudent. Je suis sûr qu’il va agir de manière lente, pas à pas. Mais cette nomination est l’occasion de revisiter nos positions à l’égard de la Russie et de ce système de sanctions absurdes, contre-productives», a espéré le député, qui fait partie des rares hommes politiques français à s’être rendus en Syrie depuis le début de la guerre.
Agé de 66 ans, Jean-Marc Ayrault s’est forgé une image de personnalité consensuelle, dotée d’une réputation de sage. Selon la presse française, parmi ses atouts, le fait d’avoir déjà rencontré nombre de dirigeants étrangers. Sa qualité de germanophone atteste de la volonté de l’Exécutif d’envoyer un message à ses partenaires européens.
En revanche, le nouveau ministre des Affaires étrangères ne parle pas l’anglais, contrairement à ses homologues européens. Un handicap qui pourrait peser au cours des nombreuses négociations diplomatiques à venir, notamment sur la Syrie ou la Libye.
Au lendemain de sa nomination, le nouveau ministre a choisi son directeur de cabinet, Laurent Pic, ambassadeur de France aux Pays-Bas depuis octobre 2014, et qui occupait précédemment les fonctions de conseiller diplomatique d’Ayrault, quand celui-ci était Premier ministre. Il aura aussi à ses côtés Guillaume Ollagnier, un ex-diplomate qui travaillait auprès de Laurent Fabius sur le dossier ukrainien et les questions stratégiques.
Jean-Marc Ayrault s’est plongé rapidement dans le bain en participant notamment au forum annuel sur la sécurité organisé à Munich où une réunion était consacrée à la Libye. «Il n’y a plus de temps à perdre pour que ce gouvernement d’union nationale puisse prendre ses fonctions et s’installer à Tripoli en toute sécurité. Il faut aller vite, aussi vite que possible (…) Il en va de l’intérêt des Libyens, de l’intérêt et de la sécurité des pays de la région et il en va aussi de la sécurité en Europe», a-t-il déclaré à l’issue de la conférence. Lundi soir, un communiqué émanant du Quai d’Orsay condamnait fermement «les attaques contre les structures de santé en Syrie par le régime ou ses soutiens (qui) sont inacceptables et doivent cesser immédiatement», après le bombardement d’un hôpital de MSF.
Toutefois, et malgré les crises au Moyen-Orient, le cheval de bataille du nouveau chef de la diplomatie française devrait être l’Europe. «Avec Ayrault, on peut s’attendre à une politique favorable à plus d’Europe, avec pragmatisme et lucidité», confie l’un de ses anciens collaborateurs au Journal du Dimanche. Il a d’ailleurs profité de son discours de prise de fonction pour inviter «tous les Etats de l’Union à se retrouver autour d’une ambition renouvelée», dont dépend «la survie du projet européen lui-même».

Jenny Saleh
 

Sur le Moyen-Orient
Israël-Palestine
«L’urgente nécessité d’une relance du dialogue suppose en effet la reconnaissance d’un Etat palestinien, membre de l’Onu, sur la base des frontières de 1967 accordant à Israël des garanties de sécurité». Septembre 2011 (proposition de résolution parlementaire).
«Il est temps d’arrêter cette escalade dangereuse à la fois pour la sécurité d’Israël, pour son peuple, mais aussi les Palestiniens». (15 novembre 2012).
Liban
«Il n’y a pas de paix possible au Liban si on ne respecte pas l’intégrité territoriale, nationale et politique du Liban». Europe 1, 2005.
Iran
«L’accord sur le nucléaire iranien est historique. C’est une immense avancée pour la paix et la stabilité dans la région».

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