Magazine Le Mensuel

Nº 3045 du vendredi 18 mars 2016

Actualités internationales

Un Libanais parmi les victimes. Al-Qaïda frappe en Côte d’Ivoire

L’Afrique a de nouveau été frappée dimanche par une attaque jihadiste revendiquée par al-Qaïda au Maghreb islamique. Pour la première fois, c’est la Côte d’Ivoire qui a été touchée, sur la plage de Grand-Bassam, faisant au moins dix-huit victimes, dont un Libanais.
 

Il est un peu plus de 12h30, dimanche 13 mars, quand ce qui aurait pu être une journée tranquille sur la plage se transforme en cauchemar. Un commando armé, composé, selon les témoins sur place, de six assaillants cagoulés et armés de fusils automatiques, fait irruption sur la plage du Grand-Bassam, une station balnéaire située à 40 km d’Abidjan. Ils sont arrivés là sur une embarcation de fortune qui faisait office de taxi collectif.
Alors que les clients ivoiriens et occidentaux se détendent sur la plage, le commando se met à tirer à l’aveugle, aux environs d’un hôtel connu de Grand-Bassam, l’Etoile du Sud. Un témoin affirme que l’un des assaillants criait «Allah Akbar» tout en tirant des rafales. Paniquées, les personnes présentes sur la plage se mettent à courir, pour se réfugier à l’intérieur de l’hôtel, suivies par certains des assaillants qui poursuivent leur funeste besogne.
Selon Abbas el-Roz, un ressortissant libanais interrogé par l’AFP, qui séjournait dans cet établissement, l’un d’eux portait une kalachnikov et une ceinture de grenades. L’Etoile du Sud n’est pas le seul hôtel à être visé. Deux hôtels voisins, le Koral hôtel et la Paillote, en font également les frais.
Très vite, les forces de l’ordre ivoiriennes se déploient sur la zone, soutenues par des troupes d’intervention et des militaires cantonnés dans la région. La zone est quadrillée, ratissée, tandis que des embouteillages se forment sur la route voisine reliant Assinie, une autre station balnéaire très prisée, jusqu’à Abidjan. Quelques heures plus tard, les autorités ivoiriennes annoncent avoir neutralisé six assaillants, avant de préciser qu’il s’agit en fait de trois attaquants. Le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, évoque, devant les caméras, un bilan «lourd». «Les terroristes ont tué quatorze civils (dont quatre Occidentaux, ndlr) et nous avons perdu deux membres des forces spéciales», a-t-il précisé. Un bilan qui pourrait encore s’alourdir vu le nombre important de blessés par balle. Parmi les victimes, Toufik Hayeck, un Libanais originaire de Nabatié, mortellement touché, alors qu’il nageait dans la piscine aux côtés de son épouse. Cette dernière a pu s’en sortir. Selon le chargé d’affaires libanais à Abidjan, cinq autres Libanais auraient été blessés dans l’attaque: Hassan Mortada, Mohammad Mortada, Nagibé Sabra et ses deux enfants.
En fin d’après-midi, un communiqué d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) revendique l’attaque de Grand-Bassam, évoquant «trois héros», quand les autorités ivoiriennes annoncent avoir neutralisé six assaillants. Le mode opératoire rappelle, quant à lui, celui de l’attentat de Sousse, en Tunisie.
Si cet attentat est une première pour la Côte d’Ivoire, ce n’est pas une surprise. Les attaques perpétrées contre des hôtels à Bamako en novembre 2015 ou encore à Ouagadougou, en janvier, apparaissaient comme un prélude annonciateur d’attentats contre la Côte d’Ivoire qui se savait dans le collimateur des jihadistes de la zone sahélienne. A l’hiver 2015, plusieurs attaques de villages avaient été enregistrées dans l’extrême sud du Mali à une dizaine de kilomètres de la frontière ivoirienne.
Le gouvernement ivoirien avait déployé, ces deux derniers mois, un impressionnant dispositif de sécurité autour des hôtels d’Abidjan, s’attendant à un attentat. Les terroristes auront visé un angle mort. 

Jenny Saleh
 

Le Sénégal, prochaine cible?
Tout comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, où vit une importante communauté libanaise, apparaît aussi dans le viseur des groupes jihadistes. Le journaliste de RFI spécialiste des jihadistes, David Thomson, a acquis la certitude que Dakar sera la prochaine cible des terroristes. Cette hypothèse est, en effet, renforcée par la forte présence affichée, ces derniers mois, de recrues sénégalaises pro-Etat islamique recensées entre la Libye, le Nigeria et la Syrie. Ces jihadistes francophones n’ont pas caché leur intention, dans des interviews accordées à la presse sénégalaise, d’en découdre avec leur pays natal, considéré comme «une terre de mécréance». Les autorités sénégalaises ont d’ailleurs pris ces menaces au sérieux ces derniers mois, renforçant leurs dispositifs de sécurité et effectuant des opérations dans les milieux islamistes. Les grands hôtels sénégalais ont été priés de renforcer leur sécurité, sous peine de se voir retirer leurs permis d’exploitation. Cela suffira-t-il?

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