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Nº 3049 du vendredi 15 avril 2016

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Antoine Zahra, député de Batroun. «Pas de président à court terme»

Dans une interview recueillie par Magazine, Antoine Zahra, député des Forces libanaises à Batroun, considère qu’au Liban, il n’y a pas de solutions en vue dans les mois à venir, du fait de la complexité de la situation en Syrie et de «l’ego démesuré» du Hezbollah qui, depuis l’intervention russe, se sent puissant au-delà de toute expression.

Trêve au Yémen, pourparlers en Syrie, la région se dirige-t-elle vers plus de calme?
Au Yémen, il semble que nous nous dirigions vers une solution qui prendra en considération les différences ethniques, communautaires, confessionnelles. Mais en Syrie, le cas est tout à fait autre et cela pour plusieurs raisons. D’une part, la réalité sur le terrain est jugée inacceptable par les 18 millions de sunnites.
Le régime alaouite et ses alliés, dont le Hezbollah, ont formé un cordon à la frontière libano-syrienne et dans les régions intérieures en Syrie, ne laissant aux sunnites aucun accès à la mer, ni vers le Liban. D’autre part, les régions à prédominance sunnite sont actuellement isolées et désertiques, ce qui est illogique et handicapant pour les citoyens de cette communauté.

A vous entendre, on dirait que la Syrie se dirige, lentement mais sûrement, vers la fédération. Ce scénario a-t-il toutes les chances actuellement?
Je ne le souhaite pas, mais j’essaie d’interpréter les choses telles qu’elles apparaissent sur le terrain. Trois millions d’alaouites ont fait main basse sur les régions les plus importantes, les plus stratégiques de Syrie. Comment voulez-vous que les sunnites l’acceptent? Si cette situation est fixée, nous nous dirigeons vers des années de conflits. N’oublions pas, non plus, qu’il y a au Liban près d’un million et demi de réfugiés syriens à prédominance sunnite. Comment peuvent-ils rentrer chez eux, alors que leurs régions natales se trouvent sous la dominance des forces du régime de Bachar el-Assad et de ses alliés? Cela ne présage rien de bon.

 

Craignez-vous l’implantation de ces réfugiés (syriens) au Liban?
Non, je n’ai pas peur que la situation évolue dans ce sens. Cependant, je crains qu’ipso facto, et pour les raisons précitées, ces réfugiés ne puissent pas rentrer chez eux et constituent, au fil du temps, un poids social et financier considérable sur le Liban.

Y aura-t-il une élection présidentielle à l’horizon au Liban?
Je ne le pense pas. Depuis l’intervention russe en Syrie, le Hezbollah a un ego démesuré, se sent plus puissant que jamais et considère que les développements lui sont favorables. Pourquoi faciliterait-il l’élection d’un président?

Etes-vous prêts à la tenue des municipales en mai?
Les Forces libanaises (FL) ont été claires sur ce point. Nous allons faire alliance avec le Courant patriotique libre (CPL), mais aussi avec le Courant du futur (CDF). Nous éviterons les batailles quand cela est possible et nous n’avons l’intention d’exclure personne.

Actuellement, le dossier de la corruption fait la Une. Croyez-vous vraiment que les coupables soient dénoncés et arrêtés?
J’en doute, mais je l’espère profondément. Il est temps de sortir de cette spirale infernale, d’aller jusqu’au bout des choses, d’autant plus que la corruption n’est plus le propre de telle ou telle communauté ou force politique. C’est devenu une sorte d’échanges d’intérêts entre un cercle intouchable à ce jour. En tant que FL, nous sommes fiers de ne pas faire partie de ce gouvernement, de ne pas avoir été mêlés à des scandales ou d’avoir protégé la corruption lorsque nous faisions partie du cabinet. Nous avons proposé récemment un projet de loi sur le thème «gouvernement électronique», qui fera que le contact entre citoyens et fonctionnaires soit réduit au minimum et que tous les services se passent via l’électronique.

Que pensez-vous du verdict prononcé par la Cour de cassation à l’encontre de Michel Samaha?
Je considère que le Tribunal militaire doit être réformé et perdre certaines de ses prérogatives inacceptables.
Ce tribunal doit se limiter aux procès des militaires. Cela n’a rien à voir avec les décisions qu’il prend et les membres qui le constituent, mais avec sa situation légale sur le plan constitutionnel.
 

Propos recueillis par Danièle Gergès

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