L’affaire du désaveu de la Banque centrale située à Bagdad de l’une de ses branches qui se trouve à Erbil avait fait planer, un certain moment, une ambiance de confusion et de panique parmi les banquiers libanais établis au Kurdistan.
Selon un haut cadre de la Banque du Liban (BDL), ce qui est arrivé en Irak est un fait qui survient rarement, à savoir la scission dans un Etat décentralisé entre la Banque centrale mère et une ou plusieurs de ses succursales situées dans diverses régions du pays. Il faut souligner qu’à la base, cette branche n’est pas une entité autonome et n’a pas les prérogatives d’imprimer de la monnaie tout comme elle ne détient pas de billets verts. L’erreur qu’auraient commise les banques libanaises est d’avoir placé leur argent en devises étrangères et en monnaie irakienne auprès de cette branche. Il aurait été simplement préférable qu’elles déposent leurs fonds, au moins ceux en devises, près de banques correspondantes européennes ou américaines. Pour l’instant, et jusqu’à ce que la situation s’éclaircisse en Irak, les avoirs de ces banques auprès de la branche d’Erbil ne sont pas récupérables. Ce qui a contraint la Banque du Liban et la Commission de contrôle des banques, conformément aux normes de la couverture des risques, à enjoindre aux opérateurs libanais d’engranger de nouvelles provisions qui seraient déposées auprès de la branche centrale irakienne à Bagdad. Le montant des provisions approcherait cent millions de dollars, la moitié étant en dollars et l’autre moitié en monnaie irakienne. Certes, les banques libanaises déduiront ces provisions de leurs capitaux propres, ce qui n’est pas évidemment de nature à plaire aux banquiers. La touche positive au tableau concerne les profits de ces banques qui sont de l’ordre de plus d’un milliard et demi de dollars, représentant un pourcentage de 5% à 6% de leurs bénéfices consolidés. Les banques libanaises sont en train de percevoir des commissions élevées dans un marché caractérisé par des transactions clôturées en cash, alors que leur corps de métier se limite actuellement à l’ouverture de crédit documentaire.
Si le marché est considéré immature pour l’instant, il a un important potentiel à court et moyen termes. C’est un marché énorme et profond, encore qu’il soit vierge au nom du phénomène mondial de l’inclusion financière. Les banques libanaises ont tout intérêt à se maintenir malgré les aléas de la conjoncture à condition d’être prudentes.
Parallèlement, une autre source bancaire a fait état, à Magazine, d’amendes infligées par les autorités monétaires à certains établissements de crédit libanais pour avoir acheté des montants de devises étrangères qui auraient dépassé leurs besoins réels, sachant que l’acquisition de dollars s’effectue en Irak par voie d’enchères. Depuis leur installation en 2007 à Bagdad, Erbil et Bassora, les banques libanaises se sont battues sur un marché complexe. D’ailleurs, sur base d’une réglementation portant le No 9/3/288, il leur a été imposé, le 16 octobre 2014, un relèvement de leurs capitaux propres qui repose sur l’équation suivante: à tout moment, la capitalisation des banques étrangères doit représenter 30% de celle des banques locales.
Industrie
Restructuration à Lecico-Liban
Les rumeurs sur un licenciement partiel des employés de l’usine Lecico – Liban en prévision d’une fermeture totale circulent depuis un certain temps. Contacté par Magazine, le directeur exécutif (CEO) de Lecico-Liban, Georges Goraeïb, a fait état d’«une démarche de restructuration de l’entreprise», tout en écartant, d’une manière ferme, la possibilité d’une suspension définitive des activités. En réponse à une question, il a confirmé le remerciement d’un certain nombre d’employés «devenus surnuméraires en raison de la faiblesse de la demande sur le marché et la surproduction». Il n’a pas manqué de pointer un doigt accusateur vers l’Etat qui ne fait rien pour stimuler l’industrie locale. Ainsi, Goraeïb a évoqué «les accords de libre-échange inéquitables» conclus entre le Liban et les pays arabes, où maints éléments de la production sont subventionnés. Mais il s’est surtout déchaîné contre le dumping dont fait l’objet le marché domestique de la part de la Chine. A titre indicatif, il s’est appuyé sur les registres de l’entreprise pour faire remarquer que le kilogramme d’une matière utilisée dans leur industrie était vendu au Liban par les Chinois à 2 dollars en 1999, alors, qu’aujourd’hui, il est proposé à 90 cents. Les Chinois ont une politique agressive pour gagner de nouveaux marchés. Dès que les besoins de leur propre marché sont satisfaits, ils n’hésitent pas à casser les prix à l’exportation. Parallèlement, Georges Goraeïb exprime des réserves vis-à-vis des entrepreneurs immobiliers qui achètent des produits sanitaires et autres de moindre qualité, laissant le soin aux acheteurs dans plus ou moins un an d’effectuer des changements dans leurs appartements. Aussi s’interroge-t-il sur l’application de la loi qui garantit la sécurité et la qualité des constructions immobilières.
Acquisition
Byblos Bank achète la banque Pharaon & Chiha
Après un long moment de réflexion et de négociations entre plusieurs partenaires et l’intervention de la Banque centrale concernant la vente de l’établissement de crédit Pharaon & Chiha, un accord d’acquisition a été signé entre les actionnaires de cette banque et Byblos Bank. Le montant de la transaction serait de l’ordre de 90 000 000 de dollars. Une source informée de la Banque centrale a déclaré que l’acte a été approuvé par la BDL le 23 mars dernier. Les principaux actionnaires de la banque Pharaon & Chiha sont Nagi Pharaon (61,07%) et Pierre Doumet (14,61%). Ils sont suivis par Claudia Pharaon (6,37%), Bérine Pharaon (6,37%), Teddy Rahmé (5%), le ministre Michel Pharaon (2,90%), Nayla Pharaon de Freige (1,5%), Marwan Iskandar (0,78%), Ghassan Mehanna (0,78%), Nada Pharaon Takieddine (0,6%), Joseph Sarkis (0,01%) et Elie Farhat (0,01%).
Cession de la HSBC
Deux banques retenues au sprint final
Comme prévu, la liste finale (short list) des banques libanaises retenues pour l’acquisition de la HSBC a été finalisée fin mars. Deux banques seraient restées en lice: Blom Bank et Bank Audi.
Dans les faits, trois étapes ont eu lieu avant que cette courte liste n’ait été établie. Dans une première phase, quatorze banques avaient exprimé leur intérêt pour l’acquisition de la HSBC. Ce nombre s’est réduit à six ou sept dans une deuxième phase pour ne devenir que deux établissements retenus pour le sprint final. Le dernier mot ne devrait pas tarder à se faire connaître avant fin juin. Son atout vis-à-vis des opérateurs libanais est la qualité de ses actifs. Son portefeuille est à caractère commercial et ne se base pas sur des emprunts à l’Etat.
Liliane Mokbel