Magazine Le Mensuel

Nº 3046 du vendredi 25 mars 2016

Spectacle

Alain Plisson met en scène Dr. Knock. «Tout bien portant est un malade qui s’ignore»

Pour sa pièce annuelle au profit d’associations de bienfaisance, Alain Plisson revisite cette année l’œuvre maîtresse de l’académicien Jules Romains, Dr. Knock ou le triomphe de la médecine, du 1er au 16 avril, au théâtre Tournesol.
 

S’entretenir avec Alain Plisson à propos de la pièce qu’il présente, c’est toujours remonter avec délices, saveur  et menus détails jusqu’à sa genèse, son histoire, de sa première création jusqu’à ses diverses représentations, ses spécificités, son message, son époque, son intemporalité. Et c’est toujours le cas dans le choix d’Alain Plisson. Après avoir mis en scène, l’année dernière, Molière dans Les fourberies de Scapin, il passe cette année à une autre grande classique, l’«une des œuvres maîtresses des années 20 du siècle dernier», Dr. Knock ou le triomphe de la médecine de Jules Romains, considérée l’un des grands classiques du vieux répertoire français à tel point que le titre même de la pièce, ce Dr. Knock, est presque entré dans le langage courant pour désigner un médecin charlatan.
«La pièce a longtemps tenu une place dans mes archives sans que je ressente vraiment l’envie de la monter», dit Plisson, jusqu’à l’année dernière où, après la «brillante interprétation» d’Etienne Kupélian dans le rôle de Scapin, il se demande quel rôle aussi important pourrait-il lui donner cette année, peut-être moins spectaculaire visuellement, mais un personnage qui sorte de l’ordinaire. Et voilà qu’il tombe sur Dr. Knock. «Je ne pouvais pas lui faire un plus joli cadeau». Etienne Kupélian partagera la scène avec Jacques Mokhbat, Cyril Jabre, Philippe Fayad, Pascal Coz, Laurent Kupélian, Marie Lagarrigue, Josyane Boulos, Denise Chéhab et Lorraine Ouaiss.

 

Rire pour ne pas en pleurer
Mettre en scène Dr. Knock a notamment posé à Alain Plisson certaines difficultés techniques qu’il a fallu contourner. D’abord, le fait que la pièce se déroule dans trois décors différents, qui ne sont pas évidents, et dans l’absence d’un théâtre équipé en la matière au Liban, il a choisi le minimalisme le plus formel, effectuant les petits changements de décor devant le public pour passer d’un trajet en voiture en pleine nature, représentée par la façade dessinée d’une voiture, à la clinique du Dr Knock, formée d’un bureau, de deux chaises et d’un lit de consultation, au hall d’entrée d’un grand hôtel transformé en hôpital suggéré par des sièges et des paravents blancs.
Un minimalisme formel qui contribue à mettre en valeur le texte de la pièce «qu’il faudra écouter avec beaucoup d’attention, avec son langage subtil, drôle et cruel à la fois… C’est une satire cruelle d’une certaine médecine où le Dr Knock est pratiquement un charlatan qui se construit réputation et fortune avec un tel cynisme». Une satire suggérée par cette phrase clé de la pièce reproduite sur l’affiche: «Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore». Relevant l’intelligence du texte de Jules Romains qui passe sur tout un spectre de personnages représentant une certaine condition sociale, du paysan jusqu’à la dame du grand monde, que Dr Knock arrive à convaincre de l’état maladif de leurs carcasses, Plisson lance, à son tour ironique et drôle, que «les médecins qui seront dans la salle vont certaines fois rire jaune». Parce que le sujet est grave, toujours d’actualité, et d’autant plus important au Liban où «on en est encore plus conscients qu’ailleurs parce que, dans d’autres pays du monde, les soins médicaux sont assurés, alors qu’ici les gens plongent dans toutes sortes de dettes pour pouvoir payer les frais d’hospitalisation». Et d’espérer que cela «donnera matière à réflexion».
Selon ses «bonnes habitudes», Plisson a coupé le texte; parce que le sujet est grave et que la pièce de Romains se termine sur une note très noire, il a opté pour une ambiance finale différente, moins dramatique, en jouant simplement sur l’intention de l’auteur et laissant ouvert l’imaginaire des spectateurs. «Dans une mise en scène, on peut transformer une comédie en drame et vice versa. Tout dépend de la manière dont on imagine la situation et j’ai essayé de trouver une situation sympathique qui laissera le spectateur tirer lui-même les conclusions comme il veut»… Et comme disait la chanson: «Ah! bon Dieu! qu’c’est embêtant d’être toujours patraque/«Ah! bon Dieu! qu’c’est embêtant je n’suis pas bien portant…».

Nayla Rached
 

Théâtre Tournesol: (01) 381 290.

Calendrier des présentations
Les présentations se feront au profit d’associations de bienfaisance, comme suit:
Vendredi 1er avril Bank Audi (sur invitation).
Samedi 2 Association Louise de Marillac – (01) 331 141.
Dimanche 3 Ligue latine du Liban – (03) 213 213.
Jeudi 7 Soirée publique.
Vendredi 8 Les Restos du cœur – (03) 266 841.
Samedi 9 Afel – (03) 376 033.
Dimanche 10 Caritas – (01) 204 170.
Jeudi 14 arcenciel – (01) 495 561.
Vendredi 15 et Samedi 16 Société du sida – (03) 292 915.

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