Magazine Le Mensuel

Nº 3047 du vendredi 1er avril 2016

Editorial

Le paradoxe

Culture et démocratie

Ancien ministre de la Culture dans le gouvernement de Rafic Hariri, titulaire d’un doctorat en lettres, d’un doctorat en sciences politiques et d’un DEA en droit, Ghassan Salamé a occupé le poste de conseiller politique du secrétaire général de l’Onu, Sergio Vieira Mello, en 2003. Il accompagnait ce dernier en Irak où le diplomate brésilien a trouvé la mort dans un attentat auquel Ghassan Salamé échappe de justesse. Analyste chevronné, grand connaisseur des situations au Moyen-Orient, détenteur de multiples diplômes, professeur des universités et à l’Institut d’études politiques de Paris, sa carrière est particulièrement riche. C’est ainsi, qu’entre autres, il a enseigné au Liban à l’Université Saint-Joseph et à l’Université américaine de Beyrouth. Son expérience dans le domaine de la culture, sa grande compréhension des peuples de la région et de leurs traditions, ainsi que sa profonde connaissance des questions internationales justifieraient grandement son accès à la présidence de l’Unesco. Quand il est interrogé sur l’influence des guerres, notamment dans les pays voisins, la Syrie et l’Irak, la réponse de ce diplomate, penseur et écrivain, qui n’a plus besoin de faire ses preuves, est que ce qui compte pour le Liban, c’est d’être immunisé contre les évolutions régionales. Où en sommes-nous de cette équation? Un de ses ouvrages a pour titre: Démocrates sans démocratie. Ne résume-t-il pas ainsi la situation du Liban dont il connaît tous les rouages politiques et, surtout, toutes les clauses d’une Constitution censée être à la base de toute l’existence de l’Etat libanais? Ne répondons-nous pas au sens de ce titre évocateur? Seules trois personnalités de la classe dirigeante, à leur tête Walid Joumblatt, semblent avoir compris l’importance de ce poste qui n’est pas seulement honorifique, mais dont les enjeux sont particulièrement profitables en ce moment pour le pays du Cèdre. Mais au pays des polémiques, un sujet de cette envergure ne pouvait échapper à la règle. C’est ainsi que sans attendre, d’autres candidatures sont avancées, elles sont peut-être aussi valables, mais ne pouvait-on pas empêcher une telle compétition?

Des affaires très étrangères
Les crises locales ne veulent pas perdre leur place dans le paysage national. Et comme un scandale en chasse un autre, les polémiques se suivent et se ressemblent tant par la mauvaise foi qui, souvent, les dicte, ou pire, par l’absence volontaire de les traiter. Toute initiative, aussi efficace soit-elle dans l’intérêt de tous, est bloquée pour des raisons individuelles communautaires ou politiques difficiles à comprendre par le citoyen lambda qui n’a qu’un souci, celui de vivre avec sa famille en paix.
Or, des sujets d’une importance primordiale pour le destin et l’avenir de la nation sont, pour le moment, jetés au rancart ou, pour le moins, reportés à des dates indéterminées et absents des manchettes des médias.
Nous n’allons pas revenir au problème des déchets et à ses solutions douteuses, en tout cas, provisoires. Ni même sur les liaisons électroniques qui, si elles s’avéraient, seraient d’une gravité capitale et auraient de lourdes conséquences préjudiciables.
Une situation plus critique est le climat tendu, et même hostile, provoqué par les déclarations, peu réfléchies ou irréfléchies, du ministre des Affaires étrangères, mettant en péril l’intérêt national et économique déjà fragile du Liban au Golfe et dans les pays arabes qui recueillent nos compatriotes. Les menaces de sanctions contre le Liban n’ont pas tardé à pleuvoir de toutes parts.
Mieux encore, la visite au Liban de Ban Ki-Moon, l’homme le plus influent du monde de par sa position à l’Onu, n’a pas été accueilli ou reçu au ministère par le chef de la diplomatie libanaise, ou par son représentant. L’excuse du ministre était, certes, plausible, mais il aurait pu au moins avoir à son égard un minimum d’attention. Il est vrai que Ban Ki-Moon venait visiter les camps palestiniens et syriens mais sur le sol libanais. Etait-ce, comme on l’a laissé entendre, parce que le ministre ne voulait pas aborder un problème d’implantation ni, plus simplement, le sujet des armes du Hezbollah? Encore une fois, la polémique va bon train et toutes les éventualités sont ouvertes. Chacun y va de sa version selon le camp auquel il est affilié.

Mouna Béchara  


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