Magazine Le Mensuel

Nº 3059 du vendredi 24 juin 2016

Actualités internationales

Jack Lang, président de l’Ima. La présidentielle libanaise sera évoquée avec l’Iran

Dans le cadre d’un partenariat entre l’Office du tourisme libanais à Paris et l’Institut du monde arabe (Ima), et à l’invitation du ministre du Tourisme, Michel Pharaon, le président de l’Ima, l’ancien ministre Jack Lang, a assisté au lancement de la Fête de la musique au Liban. En marge de cette visite, Magazine a abordé avec Lang le problème de la présidentielle libanaise et la situation en Syrie.

La France tente, depuis plusieurs mois déjà, de dénouer l’épineuse question de la présidentielle libanaise. Avez-vous des informations récentes sur le sujet surtout avec la visite à Paris du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif?
Il est inadmissible qu’un pays comme le Liban soit privé d’un président, mais la question de son élection est purement libanaise et seuls les Libanais peuvent la résoudre entre eux, bien que celle-ci soit liée à la situation internationale. Il se peut, toutefois, que le sujet soit abordé avec les responsables iraniens.

La situation en Syrie ne fait qu’empirer. L’Europe et la communauté internationale assistent, sans mot dire, à la famine des habitants de Daraya. Dans le reste de la Syrie, les combats se poursuivent, les civils étant les premières victimes. Et malgré cela, l’Onu n’est pas en mesure de faire voter une décision afin de larguer des vivres aux régions assiégées. Que fait la France en ce sens?
Ce qui se passe en Syrie est un acte de monstruosité quotidien. La France avait pris des initiatives qui n’ont pas été accompagnées par les Etats-Unis. Lorsque l’attaque chimique a eu lieu (dans la Ghouta orientale), la France était prête à riposter, mais le président Barack Obama a eu recours à un subterfuge en invoquant la nécessité de soumettre l’intervention militaire à un vote du Congrès, chose qui n’était pas obligatoire. Pour ce qui est de Daraya, il y a certainement une absence manifeste d’engagement de la part de la communauté internationale. Une ONG (Médecins sans frontières) a même refusé le financement de l’UE en raison de ce manquement au devoir humanitaire.

Envisagez-vous une solution en Syrie à moyen terme?
Il faut trouver une solution pour mettre fin à l’assassinat du peuple syrien, qui ne peut pas être envisagée sans le soutien de la Russie et de l’Iran qui, tous deux, appuient Assad dans son entreprise criminelle.

Le Liban subit de plein fouet la crise syrienne. La France peut-elle faire plus en ce sens?
L’Union européenne manque de générosité. Il faut faire davantage, le Liban accueille seul plus d’un million de réfugiés avec tout ce que cela comporte… je dis au Liban chapeau. La France a décidé de débloquer des fonds destinés à l’aide humanitaire, mais cela n’est pas suffisant. Puisque les Etats-Unis ne veulent rien faire, il faut qu’ils apportent un soutien humanitaire plus important, notamment à la Jordanie et au Liban.

Les élections présidentielles américaines auront lieu en novembre prochain, pensez-vous qu’il y aurait un changement de la politique étrangère des Etats-Unis, dans le cas d’une élection de Hillary Clinton?
Je crois que oui. De par ses actions passées et son tempérament, Madame Clinton serait davantage portée à intervenir.

Aujourd’hui, les membres de la coalition contre l’organisation de l’Etat islamique focalisent leur attention sur le combat militaire contre le terrorisme. Mais dans cette guerre, les aspects culturel et éducatif sont très importants. Que fait l’Ima pour contribuer à cet effort?
La guerre contre l’Etat islamique se fait aussi culturellement, par le biais d’expositions, de forums d’activités liés aux centres de réflexion. Il est important que le combat contre le fanatisme et le terrorisme se fasse par la promotion d’une philosophie de la paix et du pluralisme. Nous avions récemment organisé à l’Ima un symposium ayant pour thème Pouvoir et religion. De telles initiatives font partie du combat contre le terrorisme.
 

Propos recueillis par Mona Alami
 

Un acte d’amitié
Le but essentiel de la visite de Jack Lang était d’assister au festival de la musique, qui est dans sa 15e édition au Liban et dans sa 35e au niveau international. «Cette dernière a pris un caractère universel, je ne pouvais donc pas manquer l’occasion au Liban, où elle a pris une très grande ampleur», se réjouit Lang. En même temps, cette visite est un acte d’amitié envers le Liban qui a traversé des événements horribles, avec la guerre en Syrie, Daech et le flot de réfugiés qu’il accueille si généreusement. «Nous préparons de grands projets auxquels nous associons également le Liban. On octobre, il y aura la grande exposition sur Etel Adnan, aussi étonnante qu’exceptionnelle. L’autre projet est le plus important à être réalisé sur les chrétiens d’Orient, c’est 2 000 ans d’histoire que nous voulons raconter à travers un événement réunissant des œuvres d’art et des collections exceptionnelles à l’automne de l’année prochaine».

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