Au cours d’un sommet spirituel réuni à Bkerké autour du patriarche maronite Béchara Raï, les dignitaires religieux chrétiens ont exprimé leurs craintes de voir les guerres s’installer dans la région, les chrétiens choisir l’exode et les réfugiés implantés dans les pays d’accueil.
Un sommet spirituel d’une importance majeure s’est tenu à Bkerké lundi 4 avril. Les défis auxquels est confronté le Liban sur le double plan interne et régional ont porté les patriarches à tirer la sonnette d’alarme. Le patriarche Béchara Raï a relevé que «les échéances et les défis régionaux augmentant, les chefs spirituels chrétiens doivent se réunir et réfléchir, non seulement dans l’intérêt de nos Eglises, mais également dans celui des peuples de la région. Il semble, dit-il, qu’il n’existe pas de solutions prévisibles aux guerres dans la région du Moyen-Orient, que les peuples continueront d’émigrer, notamment les chrétiens».
Non à l’implantation
Les dignitaires présents au sommet ont déploré la vacance présidentielle qui perdure. Ils conseillent de faire de cette échéance une priorité, cette situation pesant lourdement, selon l’Eglise, sur le fonctionnement des institutions de l’Etat, insistant au passage sur la coexistence entre les chrétiens et les musulmans. «Nous avons bâti au Liban la culture de la modération et du vivre en commun», a déclaré Mgr Raï, demandant aux Libanais de s’en tenir à ces principes. Les participants ont mis l’accent sur l’urgence de réparer la confusion qui règne dans les relations du Liban avec un nombre de pays arabes, sous-entendant principalement l’Arabie saoudite, faisant état de leurs craintes que la détérioration des relations entre le Liban et ses voisins ne se répercute négativement sur plusieurs plans dont le volet économique.
Les chefs spirituels ont souligné l’importance de «protéger l’environnement et de lutter contre les crises socioéconomiques» qui déstabilisent le pays et poussent les citoyens à l’exode.
Sur le plan régional, les dignitaires ont relevé la nécessité de mettre un terme aux conflits en Syrie et en Irak. Ils ont exhorté la communauté internationale à trouver une solution au problème des réfugiés, «le Liban n’ayant pas la capacité d’accueillir les réfugiés syriens, palestiniens et irakiens». Ils ont appelé à la mise en place de solutions politiques pour assurer leur retour dans leurs pays respectifs et à trouver des solutions à la cause palestinienne en édifiant deux Etats».
Concernant le problème des réfugiés syriens précisément, une source proche de Bkerké a confié à Magazine que, vu les développements en Syrie et le risque de partage du pays en fédérations communautaires, l’Eglise maronite craint l’implantation de ces réfugiés au Liban. Il a fait part de ses craintes à la communauté internationale en mettant l’accent sur le fait que le pays du Cèdre croule déjà sous le poids de problèmes politiques et socioéconomiques divers et ne pourrait supporter une telle mesure qui le ferait choir définitivement.
Les patriarches des Eglises orientales: le catholicos de l’Eglise apostolique arménienne, Aram Ier, le patriarche syriaque-orthodoxe, Ignace Ephrem II Karim, le patriarche grec-catholique Grégoire III Laham, le patriarche des syriaques-catholiques, Ignace Youssef III Younan, le patriarche des Arméniens-catholiques, Grégoire Bedros XX, le nonce apostolique, Gabriele Caccia, le pasteur Salim Sahyouni et les représentants des Eglises copte et assyrienne ont pris part au sommet spirituel de Bkerké, à l’invitation du patriarche maronite, Béchara Boutros Raï. Le patriarche des grecs-orthodoxes, Youhanna X Yazigi, était absent.
Danièle Gergès
Accident de voiture
Les évêques Mounir Khaïrallah et Boulos Emile Saadé ont été victimes d’un accident de voiture sur l’autoroute de Barbara alors qu’ils rentraient de Bkerké. Leur voiture, une Honda, a percuté de plein fouet une Volvo conduite par Pierre Majed qui s’en est sorti indemne. Les deux évêques ont subi des fractures des épaules. Mgr Khaïrallah a, quant à lui, été également blessé à la tête. Ils ont été transportés à un hôpital de Jbeil.